Festivals assis cet été : les organisateurs s’adaptent ou jettent l’éponge
Suite à la décision, hier, de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot d’autoriser cet été les festivals dans un format « assis » et avec une capacité maximale de 5 000 personnes, certains annoncent aujourd’hui leur maintien pendant que d’autres jettent l’éponge.
Certains s’en réjouissent, d’autres pas. Pourquoi ? Simplement parce que certains festivals peuvent s’adapter (techniquement et financièrement), et que d’autres pas. Cette annonce du gouvernement hier force aujourd’hui les professionnels du secteur à prendre une décision sur le maintien ou l’annulation de leur événement et les réponses commencent à tomber.
« Un festival de 5 000 personnes assises et à bonne distance, ça n’est pas un festival. »
Les Vieilles Charrues sont probablement les plus optimistes avec la confirmation d’une 29e édition en dix soirées de concerts, du 8 au 18 juillet 2021. « Impossible n’est pas Charrues ! […] C’est avec un enthousiasme intact que toute l’équipe part à la découverte d’une nouvelle expérience, un nouveau défi, dans le but de vous concocter une édition pleine de surprises, afin de fêter (dans le respect des règles sanitaires) la joie de se retrouver et de partager à nouveau le frisson du live ! »
Un enthousiasme que ne partage pas le Hellfest qui est au bord de l’annulation pour la deuxième fois consécutive : « Difficile d’imaginer 5 000 hard rockeurs assis sur une chaise » annonce, abattu, son directeur Ben Barbaud ce matin sur Franceinfo. « Un festival de 5 000 personnes assises et à bonne distance, ça n’est pas un festival », complète-t-il également dans les colonnes de Ouest France. « Si on doit imaginer autre chose, ce ne sera pas le Hellfest ! Bien sûr, on veut essayer de faire quelque chose pour exister. Est-ce que ce sera des concerts en ligne, ou des petits concerts de soutien pour les bénévoles ou intermittents ? Je ne sais pas. Mais une certitude, ce ne sera pas le Hellfest. »
Des divisions partout
Les réactions continuent de tomber à l’heure où nous écrivons ces lignes et ce qui est sûr, c’est que personne ne sait vraiment sur quel pied danser (ou pas danser). Gildas Rioualen, cofondateur du festival Astropolis, est partagé (sur Le Telegramme) : « Je me réjouis déjà que l’été ne soit pas silencieux. C’est déjà ça… Maintenant, par rapport à la culture que je défends depuis trente ans, c’est un gros coup de massue. Ne pas pouvoir danser sur la musique qu’on propose… »
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Du côté du festival du Chant de Marin de Paimpol, on se pose la vraie question (sur La Presse d’Armor) : « Est-ce qu’on continue à organiser normalement avec une grosse épée de Damoclès ou est-ce qu’on met bas les marteaux rapidement pour ne pas engager trop de frais, ou un entre-deux ? Je ne sais pas… »
Mais pour le directeur des Francofolies de La Rochelle, le verre d’eau est à moitié plein : « C’est une excellente nouvelle d’avoir ce point de départ, clair, précis et j’espère que tout cela va évoluer positivement », déclare-t-il à Franceinfo. « Il y a beaucoup de lumière au bout du tunnel. »
Une situation qui peut évoluer
Enfin, il est enfin important de rappeler que ces mesures peuvent varier en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. La ministre de la Culture l’écrit noir sur blanc dans son compte-rendu en ligne :
« Des points d’étape réguliers auront lieu avec les professionnels, afin de l’adapter à l’évolution de la situation sanitaire :
– si la situation sanitaire se dégrade, les jauges et les protocoles devront être adaptés en conséquence ;
– si à l’inverse la situation sanitaire s’améliore, il pourrait être envisageable d’augmenter la jauge au-delà de 5.000 personnes et/ou d’autoriser les configurations debout.
Ainsi, pour les festivals qui seraient contraints d’annuler dès maintenant, l’Etat poursuivra leur accompagnement ;
Pour les festivals qui adapteront leur événement, des aides sectorielles dédiées seront prévues sous la forme d’un mécanisme de compensation des pertes d’exploitation ;
Enfin, dans l’hypothèse d’une dégradation de la situation sanitaire qui entrainerait une annulation de l’événement, un mécanisme d’indemnisation sera prévu.
Ces deux derniers mécanismes seront financés par un même fonds de 30 M€ qui concernera l’ensemble des festivals de toutes disciplines. Comme en 2020, cet accompagnement sera porté et mis en œuvre à la fois par le Centre National de la Musique et par les DRAC.
Par ailleurs, des aides pour les captations de spectacles seront également mises en œuvre : une enveloppe de 15M€ sera consacrée aux captations toutes disciplines confondues (théâtre, musique, danse et autres esthétiques). Ces captations permettront de toucher un public plus large, même si elles ne remplaceront jamais l’expérience du spectacle vivant. »