Le projet Underscope veut aider les artistes émergents à enfin vivre de leur musique
Nouveau projet multidisciplinaire de l’ancien directeur artistique de Concrete et Dehors Brut Brice Coudert, Underscope se lance aujourd’hui dans son ambitieuse mission : celle d’éclairer, aider les artistes émergents, fédérer les labels de l’underground français autour du streaming et des éditions et ainsi les aider à vivre de leur musique.
« Notre scène a-t-elle le luxe de se passer de revenus réguliers ? », écrivait Brice Coudert dans son post Instagram annonçant le projet Underscope. Le co-fondateur, qui n’est autre que l’ancien programmateur des clubs Concrete et Dehors Brut, s’est associé à plusieurs acteurs du milieu électronique (dont Aymeric Cornille, ancien directeur de l’agence Surprize, et David Bossan, directeur de la société d’édition District6; ainsi que Quentin Courel et Anthony Gboy alias DJs Gboi & Jean Mi, créateurs des communautés Facebook Chineurs de House et Chineurs de Techno) pour créer le premier réseau d’édition et de distribution, et plus largement de soutien, dédié à la scène électronique underground.
Soutenu par la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), Underscope entend adapter cette scène aux exigences de l’industrie musicale, dans l’objectif de la promouvoir davantage, certes, mais aussi et surtout de la protéger grâce à une économie plus stable avec de réelles rémunérations, issues notamment des droits d’auteur et de la distribution sur les plateformes de streaming. Rassemblant labels et artistes émergents, Underscope voit grand et entend bien devenir la structure fédératrice de la culture underground : l’union fait la force. On a cherché à savoir comment ça marche concrètement, avec son co-fondateur Brice Coudert qui répond à nos questions.
Underscope veut « aider les labels et artistes français à mieux se développer », tous genres confondus ? Aucune distinction ?
On se positionne sur la musique électronique au sens large, et on défendra toutes les esthétiques possibles, du moment que la musique nous touche et qu’on la trouve de qualité. De la même manière que j’étais capable de programmer de l’IDM, du hardcore, de l’ambient au milieu de house et techno plus classiques à Concrete, Underscope s’ouvrira sur plein de niches différentes. On essaie également de faire en sorte qu’Underscope ne soit surtout pas un projet parisiano-centré. Quentin Courel et Anthony Gboy, les créateurs de la communauté des Chineurs et du label Comic Sans Records, bossent avec moi sur ce projet depuis Lyon. Et on essaie vraiment d’inclure des labels de toute la France avec déjà de belles connexions avec les scènes de Lyon, Toulouse, Marseille, Saint-Étienne etc. Et bien évidemment, le projet supportera autant des artistes avec des carrières bien avancées que des producteurs·rices au succès plus confidentiel. L’idée étant de fédérer et tirer tout le monde vers le haut !
« On essaie également de faire en sorte qu’Underscope ne soit surtout pas un projet parisiano-centré. »
Que fait très concrètement Underscope pour aider ces labels et artistes français ?
Le concept derrière Underscope est d’être une structure solide sur laquelle les labels vont pouvoir s’appuyer pour se développer de manière plus efficace. Nous serons un peu l’exosquelette en adamantium de la scène ! Nous allons déjà les aider à se structurer en matière de droits d’auteurs et à mieux collecter l’argent que génère leurs musiques. Pour cela, je m’associe avec David Bossan de la société District6, qui gère déjà les catalogues d’artistes comme Fatboyslim, Moby, Feder, Mind Against ou KAS:ST, et qui gérait pour nous les artistes Concrete (et qui a fait un super travail !). Nous avons également présenté le projet à la SACEM il y a quelques mois, ils ont été très séduits et nous aident déjà financièrement. D’un autre coté, nous allons gérer la distribution digitale de tous ces labels via notre partenaire Believe, et surtout travailler à temps plein pour effectuer des actions qui feront en sorte que toute cette musique soit plus écoutée, et donc, génère plus de profits pour nos labels. Hormis les bénéfices qu’en tireront directement les labels, l’idée est de créer un cercle vertueux dans lequel plus notre catalogue sera écouté, plus Underscope récupérera des revenus qui seront immédiatement réinjectés dans le développement de nos outils de promotion, ce qui profitera donc à tout le monde. Les moyens (humains et financiers) que nous allons déployer vont donc apporter une force de frappe inédite à notre scène et lui permettre, on l’espère, de mieux vivre de sa musique et de se développer artistiquement.
En quoi une structure comme Underscope est-elle nécessaire aujourd’hui en France ?
Je pense que la crise sanitaire a mis en évidence énormément de problèmes. Cela fait 20 ans (depuis l’arrivée du MP3) que les artistes de notre scène font de la musique non pas pour gagner de l’argent mais pour avoir de la visibilité et donc se faire booker. Maintenant que les fêtes sont pratiquement toutes interdites, les artistes se retrouvent quasiment sans aucun revenu. Notre idée est donc d’essayer de rééquilibrer un peu cette balance en optimisant au maximum les éditions et la présence sur les plateformes de streaming .Nous pensons aussi vraiment que les labels français n’ont pas la visibilité qu’ils méritent. Peu d’entre eux ont les moyens et/ou le savoir-faire pour mettre en avant leurs sorties de manière efficace. On leur propose donc de leur apporter une vraie puissance de feu supplémentaire, et ainsi leur permettre de se focaliser sur l’artistique. Il y a un vrai aspect coopératif dans ce projet. Pour la première fois sur notre scène, des centaines de labels vont se fédérer autour d’un tronc commun, se donner de la force mutuellement, et nous permettre ainsi de les amener à un level supérieur.
« Pour la première fois sur notre scène, des centaines de labels vont se fédérer autour d’un tronc commun, se donner de la force mutuellement, et nous permettre ainsi de les amener à un level supérieur. »
Underscope se présente aussi comme « média d’un nouveau genre », de quoi s’agit-il exactement ?
Pour le public, Underscope sera avant tout un fournisseur et curateur de musique électronique, mettant à disposition du contenu musical sous plein de formes et esthétiques différentes. Ce sera un média dans le sens où nous sélectionnerons et partagerons de la musique quotidiennement sur toutes les plateformes et réseaux sociaux (de playlists sur Spotify, Deezer, Apple Music, à des posts de mise en avant sur Facebook, de la production de clips sur notre chaîne YouTube etc.). Et par « média d’un nouveau genre”, on entend que nous ne ferons pas de journalisme à proprement parler, mais nous nous contenterons de proposer un flux constant de musiques sélectionnées par nous-même et par nos curateurs·rices. Nous serons également différent d’un média classique dans le sens où nous n’aurons pas de magazine ou de site internet qui centraliseront nos publications. Nous nous voyons plutôt comme une sorte d’entité qui se rendra présente sur tous les réseaux sociaux et plateformes que les gens ont l’habitude de fréquenter. En gros, si tu écoutes de la musique électronique, quelque soient tes goûts, il te suffira de nous suivre sur la plateforme ou le réseau social de ton choix, et nous nous occuperons, tous les jours, de te faire découvrir de la musique de qualité. Et chose non négligeable : en nous suivant régulièrement, tu participeras au développement de notre scène !