L’évĂ©nement principal d’Astropolis demeure bien Ă©videmment la grande soirĂ©e au Manoir de Keroual. 20Ăšme Ă©dition oblige, l’équipe des Sonics proposait pas moins de cinq scĂšnes, dont un chill-out, chose que nous n’avions plus vu depuis des annĂ©es. Un lieu oĂč les festivaliers pouvaient venir se reposer tout en profitant de performances ambient, dub et expĂ©rimentales. Une grande proximitĂ© y rĂ©gnait avec les artistes qui n’étaient pas sur une scĂšne mais Ă  la mĂȘme hauteur que le public et sans vĂ©ritable sĂ©paration. C’est dans ce cadre intimiste que nous avons pu Ă©couter les performances techno-dub de Dasha Rush et de Fluxion, avant le set mĂ©morable du pionnier anglais de l’ambient-house : Alex Paterson de The Orb, l’un des grands moments de ce festival.

Autre scĂšne qui avait choisi de marquer en beautĂ© l’anniversaire du festival: Mekanik. Le plateau hardcore chapeautĂ© par Manu le Malin Ă©tait en effet dĂ©diĂ© Ă  sa reine disparue en 2001 : Liza N Eliaz. Tout le gratin de la scĂšne dure française nĂ©e dans les annĂ©es 90 Ă©tait prĂ©sent. A commencer par Laurent HĂŽ aka Ingler que l’on voit dĂ©sormais trĂšs rarement sous cette identitĂ©. Un live trĂšs Ă©nergique mais un peu court avant de passer la main Ă  Armaguet Nad, lui aussi dĂ©sormais trĂšs rare derriĂšre les platines, pour un set speedcore anthologique qui a fait fuir une partie du public effrayĂ©e par les 250 bpm au compteur – vidĂ©o ci-dessous. Comme le disait fort justement Manu le Malin qui tenait le rĂŽle de maĂźtre de cĂ©rĂ©monie sur la scĂšne « On n’est pas lĂ  pour rigoler Â».

Dans La Cour, Jeff Mills faisait du Jeff Mills, et Tale of Us jouait un set de house parfaite pour le lever du soleil. Mais nous y sommes peu restĂ©s car la programmation de l’Astrofloor, le plus vaste dancefloor dĂ©diĂ© aux « tĂȘtes d’affiches Â» nous a occupĂ© une bonne partie de la nuit. LĂ , l’amĂ©ricain Machinedrum nous a rĂ©galĂ© avec un set oscillant entre dubstep, drum’n’bass, IDM – on a eu droit Ă  un morceau d’Autechre – et mĂȘme un peu de techno. Autre prestation remarquĂ©e, celle de Daniel Avery et son mentor Erol Alkan dans un registre tech/house sombre et mental.

Mais la plus grande claque de la soirĂ©e fut certainement le live trĂšs attendu de Mark Bell aka LFO. Une prestation Ă  la hauteur de nos espĂ©rances. De la bleep-techno – pour faire court, une techno non linĂ©aire, bien breakĂ©e et avec des Ă©normes infrabasses – dont seul le hĂ©ros du label Warp dĂ©tient la recette miraculeuse. Quelques morceaux inĂ©dits et surtout des classiques revisitĂ©s issus de ses trois seuls albums studios, le dernier « Sheath Â» Ă©tant sorti il y a dix ans dĂ©jĂ .

Vers 5h00 du matin, faire un choix devenait trĂšs compliquĂ©, entre un Scuba trĂšs classe dans la Cour, un Skream en mode house/disco sur l’Astrofloor, Lenny Dee qui tabassait sur la scĂšne hardcore et Alex Paterson dans le chill-out. On aurait bien aimĂ© avoir le don d’ubiquitĂ© Ă  ce moment-lĂ .

Enfin le final plus vraiment secret car le line-up avait fuitĂ© dans l’aprĂšs-midi sur Twitter, rassemblait Laurent Garnier et Manu le Malin façon back to back, chose qu’ils n’avaient pu rĂ©aliser pour les dix ans Ă  la suite d’un dĂ©sistement sur une autre scĂšne. Cette fois, c’est fait !

Meilleur moment : un freaks qui avait visiblement entrepris de construire sa petite cabane en torchis, il n’était mĂȘme pas minuit. Bienvenue Ă  Astropolis !

Pire moment : quand tout ce joyeux bordel s’arrĂȘte.