En direct du festival Roscella Bay
La météo étant avec nous en ce dernier week-end de septembre, on a voulu profiter de l’été indien en se rendant au bord de l’océan. Plus précisément à La Rochelle où se tenait la deuxième édition du festival Roscella Bay. Soleil, bon son et fruits de mer !
Evidemment on connait tous de La Rochelle ses Francofolies, festival établi depuis une trentaine d’années et consacré aux artistes francophones. Mais depuis l’été dernier, on peut aussi compter sur le nouveau venu Roscella Bay pour lui faire un peu d’ombrage sous le soleil charentais. Au programme : beaucoup de house, de groove, un soupçon de jazz et une pincée de techno. Malins, les jeunes organisateur – 25 ans de moyenne d’âge – ont su convaincre la mairie de pouvoir utiliser la friche du Gabut, un ancien chantier naval situé sur le vieux port. Avec un tel spot, industriel et recouvert d’œuvres de street-art, entouré de voiliers et au pied de la tour Saint-Nicolas, pas la peine de trop forcer sur la déco. L’ambiance portuaire se suffit à elle-même.
Jacques et Secret Value Orchestra, sensations du samedi
Jacques à la coule
Malgré l’été indien ce n’est pas Joe Dassin – RIP – qui nous accueillit sur les lieux mais bien Jacques, assis en tailleurs sur une scène qui lui avait été spécialement consacrée. Programmé relativement tôt dans l’après-midi – 16h – il a livré sa performance en petit comité, ce qui lui offrait une belle communion avec le public. « Merci à ceux qui m’ont ramené des objets. D’ailleurs, si vous en avez d’autres je suis preneur » lança t-il à la cantonade avant de promettre un live « spécial après-midi ensoleillé ». Le co-fondateur du collectif Pain Surprises a livré un set ludique de « techno-transversale » comme il la définit lui-même, utilisant tout à la fois ses machines et de nombreux accessoires – cloche, ciseaux, robot-mixeur, jouets… – enregistrés et samplés en direct via un micro piezo. Une vraie performance basée en grande partie sur l’improvisation et un Jacques toujours aussi enthousiaste, tel un enfant qui aurait transformé sa chambre bordélique en un petit laboratoire électronique.
Après une promenade de santé dans le vieux La Rochelle nous revenions pour le DJ set de l’anglais Funkineven qui a décidément les oreilles tournées vers les USA et vers Detroit en particulier. House à la Moodyman, passages plus acid et un final techno avec « Timeline » d’Underground Resistance. 20 heures à peine et le public, arrivé entre temps en nombre, était déjà déchaîné, tandis que sur scène Jim Irie de Discomatin nous gratifiait d’une danse circulaire dont lui seul a le secret. Deuxième événement de la journée, le concert des français Secret Value Orchestra du label D.KO. De la house, du garage et même un peu de drum’n’bass jouée et chantée en live. Un quintet composé d’un chanteur, d’un bassiste, d’un clavier, d’un chargé des rythmiques électroniques et d’un cinquième personnage, masqué, s’occupant du reste des machines. Si leur house-garage s’inscrit dans la plus pure tradition du genre, très influencée par le son new-yorkais des années 90, on ne peut que saluer le parti pris de se produire ainsi sous la forme d’un vrai groupe. Auteurs pour l’instant d’un seul EP on est persuadé que ces petits frenchies iront loin. La fin de la soirée avait été confiée à Bambounou, jouant à la fois sur CD et sur vinyles et on s’amusait de le voir nettoyer ces derniers avec application avant de les déposer sur la platine. Il offrit un set bien construit entre techno groovy et acid-house avec mêmes quelques surprises comme le classique « Plastic Dreams » de Jaydee.
Funkineven et le danseur Jim Irie
Ambiance familiale le dimanche
De retour le dimanche en fin d’après-midi après un passage obligé en bord de mer, on retrouvait le groupe parisien Cotonete pour une session de rare-groove empreinte de jazz et de funk et appuyée par une section cuivres bien fournie. L’espace d’un instant, nous étions transportés entre le Duc des Lombards, les arènes de Vienne et le New Morning. Bercés par les rayons du soleil rasant, nous profitions d’une ambiance plus familiale que la veille, avec un parfum de kermesse, certains dégustant des huitres, d’autres jouant à la pêche à la ligne quand les plus téméraires se lançaient dans un concours de lancer de charentaises, une spécialité locale. Marcellus Pittman de Detroit se chargeait de nous faire danser une dernière fois entre house, techno et disco, un peu à la Body & Soul, simple et efficace. On repartait ravis de notre week-end avec une impression très positive sur ce Roscella Bay. Un ligne artistique claire : le groove sous toutes ses formes, un spot parfait en plein centre-ville et chargé d’iode marine, un événement à taille humaine et convivial – une jauge limitée à 1600 personnes – bien loin des festivals « usine ». La friche du Gabut ne pourra, à priori, pas être utilisée l’année prochaine pour cause de fouilles archéologiques. Mais les organisateurs nous ont promis de dénicher un lieu tout aussi magique.
Secret Value Orchestra, plus secrèt pour très longtemps
Meilleur moment : La musique, le lieu, la météo : tout collait parfaitement !
Pire moment : On a visiblement bien fait d’esquiver les afters bondés en club le samedi soir.