En direct du Worldwide Festival 2016
Comme chaque année, au milieu de la foule du Worldwide, on aura plus entendu parler anglais que français et il ne fallait pas être fin sociologue pour comprendre que la colonie britannique descendue à Sète n’avait pas voté pour le « Leave ». Au besoin, le « Fuck Brexit » lâché en fin de festival par Gilles Peterson, accueilli par un « yeah » collectif venu du cœur, aura fini de convaincre les derniers incrédules. Peu de temps avant, le DJ anglais, instigateur de l’évènement, avait rappelé son attachement au festival, soulignant sa convivialité, sentiment d’autant plus palpable que cette année qu’il n’a jamais été aussi intime. Désireux de réduire la voilure, les organisateurs avaient ainsi choisi, pour la partie soirées, d’abandonner le Môle et ses 5000 places pour le Théâtre de la Mer, amphithéâtre magique planté face à la Méditerranée, mais à la capacité plus limitée — 1800 personnes. Sur place, pas un festivalier pour se plaindre de ce changement de décor.
Concerts face à la mer de 21h à minuit, suivis d’une reconfiguration judicieuse pour accueillir les DJ-sets, avec une cabine de DJ positionnée au milieu des gradins, donnant au lieu des airs de club à ciel ouvert. Alors bien sûr, la programmation aura un peu subi cette cure d’austérité, moins étoffée, surtout en comparaison avec l’année précédente, qui avait marqué le dixième anniversaire du festival. Néanmoins, avec des noms tels qu’Anderson Paak, Kamasi Washington, Matias Aguayo, Roni Size, Peven Everett, Motor City Drum Ensemble, Floating Points ou Four Tet, il y avait de quoi appâter le chaland un tant soi peu amateur de musique. Soirées affichant complet, artistes donnant l’impression de jouer à la maison et ambiance incroyable, il semble que le pari des organisateurs ait été payant.
Meilleur moment : précédé par les live impeccables et remuants de Peven Evrett et Quantic, offrant à la soirée du samedi une belle montée en puissance, le DJ set de Motor City Drum Ensemble aura marqué les esprits, enchevêtrement dantesque de beats massifs, de boucles vrillées et d’envolées disco, semblant monter d’un cran à chaque nouveau morceau. Ceux qui l’ignoraient en sont désormais convaincus : l’Allemand est l’un des meilleurs DJ au monde.
Pire moment : la finale de l’Euro, tombant en plein pendant les concerts de Kaitlyn Aurelia Smith et Floating Points. Pour le résultat que l’on sait.
Gérome Darmendrail