La DJ Rebekah part en guerre contre les violences sexuelles dans la dance music
Trois semaines après son contre-hommage à Erick Morillo sur Instagram, la DJ britannique et boss du label Elements Rebekah Teasdale s’engage cette fois-ci à travers l’initiative #ForTheMusic. L’objectif : lutter contre les violences sexistes et sexuelles au sein de la sphère électronique, plus particulièrement celle de la dance music.
« Après avoir décidé que je voulais guider les gens pour les aider à intégrer l’industrie [de la dance music], il est devenu évident que j’en étais incapable, à moins que je m’engage dans une lutte pour faire de l’industrie un milieu plus sûr et serein. Comment puis-je encadrer les femmes et les membres de la communauté LGBQT ++, sachant qu’ils seront confrontés au sexisme, au harcèlement et, au pire, aux agressions et aux viols, tout en gardant le silence à ce propos », a déclaré dans un post Instagram Rebekah, annonçant qu’elle lançait la campagne #ForTheMusic. À la fois lettre ouverte et pétition en ligne, #ForTheMusic voit le jour dans un contexte de témoignages #MeToo dans la musique électronique, avec les scandales qui visent les artistes Derrick May et le défunt Erick Morillo. Les allégations se multiplient, narrant des faits de violences sexuelles, certains remontant aux années 1980 et 90.
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C’est pour que cela n’arrive plus que Rebekah a créé l’appel #ForTheMusic, construit autour de quatre points : assurer la sécurité des artistes, employé·es et publics, faire de l’industrie musicale un lieu de travail sûr, briser la culture du silence et inciter les artistes à parler s’ils sont témoins de violences sexuelles, ainsi que donner aux clubs la responsabilité d’être un lieu sûr pour tous·tes.
« La musique est née du désir d’un espace sûr. Un lieu de liberté, d’amour, d’expression artistique. Un endroit qui représentait quelque chose. Dans la musique, nous [les femmes et membres de la communauté LGBT++] avons trouvé un but, une vocation plus élevée. Mais en cours de route, tout au long de notre voyage, nous avons laissé les DJs devenir des dieux et soudain ils ont cessé de rendre des comptes sur leurs actions. Le viol, les agressions sexuelles, le harcèlement sexuel, les obstructions misogynes et sexistes sont ce que nous rencontrons alors que nous essayons simplement de faire notre travail. C’est le prix que nous payons. […] Au cours des dernières semaines, nous avons vu notre communauté divisée. L’ignorance volontaire, le slut shaming et la méfiance à l’égard des témoignages des victimes face à des abus systématiques et effrénés ont laissé beaucoup d’entre nous se demander si ces valeurs fondatrices d’amour et de liberté pour lesquelles nous sommes tous·tes venu·es, ont finalement été perdues dans un statu quo qui autorise l’abus de pouvoir, qui l’encourage, le glorifie même. Il y a des prédateurs dans NOTRE scène – et cela ne doit plus être toléré.»
« Nous avons laissé les DJs devenir des dieux et soudain, ils ont cessé de rendre des comptes sur leurs actions. »
Deux jours après la mort d’Erick Morillo, le 3 septembre, Rebekah dénonçait via Instagram les nombreux hommages au DJ qui fleurissaient sur les réseaux sociaux, minimisant ou omettant la plainte pour agression sexuelle qui avait été déposée à l’encontre du DJ : « Je me suis demandée comment réagir face au décès d’Erick Morillo et le fait que son présumé viol et son procès n’aient pas été mentionnés une seule fois alors que mes collègues partagent leurs pensées sur son décès en dépeignant l’image d’un “homme humble qui était loin d’être parfait”. »
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La lettre ouverte et la pétition sont à retrouver ici. La DJ a également appelé celles et ceux qui soutiennent #ForTheMusic à poster une photo d’eux en noir et blanc avec une feuille de papier dans les mains, portant l’inscription #ForTheMusic.
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