Fatima Al Qadiri – Brute
Extrait du numéro 90 de Tsugi (mars 2016)
Présence discrète mais incontournable de l’avant-garde électronique, Fatima Al Qadiri fait partie d’une caste de producteurs affranchie des notions de genre. En s’appuyant sur des racines hip-hop, elle a créé en quatre ans une signature sonore à mi-chemin entre beatmaking downtempo, électronica expérimentale et ambient. Une formule développée avec succès en 2014 sur son premier album, Asiatisch, qui l’avait propulsée au coeur de notre radar des “jeunes producteurs pleins d’avenir”. Même si, en 2015, Al Qadiri a concentré ses efforts sur Future Brown, le groupe qu’elle forme aux côtés de J-Cush et Nguzunguzu, elle n’a pas oublié sa carrière solo. En pleine tournée, la jeune femme a trouvé le temps de composer onze titres hyper puissants, dans la lignée des productions dévoilées sur Asiatisch.
Avec Brute, Al Qadiri continue d’exploiter le filon des sonorités orientales apposées sur des rythmiques bass music. Mais les similitudes avec ses précédents morceaux s’arrêtent là. Comme en témoigne sa pochette, représentant un Teletubby coiffé d’un casque de CRS, Brute est un disque plus grave, conçu comme une mise en scène de la violence moderne. Splendide résumé de l’aventure sonore que constitue Brute, “Power” a vite fait de nous rappeler Hadès de Mondkopf. Lent empilement de boucles lancinantes relevé par des cordes pincées et des samples de hang drum, ce morceau épique est, à l’image de l’album, un véritable coup de maître. (Thibault Strzelczyk)