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Gregory Porter. Crédit : Nicolas Bresson.
23 mai 2017

La Magnifique Society, le nouveau festival de début de saison bientôt incontournable

par Nicolas Bresson

De Reims on connaissait ses artistes comme Yuksek, The Shoes, Brodinski ou encore The Bewitched Hands. On connaissait aussi son festival Elektricity, un beau rendez-vous de rentrée pour amateurs de musiques électroniques exigeantes. Mais, trop à l’étroit sur le parvis de la Cathédrale et souhaitant élargir sa programmation à d’autres univers soniques, ce dernier a mué, s’est transformé, a déménagé dans l’espace et dans le temps et a même changé de patronyme. Une véritable renaissance avec comme nom de baptême – on est à Reims ça tombe bien – La Magnifique Society. Se déroulant désormais à la mi-mai, lançant ainsi la saison des festivals, et investissant le superbe Parc de Champagne – un écrin de verdure classé au patrimoine mondial de l’Unesco – cet événement revu et corrigé a désormais toutes les cartes en main pour devenir incontournable sur la scène nationale voire même au-delà. Avec, aux manettes, les mêmes acteurs que pour Elektricity à savoir La Cartonnerie, la scène des musiques actuelles de Reims, et le centre de création musicale Césaré.

Moderat. Crédit : Nicolas Bresson.

C’est donc le vendredi que nous avons foulé pour la première fois le Parc de Champagne, accueillis par la douce musique des pionniers de la french touch 1.0 : Air. Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin ainsi que leurs musiciens de scène étaient tout de blanc vêtus, imprimant une imagerie lunaire à leur prestation. Ils déroulaient placidement leurs classiques : « Sexy Boy », « Playground Love », « How Does It Make You Feel »… Mais si les deux Versaillais sont des génies de studio, sur scène cela manque un peu de pêche et de folie. On restait sur notre faim. Direction une autre scène où Trentemøller confirmait son virage rock entourés de musiciens et d’une chanteuse. Une musique entre pop et punk-funk avec bien sûr de belles envolées électroniques. On reconnaissait aussi des riffs d’autres groupes comme The Prodigy ou les Talking Heads, avant de conclure avec son indémodable morceau « Moan ». Cette première journée terminait avec le live bien plus énergique du trio berlinois Moderat qui, malgré quelques problèmes de son, notamment le micro d’Apparat au chant pas toujours audible, parvenait enfin à faire décoller le public. On identifiait beaucoup de morceaux issus de leurs trois albums studio, toujours aussi efficaces comme « A New Error » ou « Bad Kingdom ». Une belle mise en jambe.

Sleaford Mods. Crédit : Nicolas Bresson.

Le samedi on avait à cœur de ne pas arriver trop tard sur le site pour ne pas louper le concert de la sensation pop/house/chanson Paradis. Une très jolie prestation même si on les sentait encore un peu intimidés de jouer sur une grande scène. On passait voir Alex Cameron, un Australien venu de la scène electronica et jouant désormais dans la cour des crooners pop/folk/dark avec une dégaine de chanteur de country. Un mélange des genres pas désagréable. Changement d’ambiance avec le jazzman Gregory Porter qui apportait une bonne dose de soul à l’ancienne. La grande classe. Après un petit tour à la tente dédiée à la scène japonais avec bornes d’arcade et showcase de groupes électro lo-fi deuxième voire troisième degré, on retrouvait le Français Jacques. Toujours un bonheur que d’écouter et de danser sur ses lives improvisés de techno « transversale » et ludique. En mode chantier, il avait demandé que l’on place sur scène des barrières et un grand escabeau. C’est perché en haut de ce dernier qu’il concluait sa prestation avec l’un de ses fameux solos de guitare. Mais une heure, c’est un peu court pour une live session du frère Jacques. Tant pis. Par la suite, tandis que Boys Noize suivi de Vitalic turbinaient en mode techno devant une public conquis et en transe, on bloquait sur le concert du rappeur punk Sleaford Mods. Crachant tout son saoul avec un accent cockney inimitable sur des instrus boîte à rythmes/guitare basse sortis d’un ordinateur portable, tandis que son camarade producteur dodelinait de la tête et buvait des bières. Une prestation à la fois minimaliste et intense. On repartait du festival conquis par le lieu choisi, l’ambiance bon enfant et familiale ainsi que la programmation éclectique et aventureuse. Comme le rappelait Jacques à la fin de son set, « Tout est magnifique ». Cette « Society » rémoise l’est assurément.

Meilleur moment : La pluie. Annoncée, elle n’est jamais arrivée, plaçant La Magnifique Society sous les meilleurs auspices.
Pire moment : Pas de drapeau breton à l’horizon…

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