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10 septembre 2013

En direct de la Berlin Music Week

par rédaction Tsugi

La Berlin Music Week, qui englobe conférences, concerts, showcases et un festival, fut l’occasion de faire nombre de découvertes et de rencontres. Récit.

On ne plaisante pas avec la musique à Berlin, la ville aux 600 labels indépendants et aux dizaines de clubs. Au-delà de son influence sur la scène européenne (en particulier électronique), la musique rapporte 600 à 700 millions d’euros par an à la capitale allemande. Rien d’étonnant donc à ce que la municipalité mette la main à la poche et finance de très officielles structures comme la Berlin Music Commission, représentant le music business local, la Clubcommission Berlin (réseau de la club culture berlinoise, dont l’une des missions est d’aider les clubs à faire face à la pression des promoteurs immobiliers) ou le tout nouveau Musicboard Berlin, dévolu au développement des artistes et projets berlinois. Tout ça sans compter la quatrième édition de la Berlin Music Week, elle aussi financée par le Sénat de Berlin.

 

Un programme qui fait dans la démesure

Tentaculaire et spectaculaire par ses ambitions, la Berlin Music Week regroupait en cinq jours (du 4 au 8 septembre) plus d’activités qu’un être humain normalement constitué ne peut couvrir. Le jour, dans l’immense Postbahnhof, l’ancienne gare de triage de l’Est berlinois, plus de 1500 professionnels (labels, bookers, publicistes, managers, médias…) se retrouvent pour Word!, deux jours de conférences, tables rondes et débats. Les thèmes ? L’ensemble des problématiques de l’industrie musicale, tout simplement. Comme la transformation du journalisme musical, les futures stratégies de streaming, les bouleversements des infrastructures du métier, les apps musicales, la diversité dans la culture musicale contemporaine, la supervision musicale dans les séries TV…   

 

Table ronde sur le journalisme musical 

Quelques mètres plus loin, le VUT, l’association des indépendants allemands, tient salon, réunissant presseurs de CD’s, services en ligne, labels ou aides en tout genre à destination de ses membres, y compris des speed meetings de 5 à 7 minutes avec des médias européens.

 

Futurs grands du circuit européen 

 

La nuit, le programme se fait bien plus léger. Les soirées des 4 et 5 septembre sont réservées à la première édition du First We Take Berlin Festival, série de showcases de 80 groupes disséminés sur 10 salles et clubs du quartier de Kreuzberg (le tout pour un prix d’entrée total de 15 euros). Le temps d’un set d’une heure maxi, ces futurs grands, que les organisateurs comptent retrouver sur les plus gros festivals européens d’ici les trois prochaines années, se nomment : Fenech-Soler, Parquet Courts, Matias Aguayo, Roosevelt, Coma, London Grammar, Jagwar Ma ou encore NYPC. Des groupes peut-être en devenir mais déjà bougrement excitants. Voire gentiment foutraques. On assistera ainsi le soir de l’inauguration à Postbahnhof au show improbable d’un trio tout de blanc vêtu, aux tronches de Modern Talking sur le retour, qui jouera deux heures de rang d’impeccables reprises de classiques hawaiiens à la guitare et au ukulélé. 

 


 Le fameux groupe au ukulélé

 Dans le Fritz Club attenant, c’est la finale (à l’applaudimètre ?) du Berlin Music Award mise en place par le brasseur Berliner Pilsner. L’occasion de se familiariser avec le hip-hop allemand (amateur), auquel on avait pourtant l’instant échappé. Barrière de la langue aidant, on apprécia même YeoMen, improbable croisement entre les nerds de The Big Bang Theory et les human beatbox. Cinq post-ados qui “rappent” l’amour (ah, “Troubadour des Liebe”), mais étrangement, on applaudit l’effort. 

 

Tenue de spationaute et imper fluo 

 

Le lendemain, Postbahnhof résonne d’une étrange joute. Le festival joue à plein son rôle de découvreur de talents, si barrés soient-ils. Alors que les Français du bureau Export fêtent leurs 20 ans, convoquant Melissmell, Théodore, Paul & Gabriel ou encore Yalta Club pour une French Connection dont le tempo ne s’élèvera qu’en fin de soirée, la Berlin Music Commission présente elle dans la deuxième salle une Listen To Berlin délicieusement bordélique. Le grand bazar libératoire débute avec Tangowerk, qui revisite la tradition du cabaret berlinois à coup de techno lo-fi, de bidouillages proto-punk, de choristes travestis et de deux chanteuses grassouillettes. Grandiloquent et baroque, le groupe, mené par un leader repeint de blanc, serré dans une tunique rembourrée de spationaute au rabais, achève son live dans un tel chaos que les Dirty Honkers, qui prennent le relais, haranguent la foule avant leur show pour la retenir dans la salle. Et là, on tient une perle rare. Un trio habillé d’imperméables en plastique fluo, avec un MC en sarouel innommable, qui joue du saxo sur un gros pied techno basique. Entre les Forbans, le gabber et James Chance, le trio dynamite la salle. Glissant sur la jungle hardstep, il finit même dans de ravissants shorty argentés, prenant des poses lascives pour mieux achever un public à bloc. Du grand (et beau) n’importe quoi. 

 


L’aéroport désaffecté de Tempelhof

Et pour les téméraires, à qui trois jours de conférences et deux nuits de showcases n’auront pas suffi, la Berlin Music Week inclut aussi en son sein l’énorme Berlin Festival, qui a lieu le vendredi et le samedi entre midi et 6h30 du matin sur le tarmac de l’ancien aéroport de Tempelhof et à l’Arena Berlin. Entre Blur (décevants), Pet Shop Boys (brillants), John Talabot (épatant), Björk (euh, Björk), Fritz Kalkbrenner, My Bloody Valentine, Casper (star du hip-hop allemand), Pantha du Prince, Boys Noize, le Ed Banger Crew (Busy P, Breakbot, Justice…), Miss Kittin, Delphic, Para One et on en passe, le Berlin Festival (et ses 20 000 festivaliers) finissent d’épuiser nos dernières réserves. C’est connu, Berlin ne dort jamais.

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