En écoute : « Contre-Temps », le nouvel album de science-fiction de Flavien Berger
« Je vais pas vous faire un album en deux jours ». Dans le robotique et entêtant « Deadline », Flavien Berger explique tout son propos de manière propice : à une époque où les nouveaux morceaux inondent les playlists toutes les semaines, le Parisien exilé à Bruxelles « mauvais pour les deadlines » a pris son temps pour ce nouvel album, conté comme « une urgence d’un an et demi » composée entre octobre 2016 et mai 2018.
Quand on pense à cette nouvelle vague de la scène française qui chante en français, Flavien Berger apparaît sûrement très vite dans la liste. Et c’est mérité. Aujourd’hui, après avoir parcouru les abysses dans son premier long-format remarqué Léviathan – grâce à « La Fête noire » et une tournée des Zéniths en première partie de Chris(tine and the Queens) en 2015 -, le chanteur s’élance dans un labyrinthe à travers le temps et l’espace, nommé Contre-Temps. Sonneries de téléphone, dialogues entre amis, cours scientifiques : on navigue entre des scènes banales, pourtant toutes différentes et étoilées. L’interlude « Medieval Wormhole » placé au milieu de l’album représente justement très bien cet esprit de quotidien dans un monde de science-fiction.
Même constat du côté du style : si les premiers singles étaient très marqués pop, le reste du disque découvre, tente et expérimente. Pour cela, le chanteur a abandonné GarageBand pour se mettre à Logic Pro. Résultat : on passe de morceaux très languissants aux allures de poèmes où la voix de Flavien Berger envoûte et embellit la mélodie, comme « Pamplemousse » et « Intersaison » à d’autres plus rythmés, à la manière des synthés déchaînés dans « A reculons » en collaboration avec Julia Lanoë – Rebeka Warrior, membre de Sexy Sushi et Mansfield.TYA pour les novices.
Mais qui dit Flavien Berger, dit forcément longs morceaux renversants. Comme dans Léviathan et son titre éponyme de presque seize minutes, il s’offre ici un « Contre-Temps » de quatorze minutes, accompagné de la délirante Bonnie Banane. Eloignée de leurs deux univers, c’est une épopée inédite qui nous est délivrée : entre moments planants où la voix remplace l’instrument, on se retrouve face à deux morceaux pop en un, une séquence a capella minimaliste, jusqu’à une symphonie finale surprenante.
Flavien Berger décrit Contre-Temps comme un « disque circuit qui se nourrit du fantastique et où se rencontrent l’impermanence et la sensation du temps qui passe ». Avec ce deuxième disque, celui qu’on compare (bien trop) souvent à Etienne Daho – ayant donné lieu à un morceau commun « Après le blitz » – crée sa contre-identité. A contre-temps.
En écoute :
Flavien Berger partira en tournée à travers la France dès le mois prochain, en passant notamment par l’Olympia le 19 novembre.
Retrouvez une interview de Flavien Berger dans le numéro 116 de Tsugi, à paraître en octobre.