Un seul mot suffit pour rĂ©sumer la deuxiĂšme journĂ©e du festival Parisien : Portishead. On a rarement vu un concert faire une telle unanimitĂ©. Certes il y a toujours quelques grincheux qui trouveront que c’est trop ceci ou pas assez cela, mais ont ils seulement vu le show des Bristoliens ? Trop occupĂ©s Ă  descendre des pintes (plus chĂšres que dans les autres bars du festival il faut le signaler) dans le carrĂ© VIP en racontant leurs vacances.

“Sublime”  c’est le qualificatif qui est revenu le plus souvent au sujet d’une prestation qui a Ă©tonamment trouvĂ© dans la dĂ©mesure champĂȘtre de Rock En Seine, le cadre idĂ©al pour s’épanouir. On retiendra, outre les frissons provoquĂ©s par l’insurpassable “Glory Box”, l’enchaĂźnement dĂ©ment entre un “Wandering Star” trĂšs dĂ©pouillĂ© et un “Machine Gun” limite hardcore, portĂ©s une bouleversante Beth Gibbons dont la voix n’a pas bougĂ© depuis le premier concert de Portishead Ă  l’ElysĂ©e Montmartre Ă  Paris, il y a de cela vingt ans. Sublime, forcĂ©ment  sublime.

Bien avant cela, sous quelques timides rayons de soleil, sur la scĂšne de l’Industrie, on a beaucoup aimĂ© la pop agile de ALB, sa bonne humeur dĂ©contractĂ©e qui arrive mĂȘme Ă  nous faire apprĂ©cier un solo de batterie. Dommage que la nuit ne soit pas tombĂ©e un plus vite pour mieux goĂ»ter ses compositions ciselĂ©es et pour certaines tubesques (“Whispers Under The Moonlight”).ALB

On est passĂ© rapidos devant Emilie Simon, juste Ă  temps pour la voir reprendre (massacrer?) avec un orchestre symphonique “I Wanna Be Your Dog” des Stooges. No comment. 

On l’a dĂ©jĂ  soulignĂ© hier, mais cette annĂ©e les dĂ©guisements sont Ă  l’honneur, tout comme la prĂ©sence d’un fort contingent anglo-saxon. Un bon point pour Rock en Seine qui arrive Ă  faire dĂ©placer en masse un public Ă©tranger qui a pourtant tout ce qu’il faut chez lui. On a donc croisĂ© des Spiderman, des panthĂšres, et des gens mystĂ©rieusement maquillĂ©s avec deux traits rouge et blanc sur les joues. Ce ne sont quand mĂȘme pas des supporters de l’As Monaco ? Si quelqu’un peut m’éclairer sur l’explication de cette Ă©trange pratique, je suis preneur. 

Un sandwich au figatelli plus tard, nous voilĂ  devant Joey Bada$$, exception hip hop d’un Rock En Seine pas trĂšs portĂ© sur le style. Le jeune prodige New Yorkais de Brooklyn, hĂ©ros d’un revival classic old school nous a bien plu. Une belle Ă©nergie communicative, une fraĂźcheur rĂ©jouissante mĂȘme lorsqu’il recycle les vieilles scies “Jump Around” (House of Pain) ou “The sound of the police” (KRS One) ou mĂȘme le plus rĂ©cent “Niggas In Paris” (Jay Z & Kanye West). Tout un potentiel qui ne demande qu’à Ă©clore. L’éclosion de François & The Atlas Mountain, s’est elle dĂ©jĂ  produite au Printemps. La scĂšne est leur domaine et ils arrivent toujours Ă  transcender la dĂ©licatesse qui Ă©mane de François pour que cela ne tombe jamais dans la miĂšvrerie. Un moment de grĂące qui a malgrĂ© tout eu un peu de mal Ă  trouver son public. Logique puisque le concert de Portishead n’était pas terminĂ© alors que dĂ©marrait celui du pĂ©taradant, Flume

Version light d’une EDM de supermarchĂ©, l’Australien a conquis son public en alternant beat dubstep, clin d’Ɠil hip hop et grosse pulsation techno. Baillements. on s’est cassĂ© voir The Horrors. On a tellement dĂ©testĂ© leurs deux derniers albums que nous avions une certaine curiositĂ© Ă  voir le groupe de Faris Badwan en live. On a failli ĂȘtre rĂ©conciliĂ©. “Failli” seulement car sur la longueur leur noisy-punk-goth manque trop sur scĂšne de subtilitĂ© pour ĂȘtre passionnant. Reste quelques beaux moments, quand la machine s’emballe sur un beat quasiment techno.

Sur le chemin du retour, on s’arrĂȘte pour Rage Against The Machine. Ah non c’est The Prodigy. Bizarre comme l’inusable groupe Anglais peut sonner comme une pĂąle du gang de Zak de La Rocha. Bruyant et lourdingue.

Cette derniĂšre mauvaise impression ne doit pas gĂącher le plaisir d’une journĂ©e oĂč l’on a sans doute vu l’un des meilleurs concerts de l’histoire du festival. A tout’

Meilleur moment : Portishead bien sûr.

Pire moment : L’agression sonore de The Prodigy.