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18 juillet 2013

Interview : 6 questions à Superpoze

par rédaction Tsugi

Superpoze fait partie de cette scène caennaise en effervescence. Depuis quelques temps, tout se bouscule : les Trans Musicales de Rennes en 2012, un premier EP, une tournée qui s’allonge, puis la sortie de son maxi chez Kitsuné : le jeune musicien devient petit à petit grand producteur. On s’est donc intéressé sérieusement au jeune prodige et lui avons posé quelques questions.

Depuis les Trans Musicales 2012, qui ont su mettre tes talents sous les projecteurs, te voilà chez Kitsuné. Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta carrière ?

Il y a un an, à la même période, j’étais en examen pour valider ma licence d’Histoire. J’avais fait peut-être 4 ou 5 concerts en dehors de Caen. Je suis heureux de l’aspect live de ma musique, et de ce que ça m’a permis de faire. J’ai bougé un peu partout en France, en Belgique, et je suis en ce moment à La Réunion. Au mois de Juillet, je joue le 17 au Montreux Jazz Festival, le 18 aux arènes de Nîmes, le 20 aux Vieilles Charrues et le 21 pour un bel évènement bientôt annoncé. Toutes ces dates, je les vis à fond et avec beaucoup de bonheur ! Du côté des sorties, je suis mes envies et mes rencontres. J’ai sorti mon EP From The Cold sur mon label, Combien Mille, parce que j’en avais envie. La rencontre avec Kitsuné qui s’est faite autour de leur compilation Parisien 3 fût une belle rencontre. Je trouve la formule du single et des remixes parfaite pour expérimenter, proposer quelque chose d’un peu différent. Je suivais Kitsuné et attendais les nouvelles compilations pour voir quels artistes inconnus, quels remixes exclusifs, ou quels morceaux inédits ils allaient trouver. Je suis donc très content d’avoir sorti ce maxi, différent du précédent, chez eux. Je ne porte pas un regard théorique sur l’année que je viens de passer. Je suis juste heureux de faire la musique qui me plait, et qu’elle puisse plaire à d’autres.

Où te situes-tu au milieu de cette scène caennaise de musiques électroniques (Beataucue, Baadman, Fakear) en plein essor ?

Comme je dis souvent à propos de Caen, il y a surement une scène mais pas un son. Dans la niche électronique, c’est pareil. On se connait tous, mais personne ne fait la même musique. Après c’est vrai qu’à la différence de Beataucue et Baadman, je ne viens pas du clubbing et je n’ai pas cette culture. C’est le hip hop qui m’a amené à la musique électronique. Je suis arrivé avec un live, avant même de savoir faire un DJ set. Mais cette envie de jouer live, je la tiens de Fulgeance, un beatmaker que j’adore. Et qui vient de Caen lui aussi.

C’est en découvrant les artistes de Warp que Superpoze est né de ton esprit. Quelles relations entretiens-tu avec le label ?

Warp fait en effet partie des labels qui m’ont amené à découvrir le genre d’artistes que j’adore à l’heure actuelle, et qui m’ont amené à faire la musique que je fais. Cela dit, ce n’est pas le seul. Mais j’ai toujours regardé et écouté ce qui sortait chez eux. Les disques de Bibio, Boards of Canada, Flying Lotus ou encore Mount Kimbie ont tourné en boucle chez moi. C’est donc une période d’excitation assez intense en ce moment; cette vague de retour des rois. Je suis aussi beaucoup ce qui se fait sur les labels affiliés à Warp, notamment en France avec InFiné. D’ailleurs, mon remix du morceau Let’s Go de Rone sort chez ces derniers le 17 juin. C’est cool.

On note une véritable évolution entre ton premier EP, dont notamment « The Iceland Sound », et Pavane. Comment l’as-tu travaillé ? Est-ce une façon de vouloir proposer autre chose musicalement ?

J’aime expérimenter, travailler les sons, rechercher, créer. Je ne cherche jamais à me détacher d’un ancien morceau à travers un nouveau. Je pense que tous les morceaux que je fais (et cela est applicable à beaucoup d’artistes et dans tous les domaines de la création artistique) sont l’interprétation musicale d’une envie, d’un souvenir, d’une émotion. Ils correspondent tous à un instant de ma vie. Pavane, comme les autres, correspond à une envie à un moment précis, d’aller chercher tel son pour raconter telle histoire. Cet EP n’est pas le préambule d’un changement ou de quoi que ce soit que je puisse analyser, car je ne sais pas quel morceau je ferai demain ni comment il sonnera.

Après deux dates à la Flèche d’Or, et autres salles notables du panorama français, ton jeu de scène doit être en pleine évolution. Es-tu beaucoup plus attentif à ce côté visuel ?

Tu parles de La Flèche d’Or. Les dates là bas sont très importantes pour moi. J’organise des soirées trimestrielles, les « Animales », pour lesquelles j’invite des groupes que j’aime à jouer et à partager la scène avec moi. Ce sont des expériences de scènes fortes, et mes premiers pas dans la programmation aussi. D’ailleurs, le line up de la prochaine n’est pas terminé, mais elle aura lieu le 26 septembre. Le fait d’enchainer les dates un peu partout m’a fait apprendre beaucoup sur le live, et ce que l’on dégage sur scène face à des publics tous différents. Mais j’ai toujours été naturel sur scène, et je ne pense pas avoir changé, si ce n’est que je suis plus à l’aise qu’au début. En tout cas, comme avant, je ne pense pas à autre chose qu’à la musique une fois sur scène.

Sept ans de rythmiques au conservatoire, c’est certainement une particularité que tu as en tant que producteur de musiques électroniques. Quels sont, à ton avis, les apports notables de ta formation sur ta composition ?

J’ai commencé à apprendre la musique en même temps que mes tables de multiplications. Il est difficile de savoir ce que cela m’apporte dans la composition, puisque j’ai toujours fait de la musique en ayant ces bases là. Ce que je peux noter par rapport à d’autres producteurs que j’ai rencontré, c’est que cela m’a peut-être apporté une manière différente d’appréhender la notion de groove. Je n’ai jamais composé un seul morceau en écrivant une partie à la souris, par exemple. Pour moi, ça va à l’encontre du groove, et ça annule les chances qu’un accident musical se produise. Les accidents donnent de l’âme à un morceau. Mais bon, je connais des gens qui n’ont jamais appris la musique au conservatoire et qui pensent la même chose. La musique, c’est quelque chose qu’on a un peu en soi. Des gens sortent du conservatoire au plus haut niveau, sont des interprètes merveilleux, mais leur compositions personnelles sont des coquilles vides. Je dirai que cette formation a été un élément de plus dans une chaine de hasard, de rencontres et d’envies qui font que je suis aujourd’hui en train de répondre à cette question deux jours avant de faire un concert à La Réunion.

 

Propos recueillis par Pauline Pennanec’h

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