Faux streams : le CNM dévoile son enquête, les syndicats s’en saisissent
Après plus de 18 mois de recherches, le Centre National de la Musique (CNM) révèle son étude sur la fraude des fausses écoutes. D’après cette analyse, ces streams factices, détectés, représenteraient entre 1 et 3 milliards d’écoutes en France en 2021.
On vous parlait de l’enquête de France Télévisions sur l’achat de ces faux streams, fléau de l’industrie musicale. Cette fois-ci c’est le Centre Nationale de la Musique qui publie le résultat de ses investigations. En France, 60 000 nouveaux titres sont ajoutés chaque jour, alors même que le streaming représentait 69 % du marché de la musique en 2020. Pendant plus d’un an, le CNM a étudié les manipulations des écoutes sur les plateformes de streaming musical. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur et que personne ne semble vouloir laisser impuni.
Pour le combattre, la Fédération Nationale des Labels et Distributeurs Indépendants s’était associée au Syndicat des Musiques Actuelles et de l’Association au service de la culture électronique, Technopol. Ensemble, ils avaient demandé au Centre National de la Musique de « mettre en place une régulation du streaming pour qu’il ne perpétue pas les biais et pratiques douteuses du passé de notre industrie ».
Après un an d’enquête et de recherches, le CNM vient de dévoiler ses résultats, constituant ainsi la première étude au monde d’un organisme indépendant et public sur ce sujet. En se rapprochant des différents acteurs du secteur (plateformes, distributeurs producteurs ou encore médias), le CNM a essayé d’y voir plus clair.
Peu de fraudes chez les plus gros artistes
Si la fraude est évaluée entre 1 et 3 milliards d’écoutes en France en 2021, elle ne concerne que peu les plus grands artistes. D’après les données de Deezer et de Spotify, la majorité de ces faux streams se situeraient au-delà du top 10 000. « À plus de 80 % au niveau de la longue traîne« , la plupart des écoutes frauduleuses se cacheraient sous les radars avec « un faible volume, mais sur la durée« .
Dans le rapport, on apprend également que ces 1 à 3 milliards de faux streams représenteraient « entre 1 et 3 % du total des écoutes« . Un pourcentage qui ne montre que les écoutes factices détectées. Le CNM rappelle aussi « qu’une forte augmentation du nombre de streams enregistrés, sans augmentation proportionnelle du nombre d’abonnés payants, entraîne mécaniquement une baisse de la valeur unitaire d’un stream« . Diminuant ainsi la rémunération des artistes.
Un combat qui ne fait que commencer
Selon la Fédération Nationale des Labels et Distributeurs Indépendants (FÉLIN), « cette étude met en lumière la partie visible de l’iceberg que peut représenter la fraude« . Aux côtés du Syndicat des Musiques Actuelles, elle appelle dans un communiqué à continuer l’engagement. Ils demandent « la réouverture urgente des échanges sur le modèle de rémunération User Centric« . Ce dernier se démarquant par sa méthode : appréhendant l’audience et ses ressentis sur un sujet particulier. Les trois organismes espèrent que l’ensemble de la filière musicale appliquera les recommandations du CNM rapidement. « Au niveau de la détection et des sanctions efficaces, qui auront un véritable impact sur la fraude« .
Pour le CNM, ce n’est que le début d’une longue affaire. Il réunira régulièrement « un comité de suivi des mesures de prévention et de lutte contre les manipulations des écoutes« . Le Centre National de la Musique réalisera une nouvelle étude en 2024 « pour s’assurer de leur efficacité« . Vous pouvez découvrir son rapport entier ici.