Et si le piratage était bénéfique pour l’industrie musicale ?
Et si le téléchargement illégal avait un rôle bénéfique pour la santé de l’industrie musicale ? Voici un questionnement qui, en prenant le contre-pied de la plupart des idées reçues, largement diffusées par les majors, a de quoi étonner. Difficile en effet de visualiser au premier abord l’intérêt que peut retirer une entreprise d’une forme très particulière de vol. Pourtant, il semblerait bien que le piratage profite dans une certaine mesure à l’industrie musicale. Selon Jonathan Lee, chercheur en économie à l’université du Queens, les labels et autres artistes verraient même dans certains cas leurs ventes augmenter grâce à la promotion engendrée par le piratage.
Dans une étude intitulée « Purchase, Pirate, Publicize: The Effect of File Sharing on Album Sales« , l’universitaire s’est attardé les effets qu’a pu avoir l’activité du site BitTorrent, célèbre plateforme de partage de fichiers sur les ventes digitales et physiques de musique. Le but étant de comprendre si le piratage profitait plus, autant ou moins aux entreprises auxquelles il porte également préjudice : « En théorie, le piratage musical peut faire baisser les ventes de disques puisqu’il propose gratuitement les mêmes fichiers mais peut également faire augmenter les ventes grâce au bouche-à-oreille qu’il génère. »
En s’appuyant sur des données extraites du site BitTorrent concernant plus de 250 000 albums et 4,8 millions de téléchargements, et en les comparant aux chiffres de ventes à la fois digitaux et physiques, Jonathan Lee est arrivé à une conclusion particulièrement étonnante. En effet, selon lui, le piratage porterait effectivement préjudice à l’industrie du disque, mais pas au point de la mettre véritablement en danger : « Suite à l’analyse des résultats, je suis en mesure de conclure que le partage de fichiers nuit statistiquement au marché de la musique, mais n’a un impact économique que très modeste sur les ventes légitimes de musique. Le partage de fichiers fait baisser les ventes de musique physique, mais au contraire favorise les ventes digitales pour les artistes faisant partie du tiers le plus vendeur, ce qui suggère que le bouche-à-oreille a plus d’impact sur le marché digital, mais également que la popularité de l’artiste tient aussi un rôle important. Le tiers le plus populaire se tire plutôt bien de la situation, le gain des ventes digitales compensant les pertes du physique. Le tiers le plus puissant des artistes perd des ventes physiques, mais celle-ci est partiellement comblée par une hausse des ventes digitales et au final, l’effet du piratage est quasiment nul. »
Un résultat plutôt étonnant que vous pourrez analyser plus longuement en feuilletant l’étude complète de Jonathan Lee disponible juste ici.