En direct du Rock Dans Tous Ses Etats 2016
On en aura pris des claques lors de cette 33e édition du Rock Dans Tous Ses Etats ! Si on a apprécié la pop légère et excentrique d’Alice On The Roof, ce sont les Havrais de NUIT qui ont véritablement lancé le festival. Sombre, puissant, électrique : un concert parfait de bout en bout. Direction ensuite Grand Blanc et leur électro pop galvanisante. L' »Amour Fou » et « Surprise Party » en tête, ils déroulent leur répertoire face à un public déjà tout acquis à leur cause. Mention spéciale pour leur reprise du « Qui est In / Qui est out » de Gainsbourg qu’ils ont su réhabiliter avec talent. On s’est marré ensuite avec les trublions de Naive New Beaters qui, à grand renfort de vannes entre « Shit Happens » ou « La Onda », finissent d’afficher un sourire radieux sur les visages des pandas, des loups, des licornes autres zèbres qui se promenaient dans le public.
La surprise Aaron et des madeleines de Proust
Alors que la nuit finissait d’assombrir le ciel, c’est le rap fiévreux d’Odezenne qui fit trembler la plaine. Du lancinant « Vodka » au légèrement trashy « Je veux te baiser », en passant par « Bouche à lèvres » ou le classique « Tu pu du cu », les Bordelais nous rappellent qu’ils jouent toujours aussi aisément avec les mots qu’avec nos nuques, trois jours après on sent encore les courbatures ! Happé par les premières notes de « Ton Invitation » de Louise Attaque, on file sur la grande scène, car oui, nous les madeleines de Proust, on aime ça ! Du coup, on a pris le temps de goûter à nouveau la douceur de « Léa » ou l’excitation des « Nuits Parisiennes ».
Après un passage rapide sous le chapiteau de la House Party d’Ed Banger vient l’instant gros riffs et voix cristalline : les Stuck In The Sound. Sans doute l’un des meilleurs concerts du weekend. Que ce soit avec « Toy Boy », « Pop Pop Pop » ou encore « Tender », le groupe alterne les ambiances, tantôt obscures, tantôt lumineuses, devant un public complètement surexcité.
Stuck In The Sound – © Sigried Duberos
Pour être honnête, on pensait surtout passer voir Aaron en coup de vent le premier soir. Grosse erreur : on a fini par faire le concert en entier. On ne sait pas trop si c’est la présence scénique incroyable de Simon Buret ou bien ces sonorités électroniques lourdes (mais jamais pesantes) qui nous ont scotché, mais il faut bien reconnaître que l’ensemble avait tout d’une folle épopée lunaire. Du coup, on aura finalement passé très peu de temps avec le crew Ed Banger, mais vu la folie qui régnait sur le dancefloor lors du « Tainted Love » final, gageons qu’ils ont fait le boulot avec brio, comme toujours. Pour terminer, ce sont les 2ManyDJs qui passaient derrière les platines. Et là, même si nous n’avons pas boudé notre plaisir en dansant d’un bout à l’autre de leur set, un constat s’impose : le duo semble jouer encore et toujours les mêmes morceaux depuis cinq ans. On aurait aimé entendre « Turn Off The Lights » ou encore « Ti Ricordi Di Me » de la B.O. de Belgica, par exemple. Dommage.
C’est reparti pour un tour !
Ce sont les bonnes grosses vibes du shoegaze popisé de Bantam Lyons qui nous attendaient dès notre arrivée sur le site le samedi. Et les Bretons sont connus pour leur sens de l’accueil : le quatuor nous a gentiment baladé dans les grandes plaines du nord-ouest, entre pluie ombrageuse et douce mélancolie.
Direction le blues-beatbox d’Heymoonshaker. Andy Balcon et Dave Crowe sont depuis longtemps rompu à l’exercice de la scène, les rythmiques du second offrant toujours un relief sans commune mesure à la voix éraillée du premier. Gros concert ! On a aussi pris un beau revers de la main avec l’ovni hollandais Dollkraut et son kraut-rock tirant vers l’acid. Ce fut ensuite le tour de Papooz sur la grande scène. Léger et nonchalant, leur show sentait bon les 80’s, les cocktails multicolores sur la plage et les corps dénudés, le tout sur fond de coucher de soleil, timing parfait ! On a passé notre tour pour Hyphen Hyphen afin de garder des forces pour le post-punk survolté de Parquet Courts. On a bien fait ! Emmené par Andrew Savage et Austin Brown, le quatuor nous aura tout bonnement mis sur les rotules, le genre de concert où les riffs de guitare fleurent bon les nuits de Brooklyn, brutes, sombres et électriques. Un bonheur !
Heymoonshaker – © DR
Après avoir repris un peu de légèreté avec Orelsan et Gringe, toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de ne pas se prendre au sérieux, on a fait l’impasse sur Converge. Non pas qu’on ne goûte pas bien volontiers aux grosses rafales de hardcore du groupe New-Yorkais, mais à cette heure, on avait soif de frénésie électronique, et Madben nous tendait les bras avec sa techno puissante, directe et mélodique. A peine le temps de fermer les yeux devant les enceintes que la grande scène se rallumait une dernière fois. Method Man et Redman entrent en piste, on fonce. En l’espace d’un instant, on retourne à la Grosse Pomme en mode baggy et backcap ! Ca sent la sueur dans toute la plaine qui s’embrase sur le hip-hop des deux compères. Grosse ambiance, à telle point que l’on aurait pu penser à un concert de clôture. Mais c’est bien à Etienne de Crécy que reviendra l’honneur de fermer la marche. De « Smile » à « Night », en passant par « You » et « WTF », il revisite son Super Discount 3 dont les synthés hypnotiques accompagnent à merveille les pas de danse des derniers irréductibles restés jusqu’au bout de la nuit. Un show final qui met un terme de fort belle manière à cette superbe édition de ce bastion de la musique live ! Well Done RDTSE !
Meilleur moment : il y en aura exceptionnellement deux, à savoir les concerts de Bantam Lyons et NUIT. Impressionnant !
Pire moment : le festivalier visiblement un peu trop éméché qui beugle « Je te baise avec une bouteille de vodka » sur Odezenne. On aurait pu s’en passer. Vraiment.