Interview de David Shaw à l’occasion des 3 ans de son label
Ce mercredi 22 avril, le label Her Majesty’s Ship fêtera ses trois ans au Badaboum. Au programme, concerts de DBFC et S.R. Krebs, le premier live de La Mverte mais aussi des DJ sets de Mijo, Charlotte Decroix et David Shaw. Une soirée d’anniversaire qui s’annonce mémorable !
Pour cette occasion très spéciale, nous avons été à la rencontre de David Shaw et lui avons posé quelques questions :
Avant on te connaissait sous le pseudo Siskid, et ça ne marchait pas trop mal d’ailleurs, puis finalement en 2012, alors que tu lances ton label, tu fondes « David Shaw and the Beat » dans la foulée. Tu ne te sentais plus inspiré pour ton évolution musicale en tant que Siskid? Ou bien, tu as juste eu envie de laisser de côté la techno pour un nouveau challenge ?
C’était tout simplement pour faire table rase et, en effet, passer à autre chose. Il était temps. Siskid était plus fonctionnel, plus club peut-être. Avec David Shaw and the Beat, il s’agit de retrouver une certaine liberté, retrouver l’excitation en studio avec mes instruments, etc. Et petite précision, HMS (Her Majesty’s Ship) a été créé avec Charlotte Decroix, avec qui je travaille depuis 6 ans, pour sortir le projet David Shaw and The Beat.
Outre le fait qu’il fasse un peu plus beau à Paris et qu’on a de bons fromages, pourquoi avoir quitté Manchester pour t’installer ici ?
En quelques mots : ma mère est anglaise et mon père anglais d’origine pakistanaise. J’ai perdu mon père à 8 ans. Ma mère est partie en France chercher un boulot, elle s’est installée en France après beaucoup d’allers-retours et je suis venu la rejoindre plus tard. J’y retourne de temps en temps pour Pâques et Noël voir ma famille qui est à Preston.
Te sens-tu comme un vrai parisien maintenant ou bien tu ressens toujours un certain décalage avec la culture française ?
Disons qu’il se passe toujours une certaine lutte en moi, un sentiment d’équilibrisme permanent, où je prends le meilleur des deux ! Evidemment, j’évolue avec mon environnement, et comme je suis à paris, il est normal que j’ai mes repères ici. Mais mon fonctionnement reste en anglais pour la part introspective si je peux dire. Je rêve en anglais, j’écris en anglais, je me parle à moi-même en anglais…Et quand je m’énerve, je perds mes mots en français et je jure en anglais.
Si tu devais choisir une période de l’histoire de la musique, laquelle ce serait ? Pourquoi ?
La période fin 70 / début 80 m’a toujours beaucoup plu et toujours attiré. Ça reste vraiment ce qui m’influence et m’inspire le plus je pense. Les années 50 aussi, que j’aime beaucoup.
Toutes vos prod sortent soit sur vinyle soit en digital. Quel est ton rapport au vinyle ? Tu en achètes beaucoup ?
J’ai recommencé à beaucoup en acheter ces 3 dernières années. Je ne pars pas en croisade pour le vinyle. Pour le coup, c’est vraiment quelque chose de personnel. J’en achète quand j’aime vraiment le disque et la pochette, je n’achète pas du vinyle parce que c’est du vinyle.
C’est bientôt l’anniversaire de ton label, Her’s Majesty’s Ship, ça te fait quoi de voir ce projet grandir au fil des années ?
Notre label Her Majesty’s Ship existe depuis 3 ans. On tient depuis 3 ans et, bien sûr, ça nous donne beaucoup de satisfaction. On est un petit label, et comme d’autres on fait de l’artisanat. Il est évident que si on voulait faire de l’argent on s’est trompé de métier, mais on arrive à se débrouiller pour développer les projets et travailler avec les personnes avec qui nous voulons travailler. Nous avons fait plein de belles rencontres. On reste libre, on fait ce qu’on veut. De voir la façon dont nous avons été récemment accueillis au Mexique par exemple, nous a conforté dans l’idée que ce que nous faisons n’est pas vain !
En parlant de votre label, comment envisagez-vous son évolution ?
Avec Charlotte nous souhaitons évoluer comme une plateforme. En gros, on ne sort pas que des disques, on veut sortir des sérigraphies d’artistes, des objets, etc. On travaille sur pleins de nouvelles idées justement qui sont déjà en cours, qui prennent du temps à mettre en place, mais certaines vont aboutir dès cette année.
Comment appréhendes-tu les prochaines années ? Après Siskid et ta formation actuelle David Shaw And The Beat, y a-t-il un autre projet qui te trotte en tête ?
Je les appréhende plus que bien (s’il ne m’arrive rien bien sûr). David Shaw and The Beat continue bien évidemment. Ce n’est pas un projet ‘one shot’, mais ce n’est pas une course non plus, je travaille de la nouvelle matière pour le 2eme album. Mais actuellement, je suis surtout pris avec notre projet DBFC que l’on fait avec Bertrand (Dombrance), Antoine et Guillaume. Nous avons beaucoup de dates et nous avons un nouvel EP qui va sortir cette année. Et je finis aussi un nouvel EP avec Jennifer pour notre projet Cardini&Shaw. Plus les productions / réalisations que je fais à côté, soit pour Red Bull ou autres, cela fait donc beaucoup de choses. Il y a aussi des choses que j’ai commencé avec Mijo, notre artiste mexicain, mais ce n’est pas pour tout de suite.
Avec Charlotte Decroix, vous semblez être une chouette équipe soudée. Est-ce que tu la vois comme ton alter ego au féminin ?
Elle est mon alter ego féminin, mais en mieux ! Sans elle, HMS ne serait pas HMS. On s’est toujours débrouillé tout seul, et dans l’adversité, elle a toujours été là. Elle représente un soutien permanent, de très bons conseils, des ressources hallucinantes, mais toujours avec cette légèreté. Grâce à elle, j’ai appris à ne pas prendre la vie trop sérieusement…J’ai beaucoup de chance de l’avoir à mes cotés !
Pour finir, on a vu que tu as fait un remix d’Etienne Daho pendant ta période Siskid et du coup on se demandait ce que tu écoutes en musique française?
En « musiques française », j’avoue ça va être assez classique en fait. J’ai été bercé par ma mère avec Gainsbourg, que j’écoute toujours aujourd’hui. Les Rita, Jad Wio, x Ray Pop, Deux, Marie et les garçons, que j’ai toujours beaucoup aimés aussi. Ça c’est pour les quelques classiques. Aujourd’hui, j’aime beaucoup Steeple Remove, La Femme, Flavien Berger, The Limiñanas…