En direct de…Rone à la Cigale
Hier soir, le jeune prodige de la scène électro française présentait son nouvel album « Creatures » (Infiné, sortie ce lundi 9 février) devant une Cigale pleine à craquer.
Haut perché sur scène, au beau milieu d’une sorte de rocher design, comme un cratère sur sa propre planète, Rone apparaît derrière une panoplie de machines qui vont nous embarquer en voyage pendant une heure et demie.
On retiendra notamment le thérémine, l’un des premiers instruments électroniques en forme de baguette, avec lequel Erwan semble s’être beaucoup amusé, le caressant, le repoussant, le chatouillant de haut en bas, fier de le présenter aux 1300 et quelques personnes venues l’acclamer.
Derrière lui, un écran géant, tantôt envahi de pluie de comètes ou de flash fluos colorés, tantôt habillé de petits monstres qui ornent l’univers de son nouvel album, dessinés par sa copine Aurélie alias Liliwood. De petites créatures souriantes qui donnent un côté léger, presque naïf, à sa musique si profonde.
Le décollage se fait au son de « Freaks », morceau claquant enregistré avec le violoncelliste Gaspar Claus.
Puis, histoire d’accueillir son public comme il se doit, Rone prend le micro ! Une prouesse pour ce timide maladif, qui est définitivement de plus en plus à l’aise devant la foule. Il se tortille un peu pour dire son bonheur d’être là, et pour annoncer qu’il va surtout jouer des nouveaux morceaux : « J’espère que ça vous plaira », lâche-t-il avec un petit rire.
La suite ? Une déferlante de morceaux puissants, ré-haussés de kicks droits couleur techno peu présente dans l’album. Car si la finesse onirique d’Erwan fait mouche sur « Creatures », ses chansons prennent sur scène une dimension fracassante. C’est d’ailleurs dans ces moments qu’on se rappelle avec joie qu’il est un vrai musicien, aux multiples palettes, et qu’il ne sert pas simplement des productions prémâchées.
Rone à la Cigale, c’est un show, avec des lumières millimétrées et même une explosion de confettis… Artifice finissant d’afficher sur tous les visages de grands sourires ! Rone n’a plus qu’à envoyer son attirail de batteries survitaminées, le public est conquis.
Seul regret, l’absence de featurings, pourtant très présents sur le disque. On aurait adoré voir Etienne Daho hier, alors qu’il avait été victime d’une sale rumeur la veille sur Twitter : mercredi après-midi, le tweet « Étienne Daho vient de nous quitter. RIP. » avait affolé la sphère. Il est bien vivant, mais n’était pas à la Cigale malgré tout. François Marry (François & the Atlas Moutains), Bachar Mar-Khalifé, Sea Oleena ou Bryce Dessner (de The National) aurait aussi pu apporter la face organique et acoustique que Rone a tant mis en avant sur l’album. Pas grave ! Même seul sur scène, Rone a baladé son public…
Et c’est avec le mythique « Bora » qu’il a finit de l’achever. Quelle émotion lorsqu’on pense qu’il a composé ce morceau seul dans sa chambre il y a presque dix ans, publié sur MySpace, bien loin d’imaginer ce qu’il lui arriverait ensuite. Rone l’artiste a pris beaucoup d’assurance, mais Erwan Castex n’oublie pas d’où il vient. Il finit à genou sur scène, offrant quelques poignées de main et câlins au premiers rangs.
Puis il revient une dernière fois pour balancer « Ouija », l’un des premiers extraits de « Creatures », en forme de remerciement pour cette soirée de communion avec ses très nombreux fans.
« J’espère que ça vous plaira », disait-il en début de live… On a déjà hâte de voir le prochain.
Etienne Geremia