Roni, DJ française résidente chez Rinse France, lance Nehza Records, un label tourné vers la culture rave 90’s et l’écologie. Et quand on connaît déjà le travail de Roni, on sait que c’est une bonne nouvelle. Pour l’inaugurer, c’est le producteur français Neida qui signe un EP de cinq titres house teintés de breakbeat.
On la connaît surtout pour ses DJ sets bass, jungle et breakbeat chez Rinse France, où elle accueille aussi régulièrement des DJs des quatre coins de la planète. Roni lance maintenant son Nehza Records, un label dédié à l’écologie et à la culture rave des 90’s. Le nom, lui, est tiré d’un dessin animé chinois des 70’s qu’elle regardait en boucle étant petite, Le prince Nehza triomphe du roi dragon de Wang Schuchen, l’histoire d’un prince qui renverse l’ordre social pour apporter justice et paix sur la terre. On pourra s’attendre du label à de la musique résolument club aux accents UK – une scène à laquelle la DJ parisienne est particulièrement attachée – d’artistes issus du monde entier : « Pas de frontière chez Nehza Records ».
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Le premier disque du label est un EP intitulé Slowing du français Neida aux 300 copies vinyles limitées, également disponible en numérique sur Bandcamp. Le producteur bordelais signe ici cinq titres house aux influences breakbeat, rave et acid, alternant rythmes 4×4 rentre-dedans et 2-step breaké. Proche de Roni, c’est le producteur anglais d’electro Assembler Code qui s’est chargé du mastering. En accord avec les principes écologiques du label et de sa fondatrice, le vinyle a été produit par Deep Grooves pour une fabrication la moins polluante possible. Elle nous raconte son histoire.
« J’ai envie qu’on puisse se lâcher. »

Roni / ©Léa Signe
Déjà, bravo ! Monter son label c’est toujours une belle aventure. Ça remonte à quand cette envie ?
Quand j’avais 17 ans, j’allais au Pulp le jeudi soir. J’y ai découvert la famille Kill The Dj et je pense que ça a été mon premier contact avec un label de musique électronique. J’ai commencé à digger, je passais des nuits entières sur Internet à pirater des morceaux sur eMule ou autre et à chatter sur MSN. Après ces nuits blanches, je prenais parfois un train pour Londres toute seule le matin, juste comme ça, par curiosité, pour me changer les idées, et revenais le soir inspirée et la tête pleine de rêves. Je crois que j’ai toujours eu envie de monter mon label en fait, mais pour moi, c’était quelque chose d’irréaliste, un truc de professionnels ; j’avais peur de ne pas être à la hauteur façon syndrome de l’imposteur… Toutes ces raisons m’ont empêché pendant des années de me lancer. Mais ma résidence sur Rinse France a changé la donne, on m’a donné une voix pour m’exprimer et toute l’équipe m’a beaucoup soutenue, ce qui m’a aidé à gagner confiance en moi.
« J’ai perdu ma grand-mère et j’ai décidé de ne plus rien remettre à demain. »
Quelle musique comptes-tu défendre avec ? Quelle sera sa particularité, ses artistes ?
De par mon éducation musicale, je suis très influencée par l’Angleterre depuis toujours. Disons que j’ai envie de retrouver cette inspiration dans tous les projets que je compte porter. De la dance music, c’est sûr, je suis quelqu’un qui adore danser, qui adore les clubs, je ne me vois pas porter une autre musique que celle-ci, c’est indéniable. Mais je n’aime pas non plus m’enfermer dans des styles. Chaque release va être différente, bien que tout s’inspire des mouvements musicaux des raves des années 90. C’est une période durant laquelle on découvrait beaucoup de nouveaux genres, et qui a soutenu un mouvement de libération des esprits. C’est tellement inspirant et musicalement tellement fun. J’ai envie qu’on puisse se lâcher.

Artwork de la première release du label, par Neida
En plus de vouloir mettre davantage de femmes en avant, j’ai aussi envie, à travers la direction artistique, de marquer notre lien à la nature et tout ce qu’elle a d’incroyable et de magique. J’essaye également de faire très attention au processus de fabrication pour qu’il soit le moins polluant possible. Ce n’est pas facile mais je pense que c’est absolument indispensable puisque les responsables politiques sont beaucoup trop lents et ne prennent pas les responsabilités qui sont les leurs. Mais on peut commencer par agir soi-même, donc sur chaque disque, il y aura en plus une petite phrase autour de ces questions et du rôle que nous pouvons jouer.
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Parle-nous de ce premier artiste signé…
J’avais envie de démarrer avec un artiste peu connu, de venir apporter quelque chose de nouveau sur l’horizon électronique. Je suis tombée sur un EP que Neida a sorti sur Le Ciel Records, et j’ai tout de suite senti les inspirations anglaises. Je l’ai contacté alors que je ne le connaissais pas, pour lui demander s’il avait des morceaux qui n’étaient pas signés. Il n’en avait pas mais m’a proposé de composer et de m’envoyer le résultat. J’ai tout de suite accroché, sa musique m’a touchée et encore plus quand je l’ai écouté sur le sound system de la Machine du Moulin Rouge…
C’est la situation sanitaire qui t’a permis de te lancer ?
Elle ne m’a pas vraiment aidée et m’a plutôt affaiblie financièrement – comme beaucoup d’artistes –, mais le fait d’être dépossédée de cette manière m’a sûrement poussée à le faire coûte que coûte. Mais en mars dernier, j’ai perdu ma grand-mère, elle était quelqu’un de très important dans ma vie et j’ai décidé de ne plus rien remettre à demain. Elle m’a appris l’audace et le courage de porter mes ambitions. L’heure était venue de lui faire honneur.
À quoi peut-on s’attendre pour la suite avec ce label ?
La prochaine sortie est prévue pour juin avec un artiste russe qui va explorer une facette plus electro de Nehza Records. J’ai plusieurs maxis en cours de finalisation avec des artistes anglais, égyptiens, et je compte bien explorer d’autres territoires. Il y a aussi une compilation digitale en préparation, c’est un format que je trouve très intéressant, beaucoup plus libre et dans lequel j’aimerais me lâcher un peu plus. Il va se passer de belles choses en 2021, j’ai hâte de pouvoir tout dévoiler ! On fait un takeover sur Rinse France samedi 10 avril de 14h à 18h, un rendez-vous à ne pas manquer.
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