En direct de Daniel Avery « all night long » au Rex Club
A Tsugi on aime bien quand les DJ sets s’inscrivent dans la longueur, quand ils prennent le temps de développer une ambiance, une histoire, avec plusieurs chapitres, un vrai début et une vraie fin. Quoi de plus triste que ces sets de festivals calibrés à 90 minutes montre en main ? A peine le temps de rentrer pleinement dedans, de se laisser porter par un rythme et une couleur musicale singulière qu’il faut déjà passer à autre chose. Délire égocentrique pour certains, véritable performance permettant à un artiste de démontrer l’étendue de ses talents pour d’autres, le principe du « all night long » est toujours une expérience en soi. Certains DJs la redoutent, de peur de ne pas réussir à captiver leur audience aussi longuement, quand d’autres – Laurent Garnier par exemple – ne jurent que par cela.
Crédit : Sabrina Godfrin
En cette nuit fraîche, sèche et polluée – aux particules pas si fines – du vendredi 9 décembre nous rejoignions donc le sous-sol du Rex Club pour retrouver Daniel Avery, seul maître à bord de la mythique cabine vitrée. Une soirée organisée dans le cadre de la tournée européenne accompagnant la sortie de sa compilation DJ-Kicks. La première depuis la parution de son remarquable album Drone Logic en 2013. Et du chemin, le petit protégé d’Erol Alkan en a parcouru en trois ans. Délaissant l’électro-housey, ludique, mélodieuse et planante de ses débuts, le voilà embrassant avec gourmandise la scène techno en mode minimaliste, froide et hypnotique. Avec toujours un souci accordé aux détails et aux sonorités synthétiques, fluides et électriques.
Crédit : Sabrina Godfrin
Alors que nous pénétrons dans le club du boulevard Poissonnière, nous croisons quelques rares déçus qui regagnent déjà leurs pénates – ou peut-être Concrete où se produit un autre jeune prodige de la techno : Bjarki. Selon eux, Daniel Avery aurait mis du temps à démarrer et cela ne commencerait réellement que maintenant à « taper ». Sans doute n’ont-ils pas la patience nécessaire à la compréhension de l’exercice périlleux mais ô combien savoureux du « all night long ». La majeure partie des clubbeurs est en tout cas toujours présente en masse sur le dancefloor, emportée par la techno mentale et relevée du flegmatique DJ britannique. Des détours acid-house surprennent agréablement la foule, il y a des phases plus groovy, plus deep aussi. Avery prends le temps de raconter son histoire et de maintenir le dancefloor dans un état de conscience hypnotique. Certains fans reprennent leurs esprits lors de breaks à rallonge et l’interpellent « Dany, Dany ! ». A peine le temps d’esquisser un sourire que nous voilà de nouveau happés par une cadence techno infernale. Et « Dany » de s’inscrire définitivement comme l’un des DJ’s les plus excitants du moment.
Meilleur moment : Voir le dancefloor s’éclaircir après 5h00 du matin et avoir plus de place pour laisser nos corps s’exprimer.
Pire moment : Se faire piquer sa bière pleine déposée sur une table en deux minutes chrono. C’est la crise les gars ou quoi ?