En direct de Woodkid au Zénith de Paris
Souvenez vous, c’était l’hiver dernier, il y a un siècle, une éternité. Yoann Lemoine, réalisateur de clips musicaux et publicitaires sort un premier album sous le nom de Woodkid. Sur les réseaux sociaux, les “anti” et les “pour” s’écharpent, à grand coups de “beurk, c’est un pur produit marketing” contre “n’importe quoi, sa personnalité est unique”. On a choisi le second camp sans qu’aucun virement ne soit fait sur notre hypothétique compte en Suisse. Quasiment un an plus tard, The Golden Age a conquis, et c’est tant mieux, bien au delà du cercle Tsugi-Les Inrocks-France Inter qui, les premiers, ont défendu mordicus le projet sous les bombinettes d’un quarteron de tristes ayatollahs en soutane.
Woodkid est donc au Zénith, au propre comme au figuré. Cela nous avait déjà frappé lors de son premier concert au Grand Rex, mais le phénomène est multiplié dans la salle de la Porte de Pantin : Woodkid est acclamé aussi bien par les hipsters en bonnet, les filles du Nüba, les groupies de Brodinski, les mecs du Lautrec, que par les “boys et girls next door”, les garçons coiffeurs, les ex-bobos, les nouveaux chômeurs, les bérets rouges, et les familles avec enfants. Comme en témoigne ces quatre gamins hystériques entre 6 et 11 ans assis devant nous qui avions zappé le coin VIP pour vivre le concert au milieu du vrai peuple de The Golden Age. Qui a vibré, sauté et même dansé tout au long d’une performance grandiose d’une heure quarante top chrono. “Je vais vous faire tout l’album plus quelques nouveaux morceaux” Yoann annonce d’entrée le programme d’une voix beaucoup plus assurée qu’il y a quelques mois. Même si l’on le sentira souvent submergé par l’émotion au cours du concert. Les multiples “on t’aime” lancés depuis la fosse, plus la présence chaleureuse à ses côtés d’une trentaine de cordes, de trois cuivres, trois batteurs et d’un clavier, l’ont conforté : non Woodkid, tu n’es plus tout seul.
Tenant la scène comme un Iron Man, Lemoine a montré une stature imposante, qu’on ne soupçonnait pas. Pris par moments de secousses épileptiques, dansant et sautant à d’autres instants comme un possédé sur l’avant-scène au milieu de la fosse, il brûle d’une flamme rare que les éternels rabat-joies ne parviendront pas à éteindre. On pourra bien sûr lui reprocher parfois une certaine monotonie dans les mélodies, mais les deux nouveaux tracks qu’il nous a présenté, dont le tellurique “Go”, explorent une voie carrément dancefloor qui lui va très bien et qui rend hystérique la foule parisienne. Un succès qui est aussi comme il le fait justement remarquer celui d’un label indépendant. Si “The Golden Age is over”, celui de Woodkid ne fait que commencer.
Meilleur moment : l’enchaînement “Go” / “Run Boy Run” qui a fait se soulever le Zénith.
Pire moment : un light show aveuglant par instants. On avait oublié les lunettes de soleil.