Le prodigieux Skee Mask a sorti 2 EP d’un coup : l’un dubstep, l’autre ambient
Le mystérieux producteur allemand Skee Mask a publié deux EP simultanément le 22 juin. Ils viennent confirmer son talent, aussi à l’aise dans la dubstep breakée que l’ambient.
Skee Mask fait déjà partie des meilleurs. De son vrai nom Bryan Müller, ce producteur allemand a démarré sa carrière en 2011 sous le pseudo SCNTST, sur le label de Boys Noize. En 2014, il lance ce nouvel alias, aux influences anglaises très 90’s. Les plus attentifs avaient déjà remarqué son talent avec son premier album, Shred, en 2016, mais c’est le suivant, Compro, qui permet à Skee Mask de s’affirmer comme un artiste majeur. C’est à peu près tout ce que l’on sait sur ce musicien, qui cultive le mystère et préfère laisser parler sa musique. S’il ne rencontre pour le moment qu’un succès d’estime, il a néanmoins su séduire une grande partie de la presse et de ses collègues musiciens. Avec ses deux nouveaux EP, parus simultanément le 22 juin sur l’excellent label des frères Zenker Ilian Tape, il ne fait que confirmer son immense talent.
Sans titre (si ce n’est leur position dans son catalogue, à savoir ISS005 et ISS006), ces deux disques complémentaires explorent chacun un style. Le premier déploie une dubstep pleine de breaks, tandis que le premier se situe dans un registre plus ambient et mystique. On ne retrouve donc pas ce qui rendait Compro incontournable, à savoir le mélange subtil de ces deux ambiances enduit d’un son anglais futuriste. Mais ces disques sont deux nouveaux témoins de la maîtrise de l’Allemand dans chaque registre. Chaque fois, le travail de textures est impeccable, les ruptures bien placées, tout est soigné dans les moindres détails. Chaque titre respire, comme s’il était une plante poussant librement.
Bien sûr, Skee Mask n’est pas un inventeur : toute sa grammaire vient de la scène techno des années 1990, en particulier anglaise (Aphex Twin en tête). Mais il sait se réapproprier ce style avec une maîtrise parfaite, et une sensibilité toute personnelle, capable de séduire les créateurs les plus exigeants. On peut notamment voir sur le site web d’Ilian Tape des félicitations venues d’artistes comme Daniel Avery, Nicolas Jaar, Michael Dettmann ou la résidente BBC 6 Mary Ann Hobbs. Nul doute que le succès populaire ne devrait pas résister bien longtemps à Skee Mask. Peut-être lui suffira-t-il d’attendre la réouverture des clubs et festivals pour aller au contact du public. Mais il n’a pas besoin de ça pour déjà être un grand.