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6 juin 2016

Las Aves : « On garde une énergie assez rageuse »

par rédaction Tsugi

Las Aves signifie les oiseaux en espagnol. C’est aussi le nom qu’ont choisi quatre drôles de piafs après une première vie, plus rock, sous le nom « The Dodoz ». Géraldine (chant), Adrien (batterie), Jules (basse et machines) et Vincent (guitare) viennent de sortir leur premier album de pop futuriste sous ce nouveau nom, Die In Shangai. Sur la pochette, une soucoupe volante, au logo du groupe, échouée devant une ville stylisée et colorée. Un visuel qui peut être vu comme un présage : Las Aves part en chasse des scènes françaises. Ils viendront défendre cet album demain à la Maroquinerie, avant une migration estivale en festival. L’occasion de leur poser quelques questions avant un décollage imminent. 

Pour annoncer votre album sorti le 27 mai, vous avez sorti une série de clips présentant des bandes de filles. Pourquoi ?

Géraldine : On trouvait ça assez fascinant d’aller voir des bandes de filles qui détonnent un peu avec l’image plutôt lisse de la féminité habituelle. Et de mettre ça en lumière aux quatre coins du monde. Il y en a déjà eu deux, il va y en avoir un troisième, au moins.

Il s’agit de votre premier album avec Las Aves, mais vous en aviez sorti deux avec votre précédant groupe The Dodoz. Cette nouvelle identité c’était un besoin ?

Jules : C’est une métamorphose lente et inconsciente. On était dans un home-studio et on n’avait plus les mêmes moyens, on ne pouvait pas enregistrer tous en live dans une même pièce. On a appris à enregistrer par nous-même et avec des synthés, des boîtes à rythmes… A chaque fois qu’on découvrait quelque chose de nouveau, ça nous donnait d’autres idées, de nouvelles directions vers où aller. Ce qui a donné un nouveau son. Ça a mis en valeur une autre partie de nous. On s’est rendu compte plus tard que la musique était différente et qu’il valait mieux changer de nom. Ensuite Dan (Levy, de The Dø) est arrivé et nous a poussé à aller plus loin. 

Géraldine : On a pris des nouveaux jouets quoi. 

Jules : Pour le prochain album, je ne sais pas si la nouveauté ça sera la cithare ou quelque chose d’autre…

Le cithare ça appelle au voyage, justement un thème qui revient souvent dans votre musique. Le premier EP c’était Los Angeles, l’album invite à mourir à Shanghai… 

Géraldine : C’est plus l’idée du voyage rêvé que du voyage réel. Que ce soit Los Angeles ou Die In Shanghai, l’idée c’était de rêver une ville, de s’imaginer ce que ça peut être. Je trouve ça assez fascinant de s’imaginer des choses qu’on ne connait pas. Ça se retrouve sur la pochette : c’est la baie de Shanghai mais tu ne sais pas si c’est dans le futur, dans une réalité parallèle ou si c’est juste stylisé. C’est ça qu’on aimait bien, cette idée de flouter les frontières de la réalité. 

Jules : Sur scène aussi. On aime bien faire parler la musique. Il y a peu de temps morts, on veut que les gens restent dans cette ambiance, dans ce voyage comme s’ils étaient dans un vaisseau spatial. Mais on fait toujours évoluer nos concerts. Là, pour la Maroquinerie, on a fait un nouveau morceau qui n’est presque qu’instrumental et qui est encore très différent du reste… Il n’a pas encore de titre et ce sera la première fois qu’on le jouera ! 

 

A propos de Dan Levy, lors de la sortie de l’EP Los Angeles, vous parliez d’un besoin de revenir à une formation plus amateure, presque do it yourself. Et pourtant vous avez apparemment eu ce besoin de vous faire accompagner.

Jules : On est parti d’une base où on voulait tout faire nous même, pour être sûrs de toucher quelque chose de vraiment pur par rapport à ce qu’on voulait. Dan nous a appris à prendre du recul sur nous-même. Quand tu es trop dans ton truc, tu commences un peu à tourner en rond et il y a moins d’intérêt. Il faut mettre les choses en contexte.

Géraldine : On n’a collaboré qu’avec des gens dont on était vraiment fan. Que ce soit Daniel Breton, ou Ferry Gouw ou bien Dan, c’est vraiment des artistes qu’on adorait et dont on se sentait proche. 

C’est d’ailleurs vous qui êtes allés les chercher !

Jules : Oui, ce n’était pas des propositions. On a juste envoyé un mail et on a eu de la chance.

Vous dites un mail, ça a l’air super simple…

Géraldine : Bizarrement, oui ! Je pense que c’est parce qu’on se sentait proches de ces personnes là et ça faisait ricochet, du coup ça a fonctionné. Après on a aussi envoyé des mails où on n’a pas eu de retours, je te laisse imaginer.  

Concrètement, ça s’est passé comment cette collaboration ?

Géraldine : On commençait chez nous, on avançait vraiment les productions puis on allait chez Dan une journée où on poussait le truc et on faisait vraiment les derniers 20%.

Jules : Chez lui en général on passait six heures à finir le morceau, et quatre heures à débattre et discuter… Débats dans les meilleurs jours, engueulades dans les plus mauvais parce que Dan n’est pas quelqu’un de tiède et on peut avoir notre petit caractère aussi. Cela pouvait parfois faire étincelles. Mais c’était cool, et je pense qu’on s’en souviendra longtemps de cette collaboration et on est tous hyper fier de l’album. C’était dans la douleur mais ça valait le coup ! (rires)

Suite à ça vous avez aussi fait quelques dates en ouverture de leurs concerts. C’est dur de passer du punk-rock à la pop ?

Géraldine : Avec Las Aves, c’était la première fois que l’on devait adapter un album qui n’avait pas été créé pour être joué en live. Du coup, on a mis un peu de temps à trouver notre son, à arriver à marier les instruments et jouer avec les machines. On garde quand même une énergie assez rageuse, avec ce fond de colère adolescente, que ce soit sur l’album et surtout en live.

Jules : Pour The Dodoz, sur scène c’était plus punk. On se défoulait mais c’était quand même très positif. Il y a peut-être même plus de choses angoissées dans l’album de Las Aves, c’est juste la façon de le mettre en lumière qui change. C’est comme plein de morceaux des Beach Boys qui paraissent hyper heureux alors que Brian Wilson était quand même totalement au fond du lac… Souvent, la musique la plus joyeuse vient des gens les plus dépressifs. 

Géraldine : Mais on va bien ! (rires) Là dit comme ça, ça a l’air chaud, mais ça va !

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