Il n’était pas question de rater le sublime Variations Festival de Nantes : on vous raconte
Du 20 au 25 octobre dernier, le festival Variations à Nantes a bien eu lieu. L’édition d’avril ayant été reportée, il n’était pas question de sacrifier l’édition d’automne, quitte à revoir son format. Tsugi y était.
Ils l’ont fait. Malgré la pandémie, malgré les annulations en cascade, malgré le report, malgré le couvre feu qui s’imposait partout ailleurs, et le confinement qui se profilait. Le Lieu Unique, bien connu des Nantais, a réussi à organiser la quatrième édition du festival Variations, dédié à la musique pour claviers de tous horizons, classique, électro, jazz, mais surtout inclassable. Une semaine plus tard, cela paraît presque surréaliste.
Certes il a fallu faire des concessions : nombre de concerts drastiquement réduit, tout comme la jauge du public, masque obligatoire durant les concerts, et certains musiciens ont été bloqué aux frontières au dernier moment, entraînant des remplacements de dernière minute. Pour donner envie malgré tout, les organisateurs ont choisi de rendre la totalité du festival gratuit, sur réservation le jour même. Certains concerts étaient ainsi complets le matin même, dès 7h du matin. Petit regret : malgré la réduction du nombre de concerts, leur durée d’une heure maximum, qui permet de jongler entre les découvertes en temps normal, n’a pas été augmentée. Pas de quoi bouder son plaisir : pouvoir assister à un festival en cette période est un formidable bol d’air.
D’autant que, si la programmation s’est concentrée sur des artistes français et européens, elle reste toujours aussi pointue et originale, suivant le même principe depuis quatre ans : faire dialoguer les genres. Les reprises de la pop vers le classique, notamment, étaient à l’honneur, avec le très bon concert des Bruxellois d’Echo Collective, compagnons de route de Johann Johansson. Leur interprétation de l’album Amnesiac de Radiohead avec des instruments classiques a su captiver le public. Mais la palme revient à l’improbable projet d’Antoine Souchav : adapter l’electro pop du Yellow Magic Orchestra pour clavecin solo.
Une fois dépassée l’incongruité du programme (renforcée par les vitraux de la chapelle accueillant l’événement), force est de constater que tout cela se tient parfaitement, notamment grâce à l’incroyable virtuosité du musicien. Mentionnons également le duo entre le pianiste Thomas Enhco et la joueuse de marimba Bulgare Vassilena Serafimova (qui devait d’abord se produire avec la productrice Chloé), combinant Mozart, Piazzola, mais également la musique traditionnelle bulgare et une reprise de « Bitter Sweet Symphony » de The Verve en clôture. Aussi énergique que subtil.
Si classique et jazz (avec le toujours formidable Vincent Peirani) ont eu leurs moments, la musique électronique était aussi à l’honneur. Que ce soit l’énergie rock haletante des Nantais Spelterini (remplaçant Not Waving en dernière minute), la pop new wave et suave de Ben Shemie (leader de SUUNS), les boucles minimalistes de Jonathan Fitoussi et surtout l’ambient épique et majestueuse de Mondkopf, les plaisirs ont été variés et nombreux. L’accent est néanmoins mis sur des projets plutôt émouvants et minimalistes, et pas sur la rave. Un choix qui permet de faire du bien à notre âme. Encore bravo au Lieu Unique pour avoir réussi à offrir un beau programme. Et surtout, on croise les doigts pour la prochaine édition, prévue en mars prochain.