En direct de… Nuits Sonores 2015, épisode 1.
Événement incontournable de la scène électronique française, le festival Nuits Sonores fête cette année son 13ème anniversaire. Et autant être clairs, l’organisation a mis les petits plats dans les grands pour accueillir le public et les artistes.
Si vous n’avez jamais approché l’ancien marché de gros de Lyon un soir de Nuits Sonores, vous pouvez vous faire une idée de l’ambiance en pensant à la queue du Berghain, effervescente et fébrile à la fois, attendant patiemment un graal entièrement fait de béton, n’appercevant que de la lumière colorée et de lourdes basses. Excitant.
Après un passage par La Sucrière et sa soirée d’inauguration un peu trop centrée autour du chill-out, nous arrivons sur le lieu du main event… Vide. Il faut dire qu’il est encore tôt alors qu’Answer Code Request prend les commande de la Halle n°2. Fort heureusement en quelques minutes les lieux deviennent beaucoup plus fréquentés et le berlinois estampillé Ostgut Ton peut se faire plaisir en oubliant le concept de warm-up. La demi-mesure, ce n’est pas son truc, il préfère entrer directement dans le vif du sujet et il faut croire que ce soir là à Lyon ils sont nombreux à apprécier cette façon de penser. La techno y est dure mais juste.
Une halte rapide au bar et nous nous dirigeons sans le savoir vers le point d’orgue de ce 1er soir. Oui il est arrivé tôt, à 22h30 pour être précis et il s’appelle Nils Frahm. Entouré d’une petite dizaine de synthés, d’un piano à queue, d’une paire d’orgues et de quelques boites à rythmes, le pianiste préféré des technophiles remporte les faveurs d’un public à la fois très ému et surexcité. Après la déferlante de basses bien vénères d’Answer Code Request, Nils Frahm apaise les esprits avec un live à faire pâlir Nicolas Jaar et dont la beauté n’a d’égale que sa technique. Impressionnante.
Mais pas le temps de se reposer, aux Nuits Sonores le programme est chargé. Retour à la Halle n°2 pour le live très attendu de Voices From The Lake aka Donato Dozzi & Neel. Enchainant longue montées et empilages de nappes, le tout rythmé par un kick ravageur, les deux italiens allient l’énergie de la musique de danse aux expérimentations les plus osées. Le résultat se classe sans aucun doute dans la catégories des beaux lives de 2015. Chapeau.
A ce moment là, le calme plat du début de soirée s’est transformé en marée humaine et arrivés devant la halle n°1 débordant de corps humains qui accueille à ce moment là Recondite, l’idée de rebrousser chemin traverse nos esprits. Après 5 minutes à hésiter nous décidons de tenter le coup et nous ne sommes pas été déçus puisque comme à son habitude le berlinois a gratifié son public d’une performance à la fois froide et fédératrice. Comme un pansement que l’on arrache vite, il laisse une impression de satisfaction mêlée à un peu de douleur, mais de la bonne douleur, dans le sens le plus masochiste du terme.
Après cette torture tout à fait sympathique retour à la halle n°2, face à Factory Floor. Le duo londonien s’est sûrement donné pour objectif de sonner le plus noise possible, rendant sa techno noire très humaine, à la façon d’un groupe de shoegaze reconverti en expérimentateurs électroniques. Une approche rare qui fait tout le charme de ce duo unique. Plus tôt, nous avions trouvé la force de braver la foule pour assister à la performance de Recondite, mais pour le set de Tales Of Us nous échouons lamentablement tant la halle n°1 est bondée. En guise de compensation nous trouvons Kink. Oui, on a connu pire comme alternative. Alors que la techno est reine aux Nuits Sonores, il s’emploie à créer un hybride entre live et Dj-set le plus house possible. Trompettes, anthems rassembleurs, tout l’attirail 80’s est présent pour amener un peu de chaleur à Lyon. Hyper technique, sa prestation ne laisse personne de marbre et même les mâchoires les plus serrées esquissent des sourires.
Notre dernière halte se fait à la halle n°1, toujours pleine à craquer pour le back to back événement entre Agoria et Mano Le Tough. Nous constatons bien que 1 génie + 1 autre génie = un set hyper efficace. C’en est fini pour nous, tant pis pour Daniel Avery, qui nous n’en doutons pas a comme à son habitude enchanté son public. Nous on doit se lever tôt, après tout il faut bien que quelqu’un vous raconte ce qu’il se passe ici. Ce soir on remet le couvert avec le traditionnel circuit des clubs qui s’annonce encore une fois magistral, mais ça vous le lirez demain dans notre épisode 2.
A demain !
© Anne Simonnot & Nicolas Dartiailh