Happy birthday Laurent Garnier, dernière partie
Laurent Garnier fête ce vendredi ses 25 ans de carrière au Rex Club à Paris. Il revient avec nous sur 25 moments importants de son immense parcours. Cinquième et dernier épisode.
13 mars 2010 concert à la Salle Pleyel.
Le plus beau concert de ma vie. Un moment unique, c’est le seul concert pour lequel j’ai passé six mois à travailler. Christian (Paulet son agent NDR) était persuadé qu’avec un peu d’atouts on pouvait faire Pleyel. On avait déjà une formule qui tournait bien mais je voulais faire quelque chose de beaucoup plus sophistiqué. J’ai dit à Christian : “On y va, mais on y va à donf’. On fait des visuels, on montre une structure.” Ça a été six mois de prise de tête. Au niveau de la musique, comme on était à Pleyel je me suis dit qu’on allait se permettre de faire des choses qu’on avait jamais faites auparavant. J’ai fait venir Crazy B de Birdy Nam Nam, Antony Joseph, Il y avait quatre cuivres. La seule frustration c’est qu’on a vendu les billets tellement vite, que les medias ne s’y sont pas intéressés : ils n’allaient pas parler d’un concert déjà plein et une fois que c’est passé tout le monde s’en fout. On n’a pas fait une erreur à Pleyel. Il y a eu la magie du moment. Comme l’Olympia mais musicalement réussi, symboliquement un peu moins fort mais plus intéressant. Après le concert, il y a eu une espèce de baby blues. Pleyel a été le concert où enfin j’ai trouvé ce que je recherchais. Je sais ce que côté jazz dans mes concerts a gêné pas mal de mes fans, mais ce n’est pas grave. Tu ne peux pas faire plaisir à tout le monde. J’ai compris un an après que Pleyel avait été l’aboutissement d’une recherche dont je n’avais pas forcément toutes les clés.
Septembre 2010. Le Bolchoï.
Tu te rends compte que la musique électronique met les pieds au Bolchoi à Moscou grâce à Angelin Prejlocalj pour qui j’ai composé une musique. Pour moi c’est le plus grand chorégraphe français. J’avais déjà travaillé avec lui sur L’Oiseau de feu. Mais là il est venu me voir et m’a dit : ”J’ai un projet où tu vas faire toute la musique, c’est un travail sur l’Apocalypse de St Jean”. Un sujet que je ne maîtrisais pas forcément. Tout ça au Bolchoï ! Je lui réponds : “Et à part ça, tu n’as pas une bonne nouvelle ?” (rires) C’était un peu un rêve. Tu travailles avec l’un des plus grand chorégraphes Français dans le plus grand théâtre de musique au monde. Ça a été un travail extrêmement intense, très compliqué mais alors complètement jouissif : écouter ta musique et voir les danseurs sur la scène du Bolchoï c’était vraiment un moment de fou. Je suis extrêmement fier de ça et j’ai fait des pieds et des mains avec Angelin pour sortir l’album de la musique du ballet. C’est bien sombre, bien mental, mais c’est tout ce que j’adore faire. Je me suis lâché à mort.
2011 projet L.B.S.
LBS c’est la suite logique de la tournée de Kleptomaniac où j’ai vraiment eu un rôle de chef d’orchestre avec Pleyel comme point culminant. Ma frustration était de ne pas avoir eu assez de temps avec le format concert. J’ai donc pris juste Benjamin Rippert et Scan X comme musiciens, on pouvait se mettre dans n’importe quelle cabine DJ du monde, on ne prenait pas beaucoup de place, et on évitait tous les problèmes liés au live : les micros, les retours etc. Et là si on veut faire 35 minutes de “Crispy Bacon” on peut. On s’est bien marré : on a fait une version de 55 minutes de “Gnanmankoudji” au Panorama Bar à Berlin. Il y a un moment je regarde ma montre et je dis à Stéphane (Scan X NDLR) que ça fait 55 minutes qu’on le joue. L.B.S c’était ça : on se réappropriait du temps et les cabines DJ. On arrête les gros bordels, on revient sur le dancefloor. Chaque soir c’était différent. C’était aussi se dire qu’on allait faire des nouveaux morceaux et aller à l’envers de ce qu’on a l’habitude de faire c’est à dire enregistrer un album et le défendre sur scène ensuite. On a cinq ou six nouveaux morceaux qui ne sont pas encore enregistrés. On a commencé par la scène. C’était l’idée de faire un laboratoire d’expériences.
2012 Jacques In the Box chez Ed Banger
J’avais envie avec L.B.S d’avoir un morceau plus joyeux que ce qu’on a l’habitude de faire. Il y avait un morceau que je jouais tout le temps, Ben l’appelait toujours “le morceau du bonheur”. J’avais dit à Ben : “Je veux faire un morceau comme ça”. Ensemble on est allés en studio, et on a fait un morceau qu’on a appelé ‘Le morceau du bonheur” (“Jacques In The Box” NDLR). On l’a essayé en live : les gens étaient contents, ça marchait, donc je l’ai enregistré. A la fin de l’année 2011 j’ai fait une petite vidéo qui nous montrait sur la route, et la bande son c’est “Jacques in the box”, je l’ai posté sur Facebook et Pedro (Winter NDLR) a été le premier à réagir et à me demander ce que c’était ce morceau. Et il a voulu le sortir sur Ed Banger. C’est un peu un pied de nez à tous les intégristes qui n’aurait jamais imaginé que je puisse sortir un jour un disque chez Ed Banger. 2013 : Le futur Je m’interroge beaucoup sur la question du format. Est ce que cela sert encore à quelque chose de sortir un album aujourd’hui ? Je vais sûrement sortir quelque chose mais je ne sais encore sous quelle forme. Autrement Electrochoc va sortir en version anglaise avec quatre vingt pages supplémentaires. Le projet du livre tiré du film avance également. Mon émission sur le Mouv “Is it what it is” marche de mieux en mieux. La radio c’est quelque chose que j’adore et qui me passionne vraiment. Il y aura aussi la musique du ballet pour Marie Claude Pietragalla.
Patrice Bardot assisté de Quentin Monville