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28 juin 2016

Les inspirations de… Fakear

par rédaction Tsugi

Voici enfin le premier album du chef de file de la nouvelle scène électronique française. L’occasion de revenir avec Théo sur les influences de son Animal

LES DISQUES

Bonobo – Black Sands 

Cet album m’a réellement éveillé à la musique électronique. J’avais écouté beaucoup de trip-hop et de hip-hop instrumental, mais Black Sands m’a envoyé dans une autre dimension. J’ai compris qu’il était possible de faire de la musique électronique qui transmette une émotion, une énergie, un truc organique si grand qu’en fait ça peut devenir bien plus vivant que la plupart des autres genres de musiques. Après cette claque je me suis mis à créer de la texture pour composer, assembler des samples entre eux afin d’en créer d’autres, jusqu’à obtenir des bouillies d’émotions et de groove avec lesquelles je commençais ma propre cuisine.

M83 – Hurry Up, We’re Dreaming 

Je l’ai découvert il y a peu de temps, et finalement j’en suis heureux, car j’ai davantage de clés pour l’apprécier. C’est un album dans lequel il faut se perdre. C’est plus dur pour un musicien que pour un auditeur, car notre démon technique vient nous hanter sans cesse. Il nous rappelle que nous sommes humains, petits, et qu’en même temps nous pouvons tout changer. J’ai passé des heures à écouter « Echoes Of Mine » très fort jusqu’à pleurer… C’est un album qui vous reconnecte à votre essence si vous prenez le temps de vous enfoncer dedans.

Deep Forest – World Mix 

Je pense que ce sont mes premiers souvenirs de musique, enfant. J’ai été bercé par cet album, et je ne m’en lasserai probablement jamais. Autant pour l’émotion que l’aura qu’il dégage, même s’il a quelque peu vieilli, je suis un inconditionnel de ce disque. Encore une fois, si on arrive à se laisser aller, à oublier ce qui est cool, ce qui est stylé, ce qui est à la mode, on touche un sommet de vie, ça grouille de partout, et ça fait du bien.

Odesza – In Return

Peut-être un peu plus terre à terre, mais pas tant que ça. Hormis leurs tubes très pop qui me touchent un peu moins, leurs instrumentaux m’ont mis une belle claque. Ils ont ce côté dense et brouillon qui fait la vie dans la musique électronique, comme si tu incorporais un facteur « défaut aléatoire » dans une machine. Pour moi, ils ont réussi leur défi, leur album vit réellement.

LES FILMS 

Irvin Kershner – Star Wars – L’empire contre-attaque 

Je ne pouvais pas parler de film marquant dans ma vie sans mentionner un Star Wars. Je trouve que le conflit manichéen créé dans cette saga n’est pas si exagéré que ça. Finalement, les Jedi et les Sith sont des archétypes du bien et du mal, mais ils ont des traits de personnalité humains. La Force est un concept intéressant, et pour moi bien plus crédible que la plupart des religions ! Star Wars a eu un énorme impact sur ma vie, et je le ressens toujours aujourd’hui.

Hayao Miyazaki – Princesse Mononoké 

Les Miyazaki m’ont tous un peu retourné, mais celui-là a eu un impact particulier sur ma vie. La notion de dieux-animaux, de cette nature plus forte que les humains… Cela m’a éveillé à l’écologie pour la première fois, j’étais tout gamin ! Mais je pense que j’ai bien plus compris la folie des hommes au travers de ce film que si on me l’avait expliquée à ce moment. Il m’a énormément servi d’inspiration pour toute l’esthétique (et l’éthique) de Fakear.

LES LIVRES 

Santiago Amigorena – Le premier Amour 

C’est un livre qui raconte la première histoire d’amour d’un aveugle, vécue à la première personne. C’est le livre qui m’a éveillé à la sensualité, au désir du corps féminin, et à la manière d’exprimer l’amour au travers l’art. Je ressens son influence encore maintenant quand il s’agit de parler d’amour dans la musique. On « voit » vraiment ce qu’il a voulu dire, et on ressent l’amour qu’il éprouve pour l’autre comme un bain de vapeur tout autour de nous.

Osho – Le courage 

On développe tellement de peurs, tellement de craintes en grandissant, qu’on oublie tout de ce qui a fait de nous des enfants. On devient normé, bon et fiable aux yeux de la société. On partage les mêmes repères, les mêmes admirations, les mêmes rêves. Le Courage m’a fait reconsidérer la vie comme un enfant. En quoi être célèbre ou riche ou devrait devenir un objectif dans la vie ? On tend vers un idéal que la société nous a choisi, sans prendre le temps de nous arrêter sur ce qui nous faisait vibrer enfant. La vie ne se ressent qu’à travers le risque, la mise en danger et l’amour sans condition, sans possession. C’est un peu ma Bible ! (rires)

Paul Stewart & Chris Ridell – Chroniques du bout du monde 

Ce sont des bouquins que j’ai dévorés étant gosse. C’est un de mes premiers pas dans la science-fiction, qui ne m’a jamais quittée depuis. Comment combiner les histoires de pirates, d’avions, de vaisseaux spatiaux et de mondes flottants ? Lisez ça.

L’ALBUM : ANIMAL

Cet album est différent de ce que j’ai fait auparavant. Une fois que je me suis arrêté sur le concept, ce qui m’a pris à peu près une année, sa réalisation a été très courte. J’ai fait les douze titres principaux en quatre mois. Le truc, c’est que je n’arrivais pas réellement à pondre quelque chose de régulier, qui tiendrait sur un album… Et je suis tombé amoureux. Ça a été un gros choc pour moi, et un changement radical dans ma vie. Je crois que ça a produit l’impact nécessaire. Je me suis mis à composer frénétiquement, et en l’espace d’un été j’avais presque tout mon album (et j’avais déménagé, et fini ma tournée). Il est très spontané et assez solaire.

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