En direct de Copen’Art au Stereolux (Nantes)
16h : toujours la même impression de plénitude lorsque l’on débarque sur le sol Nantais : il fait beau (ça ne rate jamais), les gens sont gentils, et ça sent les bonne vibes culturelles, qui s’amplifient lorsqu’on traverse le pont Anne de Bretagne. Un éléphant, un carrousel des fonds marins, des nefs super classe et un Stereolux toujours à sa place : bon, rien n’a été volé, tout va bien.
18h : Une fois installé sur la terrasse, on s’interroge sur ce qui se passe à l’écran qui nous est présenté à quelques mètres à côté de nous. On sait bien sûr qu’une performance artistique de la compagnie Temporary Distorsion est en train de se dérouler en ce moment-même en salle maxi, on se fait expliquer qu’il s’agit de ça. Des barbus qui jouent de la gratte, c’est ça l’idée ? Allons-voir, ça sera plus simple.
Arrivés dans le noir complet de la salle, on comprend déjà mieux. Une grosse boîte, des musiciens qui semblent jouer au taquet à l’intérieur sans se préoccuper de nous, alors qu’une musique d’ambiance nappe l’atmosphère. Décalé. Le concept de « My Voice Has An Echo In It » ? Quatre artistes jouent pour nous pendant six heures d’affilée dans cette boîte longiforme équipée de miroirs sans tain, et il n’est possible de les entendre qu’à l’aide de casques à disposition du public. Niveau son, ça oscille entre rock, trucs indé-barrés, spoken word, avec un peu de vidéo en sus. Bref, une proposition totale et physique, qui met presque mal à l’aise en sachant que l’on se trouve à quelques mètres des musiciens qui, de fait, semblent nous regarder sans trop savoir où nous sommes. Saisissant, même si on n’a pas su quoi en penser sur le tas.
20h30 : Nous sommes évidemment venus pour goûter à cette expérience comme seul ce lieu en propose, mais aussi, voire surtout, pour écouter du son. Et on nous a dit dans l’oreillette que la scène danoise, en particulier à Copenhague, n’avait jamais été aussi florissante que maintenant. Et c’est tant mieux, parce que c’est justement ce qui nous tend les bras.
Et ça commence… sans apéro. À une heure où l’on devrait siroter un Martini-olives, le duo formé par le vidéaste 3D Sune Petersen et par le producteur Jakob Schmid balance un live qui nous colle les fesses entre une chaise de musée contemporain et un rondin de bois au milieu d’une free party à 4h du matin. Charpentée, comme entrée, mais on n’est pas venu pour se faire caresser dans le sens du poil.
S’ensuit notre véritable coup de cœur de la soirée. Le trio Sekuoia (prononcer Séquoïa, comme l’essence parfumée de Nature et Découvertes) ne nous a cassé aucune oreille, bien au contraire. Mais lorsqu’on travaille dans le créneau downtempo, c’est bien là tout le challenge : comment réussir à faire vibrer son public en développant une musique archi-mesurée ? Réponse : en s’investissant physiquement, en jouant sur les textures, et en ajoutant une guitare post-rock du plus bel effet. On ne devrait pas dire ça, mais le fait est que Sekuoia sonne terriblement « scandinave », quelque part entre Cashmere Cat, Jaga Jazzist, l’école post-rock norvégienne et les températures les plus fraîches du beatmaking de Los Angeles. Le dernier morceau est une vraie leçon : longue montée, qui n’en finit pas… avant de partir sur un rythme cutté dans tous les sens alors que n’importe quelle formation aurait pu céder à la facilité en faisant exploser les mélodies fédératrices. Et avec ça, ils sont humbles ? On signe.
Enfin, on a pu se rabibocher en partie avec WhoMadeWho, et ce n’est pas rien. On a beau avoir écouté mille fois leur vénéneux single « Every Minute Alone », Dreams, dernier album sirupeux au possible, nous avait laissé de marbre. Force est de constater que l’envie de faire groover la foule est toujours là, et l’énergie aussi. Et même si on a regardé ailleurs au moment de « The Morning », notre taux de transpiration trahit la qualité de ce concert. Et de ce passage nantais, par ailleurs. Ceux qui ne savent pas encore quoi faire samedi soir seront d’ailleurs bien avisés de courir voir Linkoban à cette même enseigne…
Meilleur moment : Jeppe Kjellberg qui se sert d’une bouteille de champagne en guise de bottleneck, c’est un peu l’essence du rock’n’roll dans un seul geste.
Pire moment : Ah oui, Nantes passé 22h, c’est un tram toutes les… 30 minutes.