En direct du Caprices Festival en Suisse
De Lausanne, prendre un train en direction du canton du Valais. Longer le Lac Léman jusqu’à Montreux puis remonter la vallée du Rhône jusqu’à la ville de Sierre. Autant vous le dire, avec le beau soleil d’avril, on en a pris plein la vue rien que sur le trajet. De Sierre, prendre enfin un funiculaire jusqu’à Crans-Montana, 1000 mètres plus haut. Station chic construite dans les années 1960/1970, Crans-Montana possède le charme désuet des aménagements de cette époque. Si la jet set internationale lui préfère désormais Gstaad ou Zermatt, la station valaisanne renferme encore plusieurs terrains de golf, un casino, des cliniques privées… Bref, tout pour accueillir une clientèle aisée amatrice de grand air, de montagne et peut-être… de chirurgie esthétique. Mais si nous sommes venus là en ce week-end d’avril ce n’est certainement pas pour nous prélasser dans l’un des nombreux spas des hôtels du coin ni pour se dorer la pilule dans un transat face au Cervin et autres sommets de 4000m qui font la beauté de la région. Car ce week-end se tenait à Crans-Montana le festival Caprices, l’un des plus importants en Suisse consacré à la musique électronique. Il ne l’a pas toujours été, ayant pris un virage 100% électro depuis seulement deux ans, après 10 éditions et une programmation alors plus généraliste.
L’ambiance est d’ailleurs donnée dès notre sortie du funiculaire où l’on croise finalement plus de jeunes clubbeurs en goguettes une bière à la main que de sportifs du dimanche une paire de ski sur l’épaule. Mais notre périple pour atteindre le « Saint Graal », en d’autre terme le dancefloor de l’après-midi, n’est encore pas terminé. Il nous faut maintenant emprunter une télécabine nous transportant à 2200 mètres d’altitude, là où a été posée « Mdrnty », la fête de jour du Caprices. Sous une tente transparente, la chaleur accablante tranche avec l’ambiance hivernale qui règne encore sur les plus hauts sommets nous faisant face. Derrière les platines, le Français Dan Ghenacia a remplacé au pied levé le duo new-yorkais Martinez Brothers qui a fait faux bond. Un mix house de bonne tenue qui nous permet de nous acclimater en sirotant une Marmotte… la bière locale. C’est au tour de Jamie Jones de s’occuper de la sélection musicale, prenant lui aussi une direction house Ibiza parsemée de quelques classiques techno comme l’inoubliable « Model 8 » de Lemon 8. Il est déjà temps de redescendre à la station où se déroule la deuxième partie de la fête, nocturne, sur un dancefloor fort justement intitulé « The Moon ». On zappe un peu Apollonia – on a déjà vu Dan Ghenacia l’après midi – histoire de se reposer un peu du trajet et d’être en pleine forme pour profiter à plein du set du maître de la house, Kerri Chandler. Garage, deep-house, l’Américain déroule un mix impeccable sur lequel il se permet de temps à autres quelques improvisations au clavier. On y reconnait ses classiques comme « Bar A Thym », prélude à un final très orienté early house avec notamment du Todd Terry (« Can You Feel It »), « Pacific State » de 808 States ou encore « Rich In Paradise » de FPI Project. De quoi faire plaisir aux anciens, venus en nombre ce soir-là. La fin de la nuit est confiée au duo Helvétique Adriatique, dont un seul membre est présent ce soir-là. Il déploie une house assez musclée et minimale à la Radioslave avant de monter progressivement vers une techno groovy et mélodique. Plutôt une bonne surprise.
Le lendemain, nous voilà reparti pour la tente tropicale Mdrnty où se déroule un bien étrange manège. Craig Richards, Seth Troxler et Ricardo Villalobos se produisent en B2B toute l’après-midi devant une foule en transe. Lorsque l’on pénètre dans l’endroit, nous sommes accueillis par le mythique track « Age Of Love ». Plutôt sympa comme mise en jambe. A l’image de la Suisse, le public est multilingue, on y entend pêle-mêle du français, de l’allemand, de l’italien et bien évidemment de l’anglais. Si Craig Richards se montre plutôt discret, Seth Troxler vêtu d’un t-shirt « Dumb Trump » est déchaîné, dansant comme un diable quand il ne plaisante pas avec Ricardo… lorsque ce dernier n’est pas occupé à distribuer des bisous au public. Age of Love, on vous disait. On refait un tour de télécabine pour se retrouver dans un restaurant/club d’altitude nommé le Cry d’Er situé dans une autre partie du domaine skiable. C’est là que l’on peut profiter du seul live programmé durant le festival, celui du canadien Mathew Jonson. Un live renouvelé, plus deep et house que ce que l’on connaissait de lui dans lequel on n’entendra pas « Marionnette » ou « Decompression ». Une bonne surprise fut aussi de retrouver sur le dancefloor, au milieu du public, un Seth Troxler décidément très en forme et venu profiter de la performance de Mathew Jonson comme n’importe quel festivalier. On redescend en station pour le final très techno de Ben & Marcel – Dettmann et Klock – qui jouent l’un après l’autre et non en duo. Une musique d’exutoire et de défoulement, parfaite conclusion de notre escapade helvétique !
Meilleur moment : La chaude ambiance – dans tous les sens du terme – durant le set en B2B de Villalobos, Troxler et Richards.
Pire moment : Renoncer à skier en voyant les conditions. Le domaine skiable de Crans-Montana est orienté plein sud. Début avril, il ne reste plus grand-chose pour tailler des courbes.
Report, photos et vidéos : Nicolas Bresson