đź“Š La formule : Ă quoi ressemblera le prochain album de DARKSIDE
De temps Ă autre, Tsugi aime faire ses paris comme au PMU en spĂ©culant sur l’aspect d’un projet annoncĂ© : aujourd’hui, on imagine ce qu’on entendra sur le prochain album du duo Nicolas Jaar / Dave Harrington DARKSIDE, Spiral, prĂ©vu pour ce printemps chez Matador.
Sans aucun lien avec Pink Floyd, il s’agit bien d’évoquer ici le duo formé par Nicolas Jaar et Dave Harrington, qui avaient sorti ensemble, en 2013, un album d’ambient plutôt subtil, Psychic, avant de plonger leur groupe dans l’oubli, ou presque. À l’approche de leur retour, on a donc tenté de décrypter l’ADN de ce satellite jaillissant par surprise de la face cachée des clubs, aujourd’hui éteints. Darkside of the Boum.
45% de musique « branchée »
Après avoir sorti sous divers avatars une poignée de projets qui l’éloignent toujours plus de ses élans house, Nicolas Jaar devrait ramener sur Spiral une nébuleuse électrique dont il ne parvient pas à se défaire, ce dont témoigne « Liberty Bell », premier extrait dévoilé, avec un peu d’autotune en prime. Qu’on ne s’y trompe pas, sous couvert d’une musique éthérée que plusieurs nappes recouvrent, le projet semble pourtant moins souscrire aux dernières réflexions expérimentales de Jaar qu’à ses premières amours bien plus formatées club : il suffit d’ailleurs de pitcher le single pour se rendre compte qu’il ne correspond en réalité qu’à une inspiration traditionnelle d’un Ricardo Villalobos ayant oublié de prendre ses cachets. Cette fois, ça manque un peu de jus.
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35% de didjeridoo
On connaĂ®t tous une personne revenue de voyages Ă travers le monde, aux cheveux aussi longs que ses rĂ©vĂ©lations Ă©sotĂ©riques : Dave Harrington appartient fort probablement Ă cette espèce. Le multi-instrumentiste lâche ainsi sur les nappes atmosphĂ©riques quelques riffs psychĂ©, ou des coups de gongs monastiques, marinĂ©s dans une reverbe d’antan et une maĂ®trise hypnotisante de la guitare rythmique. Sa versatilitĂ© et ses influences rappellent alors Bill Frisell ; surf music, rock australien et bĹ“uf free jazz, les King Gizzard et Alice Coltrane ne sont pas loin. Mark Frost non plus. EspĂ©rons que ce nouveau projet empĂŞche Harrington de rejoindre le co-crĂ©ateur de Twin Peaks dans le club des partenaires injustement oubliĂ©s…
17% de fréquences parasites
Les intentions qui peuvent alors empêcher Spiral de tomber dans les affres d’un disque mou et attendu, résident dans la spontanéité des compères à saboter leur production et celles de leurs homologues : qu’il s’agisse d’un album de Daft Punk, d’un film russe, d’un hommage à John Lennon ou de leurs propres titres, Nicolas Jaar et Dave Harrington ne cessent de brouiller les ondes pour les faire grincer. S’ils respectent leurs habitudes, l’album devrait donc prendre un virage – au moins un – loin des facilités vulgaires que laisse sous-entendre ce premier extrait quelque peu « radio », ou « téléphoné ». La technologie c’est quand même plus beau quand ça plante.
3% de snobisme
On l’oublie parfois, mais DARKSIDE c’est aussi deux tĂŞtes bien faites, tout droit sorties de la prestigieuse universitĂ© de Brown, lieu de leur première rencontre. Avec des gueules de premier de la classe et des styles aussi casual qu’un mannequin Celio, le duo cultive inconsciemment une image de gendre idĂ©al (ou de connards de droite, au choix) lĂ©gèrement agaçante. Pire, depuis le succès de son premier album en 2011, Jaar a fermĂ© les robinets de la com au profit d’une image fantomatique et mystĂ©rieuse, aussi sympathique qu’un Emmanuel Macron post-Ă©lection. Pas Ă©tonnant donc d’entendre sa musique (surtout les premiers travaux de Jaar) rĂ©sonner sur les enceintes des rooftops de bars d’afterwork pour jeunes cadres dynamiques – en mĂŞme temps, avec un premier EP sorti sur le label Clown and Sunset, rien de vraiment Ă©tonnant. Et en ces temps de pandĂ©mie, on est curieux de voir d’oĂą pourra bien se donner le prochain livestream. RĂ©ponse après le couvre-feu.
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