Foire aux monstres avec TH Da Freak au Point Ephémère

par | Avr 1, 2019 | Magazine

Un plateau organisé par TH Da Freak pour la sortie de leur nouvel album, Freakenstein, ça donne forcément une soirée monstrueuse (dans tous les sens du terme) en compagnie d’audacieux marginaux venus des quatre coins de la France. C’est que TH Da Freak, qui s’impose de plus en plus comme l’un des représentants majeurs de la scène rock française, nous confiait dans son interview vouloir galvaniser la scène et ne rêver que d’une chose : que les projets de chacun de ses partenaires de route soient mis sous la lumière autant qu’ils le devraient. Ouverture de la foire aux curiosités musicales.

La première bête qui s’avance est d’origine nantaise. Inclassable dans son genre, mais délicieusement lofi et minimaliste, Aneth Penny évolue seule sur scène et alterne entre guitare et clavier. Gros powerchords, chant punk mais qui sait être mélodique et pop et boîte à rythmes on-ne-peut-plus primale : simple, mais efficace. Ce soir, Aneth Penny réanime un DIY le plus spontané dans une “bedroom pop” qui rappelle les débuts de CocoRosie (un poil plus punk !).

Aneth Penny (Crédit : David Poulain)

Passage de guitare. Identifié dans la faune sauvage de la région de Lille, le trio Tapeworms s’avance ensuite sur la scène. Beau spécimen encore une fois. Plus traditionnel que leur prédécesseure à la scène, de monstrueux, Tapeworms garde un aspect colossal. Excellents tant dans leur musique que dans leur prestation, c’est une énorme claque pour toute la salle. Mais c’est un colosse léger, titanesque en sa matière : le groupe délivre une shoegaze qui a la rapidité, l’éphémérité, mais surtout l’éclat d’une étoile filante. Un effet spatial, aérien, probablement dû à leurs influences J-pop revendiquées. Une dreampop évasive et illuminée qui tend vers une shoegaze timide mais foudroyante.

Tapeworms (Crédit : David Poulain)

Retour sur terre, lorsque les cinq poneys fringants bordelais de TH Da Freak s’avancent sur la scène. Le leader, Thoineau Palis, est affublé d’un costume de squelette. Un vrai Frankenstein en puissance.

TH Da Freak (Crédit : David Poulain)

On en aurait presque le thrill ! Les hostilités sont d’ailleurs ouvertes avec le morceau d’introduction de leur album, qui porte ce nom-là. On est comme propulsé dans notre siège de ciné, devant un mauvais film d’horreur qu’on regarderait à nos heures perdues un soir d’Halloween. Tout ce qu’on aime, donc. Car viennent ensuite “Nutty” et “Surrender”, qui commencent à nous enjailler, alors que SIZ, le bassiste, qui a revêtu une robe pour l’occasion (comme un certain Kurt Cobain !), commence à nous raconter une sorte d’histoire de fin du monde… ou quelque chose comme ça, on ne comprend pas trop. En gros : une situation dans laquelle “il faudra se faire des bisous”. Et ainsi commence le morceau “Mars Attacks !!”. Des éclats de rire surgissent du public, la bonne humeur règne, à laquelle s’ajoute rapidement l’énergie de “Thick Head”, perle psyché/noise du groupe, et bientôt aussi de “Repetto” dont les paroles absurdes, hilarantes au possible, sont un véritable appel au pogo. Ainsi soit-il : devant la scène, de multiples animaux non-identifiés se lancent dans de (gentilles) bousculades. Entre deux saynètes morbides (et une réf’ au Seigneur des Anneaux bien placée), TH de Freak a vraiment la capacité d’habiter la salle et d’animer le public avec une efficacité rare. Les Bordelais nous démontrent à quel point ce qui est freak, bizarre et marginal, ce qui relève de la culture “square” (comme disent les Américains), nerd, geek – soit tout ce qui n’est pas “cool” – du bricolage DIY d’Aneth Penny à la shoegaze émotive de Tapeworms – tout cela peut donner quelque chose d’exceptionnel. Le Freak nous a montré qu’il n’y a qu’un pas, en réalité, du monstre à la merveille.

 

Meilleur moment : Les pogos sur Repetto, décidément. Provoquer un pogo par un excès de bonne humeur, c’est quand même assez fort.

Pire moment : Les excentricités ont tout de même fait fuir certains réactionnaires. Tant pis pour eux.

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