Lee Bannon – Pattern Of Excel
Attention, il va falloir se concentrer très fort pour se convaincre que le type qui a produit ce disque a autrefois (de 2012 à 2014) pondu des instrus “écoutables” pour Joey Bada$$ et des DJ-sets pour son crew Pro Era. Lee Bannon possède le mojo originel du groove, que bien peu ont eu l’occasion de goûter dans l’Histoire (Madlib et J Dilla en font partie). Et on sait tous qu’il n’est pas vraiment le genre de gars à sortir des morceaux d’easy listening. Mais Pattern Of Excel marque son entrée définitive dans un monde qui n’est plus le nôtre. Si Alternate/Endings, son album précédent, explorait les profondeurs du breakbeat et de la jungle, cette nouvelle expérience sonore s’embête très rarement de structures rythmiques. Le paquetage est minimal pour s’enfoncer dans les abysses du single “Artificial Stasis”, qu’un beatmaker lambda de chez Ninja Tune trouverait trop expérimental pour en faire un interlude. “Kanu”, qu’on croirait sorti d’une mine de charbon en gravité zéro, ou le cotonneux et dissonant “SDM”, expression charnelle d’un cerveau malade, sont autant de facettes d’un producteur qui cette fois est parti très loin. Qu’on le laisse aller là où il veut : jusqu’ici, c’est passionnant. Un grand disque expérimental, émotionnel et pas nombriliste.