1 octobre 2014

Le nouveau vinyle de la semaine (03) : TIN MAN

Pas de violence auditive, non ! De l’acid techno, oui, mais douce !

D’emblée, le premier morceau ‘No New Violence’ annonce la couleur: des kicks ronds, une 303 peu agressive au sein d’une ambiance claire et mélancolique que l’on retrouvera tout au long de l’album. C’est du Tin Man feutré que nous sert ce LP baptisé Ode.

Cela fait maintenant dix ans que Johannes Auvinen, alias Tin Man, enchaîne les sorties : quinze EPs et sept albums dont Neo Neo Acid en 2012 qui a coïncide avec la sortie du LP On Acid de Recondite. Ces albums, véritables références d’un genre « acid » plus triste et rêveur, ont été publiés sur Acid Test, sous-label d’Absurd Recordings. Ce néo-acid constitue d’ailleurs la marque de fabrique du label de Los Angeles, qui a aussi enregistré Joey Anderson, Pépé Bradock, Donato Dozzy, pour ne citer qu’eux.

Évidemment, ce n’est pas par hasard que Tin Man a choisi de titrer son album « Ode », il semble vouloir faire écho à cette définition que l’on donne d’une poésie mise en musique, lyrique, une véritable chanson de Roland (TB-303). L’album nous transporte également dans un univers mental pavé de beat techno et de reverb qui fait écho à une ‘redescente’- ce lien explicite entre l’acid house/techno et les psychotropes n’a rien de nouveau. La musique de Tin Man pénètre nos boîtes crâniennes avec ‘In Your System’, repère la ‘Depleted Serotonin’, la baisse de cette fameuse hormone qui régule nos humeurs ; là encore mélodies tristes et lentes au synthé basse sont de mise. Dans la même veine, ‘Vertigo’ et ‘Memorphilia’ (‘peur de se souvenir’) complètent ce trip mental à la limite d’une paranoïa insidieuse, enchaînant les tonalités en mineur et les hi-hats assez discrets. Pas de surcharge, pas de piste en trop ou d’effet superflus, les détails sont parfaitement distincts et forment un ensemble beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît : la façon de produire de Johannes Auvinen est terriblement efficace.

Qu’on ne s’y trompe pas, Ode n’est pas l’apologie d’un quelconque stupéfiant, mais bien l’écriture sonore de toute une psyché prise à un moment particulier. Retranscrire et évoquer des émotions humaines complexes, c’est là toute la puissance de ce Tin Man.