Exclu : Rennes All Star, la compile techno 100% bretonne du label Human Disease Network
Le jeune label rennais Human Disease Network sort sa nouvelle compilation Rennes All Star 100% locale, où 11 tracks résument à eux seul le talent d’une scène soudée, au spectre large, et qui n’envie rien à personne. Du pur produit breton, à écouter en avant-première sur Tsugi.
Les terres bretonnes regorgent de festivals, collectifs ou labels qui veulent porter haut l’étendard d’une musique électronique fuyant les formats figés. On l’a remarqué par le tremplin du festival Astropolis (qui sélectionne chaque année une vingtaine d’artistes émergents sélectionnés parmi 300 candidatures), ou son label Dôme lancé cet été qui accompagne ses jeunes talents régionaux.
Un autre beau projet en vigueur : la compilation Rennes All Star du label Human Disease Network, fleuron de cette jeune et effervescente scène bretonne, et plus particulièrement rennaise. Son fondateur Simon Hamelin – alias A-Sim – a profité du confinement (une nouvelle fois) pour cristalliser le son électronique actuel de Rennes. Elle sort demain vendredi 18, mais la voici en écoute et en avant-première sur Tsugi.
Peux-tu me présenter le label et ses axes ?
L’idée du label est venue pendant le confinement, en faisant le constat des frustrations de l’ensemble de la scène électronique. Les labels repoussaient les sorties de peur que les ventes ne suivent pas, et pour avoir vécu cette situation pas mal de fois en tant que producteur, j’ai eu envie de proposer une formule DIY qui aille vite. Je me suis donné un peu de temps en réalisant le premier EP sous mon nom, et j’ai reçu une tonne de démos de qualité. Tout est allé super vite et j’ai pu planifier une sortie par mois jusqu’à la fin de l’année. Il n’y a pas vraiment de ligne directrice pour le label. J’ai envie de sortir de la musique qui me plaît, qui me touche, à l’image de ce que je fais moi-même sous l’alias A-Sim : un mélange des genres. Idéalement, je cherche des choses hybrides entre electro, bass music, breaks, techno… Mais ça ne m’a pas empêché de sortir 70’Network, un des poulains de Lobster Theremin, parce que j’avais craqué sur ses sonorités Lo-fi et résolument raw. En fait, il n’y a pas de règles, et si j’en largue quelques-uns au passage car ce n’est pas assez focus, tant pis.
Pourquoi avoir choisi de sortir cette compilation 100 % locale ?
Toujours dans le thème de la crise actuelle, je lisais les témoignages de gars comme Simo Cell qui prenaient la décision de retourner vivre en province, même si depuis des années, le discours était que pour réussir dans la musique, il fallait impérativement vivre à Paris. L’exode des artistes est un concept qui m’a toujours déplu. C’est pas comme si Internet n’existait pas et qu’on n’avait pas inventé le Ouigo. Rennes tient son lot de producteurs et de crews assez incroyables. Et le plus cool dans l’histoire, c’est que tout le monde se connaît et a envie de faire des choses ensemble. Cette compile s’est réalisée très rapidement de par ces connexions, en laissant la porte ouverte à qui voulait participer sans limite de style ou de notoriété. Au final, elle dessine un spectre assez large de ce qui se fait ici.
« Rennes tient son lot de producteurs et de crews assez incroyables. Et le plus cool dans l’histoire, c’est que tout le monde se connaît et a envie de faire des choses ensemble. »
Tu nous fais les présentations ?
Je n’ai pas vraiment choisi les artistes de la compile, mais bien leur musique avant tout. S’il a été naturel de proposer à des amis, d’autres sont venus vers moi.
Ringard : C‘est le boss du label Dance Around 88, on est sortis ensemble sur le premier Various artists du Label Dôme d’Astropolis lancé récemment. Il fait parti des acteurs incontournables de la scène house, et son morceau à 105 bpm était le parfait opener pour la compile.
