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14 mars 2013

Interview : Pantha Du Prince

par rédaction Tsugi

Le producteur allemand Hendrik Weber, qui s’est réinventé en leader d’un ensemble de cloches, passera par la Cigale de Paris le 17 mars. L’occasion de le soumettre à la question.

 

Tsugi : Dans une précédente interview, on a appris que l’idée du projet Elements Of Light t’est venue quand tu as entendu le carillon de l’Hôtel de ville d’Oslo. Tu peux nous en dire plus sur la génèse de cette aventure ?

Pantha du Prince : Au départ, on a du échantillonner les cloches que j’ai entendu à Oslo, pour que je puisse composer  avec les même sonorités. Après avoir obtenu un carillon, j’ai pu commencer à composer pour l’orchestre avec qui j’ai travaillé pour la suite. J’ai créé un croquis sonore à grands traits, avec tout de même des mélodies précises et des développements musicaux. Ensuite, on a au du transcire tout ça en partitions, pour qu’elles puissent être jouées par des musiciens avec une formation classique. L’album Elements Of Light est un concept qui raconte tout ce processus, qui part du moment où j’ai entendu ces carillons sonner, jusqu’à la restitution de cette partition par un ensemble acoustique de six personnes.

 

En quoi l’écriture d’un tel projet diffère d’un album classique ?

C’est une dynamique différente. Pour moi, l’enjeu était de lâcher le contrôle, en musique électronique tu peux te permettre de contrôler absolument tous les paramètres de chaque son, et ici on a du se limiter à la sonorité de l’instrument acoustique, à la façon de l’enregistrer, et à l’interprétation de la partition par les musiciens qui la jouent. C’était extrêmement enrichissant d’embrasser les potentialités de vrais instruments, ainsi que le talent de ceux qui les jouent, ce qui a beaucoup apporté au résultat. Je n’avais pas prévu ça.

 

Peux-tu nous parler de l’influence qu’ont du les membres de The Bell laboratory sur le processus de création ?

La partition était très rigide depuis le début, donc nous avons du explorer les façons de faire sonner l’instrument en tant que variable sonore, et on a changé certaines choses en cours de route. Dans l’absolu, The Bell laboratory et moi formons une entité commune, et même si les décisions passent par le filtre de Pantha Du Prince seul, la plupart des idées viennent de notre interaction commune, il y a une énergie, une intuition, qui parfois nous pousse à improviser un peu.

 

Quelles ont été tes principales difficultés ?

Le son de la cloche est très particulier, avec une qualité sonore complexe qui n’est pas si facile à intégrer dans un processus d’écriture. Il y a donc eu beaucoup d’expérimentations avant que le processus de composition puisse vraiment commencer. Beaucoup de choses que j’ai écrites ont nécessité une préparation très précise pour que le résultat ne finisse pas en bouillie sonore, et c’était parfois très épuisant nerveusement (rires).

Ton plus gros challenge ?

Être capable de me concentrer sur un travail de groupe.

 

Tu joues avec The Bell Laboratory depuis un petit moment maintenant. Qu’as-tu appris au fil des concerts ?

Que nous étions plus libres que je le pensais. Je fais de plus en plus de synthé analogique en live, les musiciens se comprennent aussi de mieux en mieux entre eux, nous sommes tous des êtres humains qui s’influencent les uns les autres. Nous sommes maintenant capables d’apprécier avec une égale valeur les passages où nous suivons précisément la ligne musicale fixée, et les moments où nous sommes plus libres de laisser parler notre créativité.

 

Changement de sujet : il y a une histoire derrière vos tenues de scène ?

Au début, on partait des tenues de moines-robots, mais ça n’allait pas. Je ne voulais pas que nos costumes déforment l’expérience de la musique, on a donc opté pour des habits de laborantins. C’est un clin d’oeil à The Bell laboratory, évidemment, mais aussi à Bell, l’inventeur du téléphone. C’est une réminiscence de l’approche presque scientifique que nous avons utilisé pour créer ce projet.

 

Après ce cycle, tu comptes te remettre à quelque chose de plus « classique » ?

Peut-être que je vais créer un peu de musique organique dans le futur, mais qui marcherait tout de même en club… Ça risque d’être intéressant, tant de possibilités ont été ouvertes dans mon esprit ces derniers temps !

 

Propos recueillis par Mathias Riquier

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