La Bouse du mois: Peace Is The Mission de Major Lazer
Chronique extraite de notre magazine numéro 83, actuellement en kiosque.
Peut-on encore espérer quelque chose (de bon) de Diplo ? Plus les années passent et plus la question se fait légitime. Si Thomas Pentz n’a jamais rechigné quand il s’agissait de flirter avec une forme de mauvais goût assumé, ces dernières années l’ont vu carrément mettre la main au panier du mainstream. Et si l’association a parfois payé (avec quelques excellents singles pour Usher, Beyoncé ou Robyn), la bascule du côté obscur a fini par sembler définitive. Ce qui choque avec ce troisième Major Lazer – projet qui a complètement occulté la carrière solo de Diplo – c’est que l’habituelle galerie de guests est habitée d’une tendance lourde. Plus l’invité est connu (et éloigné des Caraïbes), plus le morceau est mauvais, comme le pastiche rhythm’n’blues “Powerful” avec la popstar anglaise Ellie Goulding, ou l’acoquinement nauséabond avec l’EDM “All My Love”, qui invite la “nouvelle Mariah Carey” Ariana Grande.
Quand Diplo regagne la route de la ghetto-tech et s’éloigne un peu de la dance music de foire à la saucisse, on retrouve quelques rares bons coups (“Roll The Bass”, “Light It Up”). Mais ce Major Lazer, de loin le moins bon des trois, s’autorise trop d’écarts. Symbole de l’échec et énième preuve que Diplo devrait réfléchir à ses fréquentations : “Blaze Up The Fire”, qui singe le style de boucher de son grand copain Skrillex, avec qui il forme par ailleurs le duo Jack Ü. Même sur la forme, ce troisième album de Major Lazer est douteux, avec ses trente petites minutes – déjà bien épuisantes – et un changement de stratégie brutal, alors que le groupe devait à l’origine nous servir une série d’EP en lieu et place d’un long format. Dire qu’il y a seulement trois ans l’ancien compagnon de M.I.A. faisait la couverture de notre numéro d’été…aujourd’hui on aurait plutôt tendance à se plaindre de ne jamais le voir quitter l’actualité