L’expo « Electro » de la Philharmonie déménage à Londres
L’exposition Electro : de Kraftwerk à Daft Punk va connaître une seconde vie, en Angleterre.
Après s’être tenue du 9 avril au 11 août 2019 à la Philharmonie de Paris, elle voyage au Design Museum de Londres du 30 juillet 2020 jusqu’au 14 février 2021 sous le nouveau nom Electronic: From Kraftwerk to The Chemical Brothers. « Cela arrive régulièrement que les expositions de la Philharmonie voyagent » nous explique Jean-Yves Leloup, commissaire de l’exposition. « La notre a eu un beau succès, et beaucoup de musées de différents pays sont venus la visiter. »
Si l’équipe londonienne a tenu à respecter l’ambiance immersive et sensorielle de l’exposition, un travail d’adaptation a néanmoins été réalisé. On ne retrouvera pas, par exemple, le robot imaginé par les Daft Punk : “Ils étaient satisfaits de l’exposition, mais le robot ne pouvait pas voyager et le duo n’était plus disponible pour retravailler dessus” selon Leloup. “Donc ma première idée a été de trouver un groupe assez proche en terme de popularité.” Ce seront ainsi les Chemical Brothers qui donneront leur nom à cette exposition. Les artistes Smith & Lyall, qui réalisent les shows du groupe, ont adapté leur travail pour le musée, dans une installation en 3D qui promet d’être le clou du spectacle. D’après Leloup, « ce sera une belle surprise, moi-même je ne sais pas exactement ce qu’ils ont prévu.”
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Plus largement, on retrouvera ce qui fait la spécificité de cette exposition : sa volonté de ne pas être historique, mais de plutôt se pencher sur la culture et l’imaginaire de cette musique. “C’est une culture très globale » précise Leloup, « on y partage les mêmes valeurs, de Berlin à Londres en passant par Paris ou Manchester ». Malgré tout, ces valeurs s’incarnent différemment, et les Britanniques ont leurs spécificités : « En Angleterre il y a une mémoire de la culture club et rave très importante » poursuit le journaliste français, “le souvenir du Second Summer of Love est resté très vivace chez ceux qui l’ont vécu”. L’esthétique de cette musique a ainsi particulièrement infusé et inspiré toutes les formes d’art dans ce pays. C’est cette spécificité que prend en compte la version anglaise de l’exposition.
La part belle a ainsi été faite aux photographes, graphistes et stylistes anglais, et l’exposition a pu bénéficier pour cela de l’expertise de Gemma Curtin, conservatrice du Design Museum. “Elle a une expertise en terme de design au sens large” précise Leloup, “design d’objets, mais aussi stylisme, mode, architecture, graphisme, scénographie…” Outre le projet autour des Chemical Brothers, on pourra ainsi voir les travaux psychédéliques et angoissants de Weirdcore, collaborateur historique d’Aphex Twin, dont les masques du clip culte de “Windowlicker”. Côté graphistes, des pointures comme Peter Saville, artisan visuel de Joy Division et New Order, ou le collectif The Designers Republic, créateurs des pochettes du label Warp, ont apporté leur contribution. Au programme également : des photographes comme l’Allemand Andreas Gursky (connu pour ses paysages aux formes géométriques) ou encore des stylistes comme Charles Jeffrey Loverboy et Martin Rose, tous inspirés par la musique électronique. Le commissaire évoque aussi avec enthousiasme les participations de Trevor Jackson et du Norvégien Kim Horthiøy, tous deux à la fois graphistes et musiciens.
Mais la plupart des temps forts de l’exposition originale seront aussi du voyage : les section imaginées par Kraftwerk, qui célèbrent leurs 50 ans d’existence, ou Jeff Mills, le studio imaginaire de Jean-Michel Jarre, l’installation du studio 1024 Architecture ou les très nombreux instruments légendaires qui ont marqué l’histoire de la musique électronique. Certaines sections déjà existantes, comme celle dédiée au Second Summer of Love, seront augmentées, avec notamment de nombreux éléments issus du célèbre club The Haçienda à Manchester. Et bien sûr, la bande-son, imaginée par Laurent Garnier, qui participait grandement à l’expérience immersive, est reprise. “Je dirais qu’entre un quart et un tiers de l’exposition est modifié” estime Leloup.
Et après Londres, où ira cette exposition ? “Il y a des projets en Allemagne, cela devrait arriver d’ici la fin de l’année, avec sans doute une nouvelle adaptation” nous confirme Jean-Yves Leloup. Il évoque aussi des contacts avec des musées au Brésil, à Liverpool ainsi qu’aux États-Unis, berceau de la techno. La fête continue, pour de nombreuses années encore.