En direct de Magic Waves Festival à Berlin
Deuxième édition de ce raout censé réunir les aficionados du revival Italo disco et des pionniers de la musique électronique de la fin des 70’s et du début des 80’s dixit Resident Advisor. L’avantage de ce type de Festival c’est que la couleur est annoncée dès le début, on ne va pas à Magic Waves pour écouter de la Techno linéaire mais pour surfer sur la vague, plutôt synthétique et fortement teintée de disco qu’il soit cosmique, italo Deviant.
Localisé à Neukolln, le quartier qui jouxte Kreuzberg, tout au fond d’une allée, Magic Waves vous met direct dans l’ambiance avec ses lumières muticolores, ses deux dancefloor et O surprise un Chill-Out au 3ème étage du bâtiment, (on n’en avais pas vu depuis 1996 !). Comme souvent à Berlin, le lieu est grand (2 dancefloors- 3 niveaux), le son est fort mais alors très très fort, à tel point que les murs d’enceintes semblent plus destinés à animer une vieille Rave qu’un Festival Italo & consorts mais bon, n’oublions pas qu’on est quand même dans la ville du Berghain. Quoiqu’il en soit, il s’agissait de la première édition hivernale du Magic Waves après un premier rendez-vous réussi cet été, les organisateurs originaires de Grande-Bretagne pour la plupart proposaient un plateau goutu avec la crème de la crème –artistes pionnniers de la scène comme newcomers ou des valeurs sûres de la scène actuelle.
Les hostilités démarrent donc le vendredi dans une ambiance déjà survoltée aux alentours de minuit, la grande salle se remplit vite avec un warm-up convaincant aux accents très italo d’Alessandro Adriani tandis que le duo Last Waltz et Man Power balancent un son à la fois space et sexy dans la salle Silos. Mention spéciale aux nostalgiques pour le live d’Agency Amore : plus néo-italo tu meurs. Dans la Main room, Le live de Psyché, plus new wave, reprend des classiques comme le « Disorder » de Joy Division ou l’hymne « Goodbye Horses » et met le feu aux poudres – Mark du Mosch n’a plus qu’à cueillir les clubbers chauffés à blanc. On part sur le live de Brassica pour se réserver pour le lendemain.
Retour sur les lieux du crime. Accueillis par DSB – c’est néanmoins Italo Connection aka Fred Ventura, chanteur iconique de la scène italo, et son acolyte Paolo Gozzetti, qui font marcher le revival à fond les ballons. Ils sont suivis du Live de Mr Pauli electro –italo enlevé, it’s rocking!. Ivan Smagghe reprend derrière dans une sorte de transe-tunnel ou tuning de trois heures, guitares chamaniques, pieds métronomiques, vocals perchés, l’hypnotisme fonctionne à plein tube. On ne peut en dire autant du live de Model Man qui ne rencontre que des problèmes techniques et nous fait fuir.
Dernière salve cosmique le dimanche, où demeure un public clairsemé compose en partie de survivants (certains ont dormi sur place dans de vieux canapés), d’autres visiblement pas du tout et d’amateurs de rarities-c’est notre cas. On va donc prendre le thé avec l’excellent Dj-producteur suédois Albion Venables qui nous régale de ses faces B obscures tout aussi solaires qu’oniriques, digger qui a su en quelques années forger un son totalement singulier.On se termine littéralement sur Skism dans la salle du Bas, atmosphere de fin de w-e au Berghain, d’un tempo très aérien au départ, le DJ accèlère petit à petit la cadence pour les derniers rescapés.
Au total 62 heures de musique non-stop ont été proposées dans une ambiance plutôt bon enfant avec une série de looks confondants qui allaient du vieux raver au dandysme cosmique le plus ultime (ie legging argent, chaussures pailletées, sweat stellaires). Pour conclure, Magic Waves est un festival laid-back mais sexy où on vient écouter de la musique avant de penser seulement à se “mettre la tête”, et c’est aussi musicalement une orientation qui ouvre l’éventail de la scène électronique berlinoise d’obédience plus techno, autant de raisons pour y retourner à la Summer Edition où on pourra aussi danser dans le Biergarten.
(Eva-Marie Pinon)