En direct de London Grammar (I.Boat, Bordeaux)
On se serait cru la veille de Noël : l’I.Boat affichait complet depuis des semaines pour le concert tant attendu du trio London Grammar. Le public bordelais n’a pas été déçu du voyage, aérien, mais surtout parfaitement bien orchestré.
La pluie commence à tomber sur les bassins à flot lorsque l’on pénètre sur le pont du bateau. Pas grand monde à l’horizon ? Étrange. Quelques marches plus bas, stupeur : la foule s’est déjà hermétiquement collée devant la scène, laissant percevoir les têtes les plus hautes. Afin d’ouvrir la soirée programmée par La Garderie et l’I.Boat, I Am Stramgram réchauffe les cœurs. Projet solo du Bordelais multi-instrumentiste Vincent Jouffroy, I Am Stramgram mélange folk, pop, rythmique anglo-saxonne, ritournelles d’automne et cordes frottées qui rendent l’oreille attentive. Une belle mise en bouche qui ne pouvait pas tomber mieux pour introduire les Londoniens juvéniles.
Certains les appellent les « Florence and the XX ». Le mélange de comparaisons est plutôt flatteur. Alors que la foule est chauffée à blanc, Hannah Reid et ses deux potes prennent place, lumières quasi-éteintes. Ambiance intimiste pour l’I.Boat qui promettait une douce nuit. À droite, le sosie de Harry des 1D. À gauche, les cheveux gominés façon Alex Turner. « Interlude » résonne dans la calle du bateau. Plus un chuchotement. Comme si la parole sacrée avait été prononcée (exagération, quand tu nous tiens).
« C’est notre dernière date ce soir, mais notre première fois dans un bateau ! » lance la chanteuse. « Et je m’excuse car je suis un peu fatiguée » Hannah Reid, fatiguée ? La voix n’en est pas écorchée, bien au contraire. On aurait presque envie de lui rire au nez. « Mais je ne vais pas vous mentir, j’ai hâte de retrouver mon lit » dit-elle alors que la foule rigole bien volontiers. Le groupe enchaîne un sans-faute, les titres de If You Wait, devenus déjà des tubes et susurrés sur toutes les lèvres, se suivent avec prestance et élégance. On espère parfois que ça pète, qu’on en prenne plein la figure, que la blondinette pète un câble… Mais le trio ne dépasse pas les bords, et rend un dessin parfaitement colorié, au millimètre près. Trop dommage ? Ils transportent l’assemblée avec une version singulière de « Nightcall » de notre cher et tendre Kavinsky, jusqu’à donner une reprise sublime du titre « Wicked Game » de Chris Isaak en rappel. On reste, pour le coup, sans voix. Malgré un set bien trop court et une image trop lisse, London Grammar a su hypnotiser le public bordelais.
« Encore ! » lance une spectatrice. « On revient l’année prochaine. J’espère, vous venez, aussi » lance Dot Major dans un français presque pas mal. Le rendez-vous est fixé.
Meilleur moment : la découverte du tour bus, une machine à tuer sur les routes.
Pire moment : la tempête battante en sortant du bateau !