DJ Psychiatre : On ne s’est pas encore rencontrés physiquement, mais j’avais entendu parler de lui. Il a direct été chaud et m’a envoyé le monstre qu’est « So Sorry For Delays« . Une vraie beauté de house samplée qui m’a rappelé l’excellent » Rhodes That » de Real J.
Evenn : On est amis depuis une quinzaine d’années et on a sorti pas mal de tracks ensemble, mais c’est aussi mon partenaire de B2B favori. Impossible donc qu’il ne soit pas dessus. Il produit majoritairement de la house, et à côté, des sons plus électro. J’avais déjà repéré son morceau depuis un moment, je suis hyper content qu’il sorte sur le label.
A-Sim : La plus gros charlatan de l’histoire de la production de musique électronique. Pour la petite histoire, ce morceau devait initialement sortir sur R&S Records. C’est cadeau.
Blutch : Une des figures d’Astropolis, j’avais croisé Blutch aux platines lorsque j’avais mixé sur la scène tremplin du festival en 2016. Ses sons sont hyper colorés et avec beaucoup de punch. « Castagne » ne déroge pas à cette règle.
Capon : Il m’avait envoyé des démos pour le premier Various artists du label. J’avais découvert ses sons plus techno sans forcément accrocher. Honnêtement, Capon excelle dès qu’il sort de sa zone de confort, c’est ouf.
DJ Padset (Vanadis) : Alias DJ Catastrophe et meilleure cuistot de la ville. Son créneau, c’est le contre-courant. Elle prend les codes et elle en fait ce qu’elle veut, advienne que pourra. C’est aussi la nana à booker le jour où on ouvre les clubs à nouveaux. Excellente DJ, excellente selecta.
Lemon Schaden : Un des membres du collectif Önd qui brille par ses plateaux décalés. Lemon, c’est le genre de mec qui n’a pas peur de tester des choses et de mélanger les éléments en respectant les codes, et ça mène parfois à des résultats surprenants.
Awz : J‘ai collaboré avec Awz sur son EP pour Housewax en arrivant à Rennes. Il a ensuite sorti son EP sur Charbon, et vu le style, je lui ai proposé de faire une collaboration avec 70’s Network pour le label. Son track est un hymne à la scène dance mania, et ça me parle à fond.
Klass Sirius : C‘est un duo du genre « setup machines », à tester plein de choses. Si « Horizon » est complètement techno, les gars ont plus d’un tour dans leur sac et collent parfaitement avec l’esthétique du label.
F.E.M (feat. Optim) : C‘est un peu la star de la compile (rires). Sans déconner, il a quand même sorti des classiques de clubs ces 10 dernières années, notamment sur le label de Kevin Saunderson. Rien que ça. Il est hyper gentil et à récemment lancé une chaîne YouTube de tuto sur la production techno. Et j’y ai même appris quelques trucs. Il m’a contacté avec ce track qui sortait un peu de ses standards et j’ai tout de suite adhéré. Chapeau l’artiste.
« Il y a énormément de crews qui organisent des soirées et façonnent le paysage rennais. Comme partout, on retrouve une tendance générale très techno, mais certains prennent des risques et le public sait se laisser surprendre par d’autres choses.«
À l’écoute, on sent effectivement que le spectre musical est large. Comment évolue-t-elle d’ailleurs, cette scène ?
Il y a énormément de crews qui organisent des soirées et façonnent le paysage rennais. Comme partout, on retrouve une tendance générale très techno, mais certains prennent des risques et le public sait se laisser surprendre par d’autres choses. Globalement, il y a de la place pour que chacun puisse faire ce qu’il a envie et s’exprimer en public. Gros big up à tous les acteurs qui font tourner le paysage rennais, comme Breakboost, Önd, Texture, ou encore Chevreuil pour ne citer qu’eux.
Comment s’annonce la suite pour le label ?
Encore et toujours des sorties. Notamment l’EP de Slowlife pour début octobre. C’est un projet techno sous un nouvel alias de quelqu’un que je suivais depuis 10 ans. Ça fait du bien de voir qu’il y a encore des talents, en techno pure et dure, capables de prendre des risques.