En direct du Pitchfork Paris 2014 : jour 1
On ne vous apprendra rien en vous rappelant qu’on est voisins de la Grande Halle de la Villette à Tsugi. En fait, on a juste à traverser le parc, c’est vous dire. Depuis trois jours, comme un teaser, on a donc eu droit au va-et-vient des camions apportant le matos. Les lettres rouges du Pitchfork Music Festival ont remplacé celles d’un énième événement de poker, et il ne nous en fallait pas plus pour amorcer ce processus du filet de bave qui coule au coin de la bouche. Non, en fait la bave avait déjà commencé à couler suite à l’annonce du line-up, une nouvelle fois composé de rêve, de rêve et de rêve, pour un festival qui n’en est qu’à sa quatrième édition, et qui s’est pourtant déjà largement imposé sur la scène des événements musicaux d’Ile de France et de Navarre.
Premier jour donc, et c’est le grand James Blake qui se retrouve à l’affiche. Mais ça, c’est si on commence par le meilleur et par la fin, donc nous y reviendrons. Avant cela, on s’est tout de même essayé au bowling mis à disposition par Smart, on a glissé, on est tombé et on n’a certainement pas gagné. Au baby-foot, par contre, c’était une autre histoire, mais passons, si Pitchfork revêt par instant des allures de centre aéré pour adultes qui boivent de la bière et mangent des burgers, n’en oublions pas l’essentiel : la prog’. Le groupe Ought a ouvert la voix à How To Dress Well, une belle voix oui, trouvant un agréable refuge dans un r’n’b rénové, mais qui nous a quand même rappelé qu’il n’y avait bel et bien qu’un seul et unique James Blake. Tout comme il n’y aura qu’un seul et unique Mogwai. Parce qu’il s’agit bien là de la première gifle de la soirée, gentiment amorcée par la folie parfaitement maîtrisée des Allemands de The Notwist. Mais il y a Mogwai et ses déflagrations en rafales, Mogwai et ses plages noires, Mogwai et ses guitares qui grésillent, saturent, ou glissent tout simplement en écho dans la Grande Halle.
Jon Hopkins se chargera par la suite de réveiller les Revenants blindés d’acouphènes que nous sommes, avec un live calibré, qui s’est révélé idéal pour se mettre en jambes avant l’apparition divine de James Blake. Divine, oui. Parce qu’il faut réaliser qu’on se trouve face à un bonhomme d’à peine 26 ans, qui en est déjà à son deuxième Pitchfork, qui a déjà remporté le Mercury Prize, c’était l’année dernière, et qui a tout simplement rénové le paysage musical électro de ces dernières années. Tout en simplicité, mais une simplicité puissante, grave, l’Anglais livre quelques-uns de ses plus grands succès, d’un « Limit To Your Love » de soie à un « Life Round Here » de velours, sans oublier un « The Wilhelm Scream » abyssal. La voix est juste sublime, le beat semblable à un battement de coeur, et le grand, l’immense James Blake en livre son exercice de style le plus abouti sur « Retrograde ». Il terminera ce premier jour tout en simplicité, comme il sait si bien le faire, sur un piano-voix religieux.
Meilleur moment : « Retrograde », de très loin.
Pire moment : on n’a pas été super fan du live de The War On Drugs.