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26 septembre 2014

Interview sons & machines avec Mark Ayres du Radiophonic Workshop

par rédaction Tsugi

Le générique de Docteur Who et du Guide du voyageur galactique c’est eux. Ainsi que la plupart des bruitages, sons et jingles que l’on entendait sur les ondes de la BBC entre 1958 et 1988. Depuis leur mythique studio de Maida Vale, le BBC Radiophonic Workshop – devenu depuis le Radiophonic Worshop – façonne le son du futur. Quelques décennies plus tard, les ingénieurs-musiciens continuent leur créations musicales d’avant garde et « célèbrent le passé tout en regardant vers le futur« . 

Pas étonnant que le très classe et pointu Branchage festival, qui se déroule jusqu’à dimanche à Jersey, leur ait demandé d’être les curateurs de cette 7ème édition au côté d’Agnès B. L’occasion pour nous de poser quelques questions à Marc Ayres, compositeur, archiviste du BBC Radiophonic Worskshop et encyclopédie vivante du son et des machines. 

Tsugi : Quel artiste électro-acoustique admirez-vous le plus ? 

Marc Ayres : Il y en a tellement. De Pierre Henry à mon ami Tristram Cary ou aux nombreuses et fantastiques personnes du BBC Radiophonic Workshop. En Hollande, des travaux expérimentaux géniaux ont été fait par des gens comme Tom Dissevelt, et puis il y a toutes ces choses de Desmond Leslie, Martin Slavin… et tous ces petits groupes dont personne n’a jamais entendu parler et dont tu peut trouver le travail sur SoundCloud. Pour un aspect plus commercial, Vangelis, Jean Michel Jarre etc.

Quelle est la différence entre un ingénieur et un musicien ? 

De plus en plus, cette distinction s’amoindrit. Mais un musicien organises les tons et les rythmes de manière à ce qu’ils donnent une sorte d’impression artistique ou émotionnelle – en éléctro-acoustique cela veut dire beaucoup d’ingénieurie ! Je pense que le musicien l’emporte sur l’ingénieur… 😉

Quelle invention a changé la façon dont nous faisons de la musique ou des sons ? 

Le magnétophone. Rien n’a plus été pareil après l’invention du magnétophone. 

Le son 3D : coup de génie ou poudre aux yeux ? 

Coup de génie quand c’est bien fait. Mais il y a aussi beaucoup de poudres aux yeux. J’adore le son surround, les installations à plusieurs enceintes. 

Quel est le son le plus britannique ? 

Ah, on entre dans le philosophique ! Peut-être le son du bacon qui frit. Agréable et accueillant. 

Un morceau de One Pig, de Matthew Herbert, qui a enregistré le son du bacon qui frit. 

Le son le plus étrange que vous ayez enregistré ? 

Aucun son n’est plus étrange pour moi… ! Les portes qui grincent, l’orage, le son du pain mouillé laché dans une poêle chaude… (un peu dangereuse, la dernière…).

Le son que vous aimeriez enregistrer ? 

J’adore le son de l’essence qui s’enflamme. C’est aussi très dangereux donc je n’ai jamais essayé, et n’essayerai probablement jamais. 

Le plus agréable ? 

Il n’y a rien de tel qu’un doux son de la mer un jour d’été. En fait, j’ai enregistré ça pour le show à Jersey, sur la plage sur laquelle nous allons faire la représentation. J’ai isolé les mouettes et cliquetis des mats de bateau dans le port – ils apparaissent dans le morceau. 

Et le plus désagréable ? 

Les ongles sur un tableau. D’ailleurs, je ne l’ai jamais enregistré, je ne pourrais pas le supporter. 

La machine la plus iconique ? 

Tellement. Ça va ça vient. Mais pour moi, probablement le synthétiseur EMS VCS3. Fait en Grande-Bretagne et, dans ses imperfections, la combinaison parfaite de la science et de l’ingénierie pour créer une machine qui produit un son pur. 

La meilleure parmi les récentes ? 

J’adore le King Korg : il a tout, avec un son très analogique. Mais je dois dire que j’utilise plutôt de vrais machines vintages. 

La machine la plus surestimée ? 

Difficile à dire. Honnêtement, je ne sais pas. J’ai tendance à plutôt me tenir loin des choses que je n’aime pas. Ne croyez jamais la tendance ! 

Celle qui a disparu ou est devenue obsolète et qui n’aurait pas du ? 

Les synthés d’EMS et le Yamaha CS80. Même si ce dernier était la plupart du temps beaucoup trop lourd pour être utile. C’est pour ça que j’adore ce que Korg font : ressortir le MS-20 et bientôt le ARP Odyssey. Belles machines. Les synthétiseurs modulaires analogiques sont une niche, mais il n’y a rien de tel qu’une mer de prises et de câbles qui connectent ensemble tous ces fascinants circuits. 

Celle que vous avez trop utilisé ? 

Pendant un temps, c’était le Roland D50. C’était trop facile d’avoir un super bruit avec. 

Le bruit du 20ème siècle ? 

Si tu parles de sons électroniques, le TARDIS (la machine à voyager dans le temps et l’espace de la série Doctor Who, ndlr) est le plus évocateur. Ou, plus tôt, et en terme de « found sounds », le son d’un train à vapeur. 

Celui du 21ème siècle ? 

Je ne crois pas qu’on l’ait encore créé !

Quels bruits préserveriez vous dans un musée des sons

Le TARDIS. Celui des trains à vapeur. Et tout ces sons naturels et fait par l’homme qui sont en train de disparaître à cause de la marche de ce qu’on appelle « le progrès ». Mais parfois, allez simplement vous asseoir sur la plage, dans un bois ou même à côté d’une autoroute. Vous entendrez ces sons, et ces séquences de sons, que personnes n’a jamais entendu avant et personne n’entendra jamais à nouveau. Tu ne veux pas conserver ces sons. Tu veux juste être là quand ils se passent. Et ils se passent tout le temps. 

Le conseil que vous donneriez à quelqu’un qui veut suivre vos traces ? 

Aime ce que tu fais. Garde les oreilles ouvertes. 

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