En direct de Massive Attack au Zénith
Petite précision : pour fêter son grand retour dans les bacs (un EP, Ritual Spirit, est sorti fin janvier laissant présager de nouvelles sorties dans les mois qui viennent), Massive Attack s’est offert deux Zéniths de Paris ce week-end. Deux soirées bien différentes : alors que le concert du samedi s’est déroulé sans encombres, la soirée de vendredi a été marquée par de nombreux problèmes techniques… A tel point que le groupe a fini par sortir de scène, laissant quelque temps les spectateurs en plan. Nous n’étions là que le lendemain.
On le saura pour plus tard : arriver deux heures en avance pour un concert de Massive Attack ne sert pas à grand-chose. Pas de fans transis par le froid (ou transis tout court) attendant aux barrières, pas de groupies avec les visages de 3D et Daddy G imprimés sur le tee-shirt… Mais plutôt des crânes dégarnis, quelques cheveux blancs et pas mal de petites bedaines dans ce public de la première heure. On aurait tendance à l’oublier, mais le mythique premier album de Massive Attack, Blue Lines, fête cette année ses 25 ans, la fidélité des amateurs de trip-hop aussi.
Mais heureusement, Massive Attack ne se sera pas contenté d’un medley de leurs titres les plus connus pour la dernière date de leur tournée. Après une excellente première partie des Young Fathers (trois chanteurs et un batteur collés les uns aux autres, sorte de monstre à quatre têtes où chacun jouit d’un charisme et d’une énergie uniques), Robert Del Naja et consorts ont présenté un show 100% politique. Plutôt que de longs discours en anglais, les messages – sur le terrorisme, l’immigration, la tolérance, internet, le tout en français – passent par le VJing.
Et si, au début, toutes ces choses à lire n’aident pas à se concentrer sur la musique, les dépêches AFP et autres chiffres affligeant sur le conflit syrien finissent par assommer, plongeant dans une sorte de transe idéale pour du trip-hop. Les têtes se balancent dans les gradins pour autant de spectateurs hypnotisés par les nouveaux morceaux de Ritual Spirit comme par « Angel » repris par l’incroyable chanteur de reggae Horace Andy, suivi par « Teardrop » avec Martina Topley-Bird (ex-femme de Tricky), climax de cette soirée.
Evidemment, les souvenirs des attentats de novembre sont encore bien présents dans cette salle lisant, depuis 2 heures et parfois sous la forme d’images subliminales, des informations bien bad sur l’état du monde. Après un très beau « Safe From Harm » par Deborah Miller, les noms des morts du 13 novembre défilent sur l’écran géant – ce qui n’empêchera pas le Zénith de demander un rappel. Il y en aura deux : d’abord avec le retour sur scène des Young Fathers, puis avec « Unfinished Sympathy ». Beaucoup sont mécontents de la date du vendredi 26 février, et on les comprend. Mais c’est ça Massive Attack : pas de concession, aucun contact avec le public, juste quelques messages coups de poing et une musique qui hypnotise. Pour ça, on n’aura pas été déçu.