En direct de Her et Grand Blanc au festival des Aventuriers à Fontenay-sous-Bois
Loin des gros festivals aux immenses warehouses où affluent des milliers de spectateurs se tiennent aussi des concerts dans des salles de 200 personnes. Comme celle de l’espace Gérard Philippe à Fontenay-sous-Bois où avait lieu hier l’avant-dernière soirée du festival Les Aventuriers (12e édition) en présence des groupes Her et Grand Blanc. L’ambiance était bien au rendez-vous. Récit donc d’une soirée à la fois conviviale et mouvementée.
Tout le monde ou presque se souvient d’une colonie de vacances ou d’un voyage scolaire. C’était un peu ça hier pour se rendre au concert en montant dans une navette gratuite partant de Paris en direction de la commune du Val-de-Marne aux côtés d’autres festivaliers. Arrivés à destination vers 20 heures, nous pénétrons dans le lieu. Au sous-sol, le bar (très important) proposant des pintes à des prix plus que corrects relie la salle de concert qui n’est d’ailleurs pas encore ouverte. On en profite pour aller jeter un coup d’oeil dehors, l’espace fumeur où il y a également un stand de flocage de t-shirts (chaque soirée propose en fait une activité différente). L’un des faits marquants est l’hétérogénéité du public : quelques enfants en bas âge, des étudiants et des moins jeunes sont présents ce soir. Une demie-heure plus tard, les gens commencent à se diriger vers la salle et le concert débute.
Le duo Her (Simon Carpentier et Victor Solf, ex-Popopopops, un groupe de pop rennais) entre en scène accompagné de trois musiciens (bassiste, batteur, guitariste). Si le tandem français était l’une de nos révélations en 2016, ce n’est bien sûr pas anodin : pendant près d’une heure, les deux Rennais habillés sur leur 31 vont livrer un live électro-pop parfumé d’une soul moderne et sensuelle. C’est sur des accords de synthés mélodieux et de légers coups de grattes électriques que les deux fervents féministes chantent tour à tour les couplets de leurs morceaux, au grand plaisir des spectateurs venus assister à la soirée. Alternant entre claviers, guitares et chants, ils passent en revue la plupart des titres de leur EP Her Tape #1. On retient entre autres les performances du morceau « Union » allant crescendo jusqu’au moment où le rythme des paroles se rapproche d’un flow hip-hop, du récent single « Queens« , du très tendre « Her » et de l’excellent tube au clip majestueux « Five Minutes ». Chaque titre s’accompagne d’un groove énergique des musiciens, très à l’aise sur scène, faisant bouger le public. Après le traditionnel rappel de la foule, le groupe Her vient clore son live par une reprise de Sam Cooke.
Aux alentours de 22 heures, c’est au tour du quatuor Grand Blanc de se mettre en piste. C’est pour eux un live particulier puisque c’est le dernier de leur tournée aux quatre coins de la France, « Superforce Tour », suite au succès de leur premier album Mémoires Vives sorti en février dernier. En guise de remerciement, les quatre copains originaires de Metz vont se livrer corps et âmes pour cet ultime show de 2016. A chaque morceau retentissent les applaudissements et quelques cris imitant celui du loup-garou, bien révélateur de leur musique bestiale qui fait transpirer. Leur coldwave à la française mi-garage mi-punk, aux accords de guitares lancinants et aux notes de synthés psychédéliques, agitera le public pendant une heure. Un temps suffisant pour partager leurs plus gros titres aux paroles à la fois crues et poétiques chantées par la douce voix de Camille, chanteuse et claviériste, et celle plus dure de Benoît, chanteur et guitariste. Un mélange de douceur et brutalité qui s’illustre par les morceaux hypnotiques au beat lent à l’image de « Tendresse », des chansons plus sombres comme « Verticool » ou « L’amour fou », et des appels à la danse tel que « Désert désir » où Benoît scande la phrase « C’est pour les enfants de la techno ! » avant d’entamer le track. Vers la fin du concert, au moment de jouer « Samedi la nuit », le chanteur aux cheveux courts et platines enlèvera son t-shirt et finira porté par le public, plus bouillant que jamais.
Peu après 23 heures, les lumières s’éteignent et la salle se vide petit à petit. Il est temps de reprendre ses esprits et de filer prendre la navette en direction de Paris. Ce que l’on retiendra, c’est la chaleur d’un festival en petit comité, intimiste et représentatif de la scène indé. Merci Les Aventuriers !
Meilleur moment : Her qui reprend le magnifique « A Change Is Gonna Come » de Sam Cooke à la toute fin de son show.
Pire moment : Oublier de poser son manteau au vestiaire pendant le concert de Her et suer comme un boeuf dans cette salle où il fait trop chaud.