Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nouvel album de Ry X, Blood Moon. Fight !
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Il y a quasiment dix ans jour pour jour, un remix très mélodique vrillait les têtes des danseurs du monde entier. De préférence en mode after au petit matin, avec le soleil qui se lève en rideau de fond – et si en plus il y a la mer, on n’a rien contre. Cet été 2012 donc, on était bouleversé par ce « Howling (Âme remix) » dont un duo nommé également The Howling avait signé l’œuvre originale. Derrière ce pseudo, une moitié justement de Âme, Frank Wiedemann, et un chanteur à la voix de tête hantée, Ry X. Passée cette révélation initiale, on a cherché depuis un peu en vain dans les sorties de Ry Cuming une pépite du même acabit. D’où une certaine déception face aux deux albums précédents, longs pensums mous du genou où l’Australien semblait pleurer sa mère sur des arrangements mi-acoustiques mi-électroniques. C’est évidemment sans grande conviction que l’on s’est penché sur ce Blood Moon. Sauf que notre homme a décidé d’accélérer le tempo et surtout d’apporter plus de richesse luxuriante à sa production d’ordinaire squelettique. Alors bien sûr, cela n’enlève pas le côté « on se met à genoux et on se tait pour la messe » qui se dégage de ses compositions (trop) cérébrales, comme sous influence divine. Mais difficile de ne pas accrocher aux mélodies des brillants « Let You Go » ou « Borderline ». Mieux, on a parfois l’impression en écoutant ces riffs de guitare diaphane et ces tentatives de pousser le beat dans le rouge (enfin, sans trop déconner quand même), d’assister en direct à la naissance d’un nouveau style: le new folk dancefloor. Genre Bon Iver un soir au Berghain se décide de griller des marshmallows à l’acide dans la dark room. On attend maintenant un petit remix de Âme et notre été sera parfait. La nostalgie étant toujours ce qu’elle était.
Patrice Bardot
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Oh, le beau beat! Oh, le tempo qui s’accélère! Ah, l’énergie cosmique irrésistible qui se dégage des treize pistes du troisième album de l’Australien RyX! Euh, on plaisante bien sûr. Ry X a beau avoir dépassé la barre des 50 BPM et mis un peu de piquant dans son guacamole certifié « petit producteur », ses chansons restent toujours aussi redoutables qu’un filet d’eau tiède ou un plat de navets vapeur. Bande-son parfaite pour un documentaire de la TNT sur le désert de [insérer la destination de votre choix] ou les aventures du yogi caresseur d’arbres Vyentparlahmefairehunchaique (celui qui fait revenir l’être aimé, répare les voitures à distance ou règle les soucis érectiles), Blood Moon souffre déjà de la surabondance de chanteurs électronicopop « à message » – même si le bien nommé « Bordeline », moment de folie improbable dans ce pensum dégoulinant de mièvrerie, aurait pu figurer en face B d’un maxi de Moderat. Ça geint, ça chouine, ça miaule comme un petit chaton affamé des paroles « nourries par les réflexions de RY X sur les relations intimes qu’il traduit en conversations plus larges sur l’esprit, le divin féminin et l’exploration de soi ». Quand même! On ne sait pas trop à quoi il tournait (jus de betteraves, mezcal ?) seul dans son studio de Topanga, au cœur des montagnes de Santa Monica, mais il aurait dû s’abstenir, car ce disque « incroyablement personnel » où « la croissance et l’apprentissage sont des motifs récurrents » manque incroyablement de muscle. Ah, on nous glisse dans l’oreillette que, profitant de la beauté des lieux, il ne s’arrêtait de composer que pour « explorer les montagnes au coucher du soleil ». Il fallait le dire plus tôt que c’était une commande de Nature&Découvertes pour sa collection ‘Merveilles de la nature’. Allez, rendez-moi The Howling!
Benoît Carretier
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