Electric Rescue, SOS techno
Déjà plus de vingt ans que l’activiste techno Antoine Husson nous régale. Soirées, labels, productions sous le nom d’Electric Rescue… Cet homme sait tout faire.
La vie est parfois bizarrement faite. Alors que tout jeune technoïde qui se respecte connaît sur le bout des doigts son évangile selon Saint Rødhåd ou Saint Marcel, les premiers disciples français, à l’exception notable de Laurent Garnier, ne sont pas tous entrés dans l’Histoire. Et pourtant, prenez Antoine Husson. Deux décennies que cet organisateur des mémorables soirées Play et EL.UE, puis de la résidence Skryptöm au Rex Club, occupe le terrain de la techno française, sans qu’il ne tire quelconque gloire de l’oeuvre accomplie. Volontairement en retrait, il possède pourtant un CV techno à faire pâlir d’envie n’importe quel producteur normalement constitué.
En vingt ans donc, Husson aura organisé un nombre impressionnant de soirées, dirigé des labels, dont Calme (où on le retrouvait producteur sous le nom de D’Jedi, aux côtés de quelques anciens comme Mannix ou Woody McBride) et aujourd’hui Skryptöm, qui publie depuis 2006 d’excellents maxis de Julian Jeweil, Popof, Maxime Dangles, Paul Nazca ou Scan X. Excellent DJ, notre homme est aussi (et surtout) un redoutable producteur sous le nom d’Electric Rescue. Insatiable, il a sorti des maxis sur les labels les plus divers de la galaxie techno (Cocoon, BNR Trax, Bedrock, Intacto, Traum… sans oublier le sien), mais a toujours un peu fait attendre ses albums.
Si Electric Rescue avait laissé passer huit longues années entre El Ue (2005) et Sonic Architecture (2013), on aura finalement peu patienté pour découvrir son troisième album Parallel Behaviours, le premier pour sa maison Skryptöm. Et si l’attente fut relativement courte, le plaisir n’en reste pas moins grand. Totalement maîtrisée, la techno d’Electric Rescue évite l’écueil du tout 4/4 techno indus à la mode pour épouser des contours protéiformes. De l’électronica très warpienne de « Minoris » ou « Time With Him » au classicisme revu et corrigé de « Rexpirations » ou « Petit Zèbre », en passant par les influences Detroit de « Forgotten Lands » ou « In A Retro Futur », jusqu’à la chaleureuse double conclusion « Paris est »/ »Immortelle », Parallel Behaviours est l’album lumineux d’un producteur qui non seulement maîtrise ses machines à la perfection, mais c’est surtout l’oeuvre d’un musicien qui a assimilé deux décennies d’évolutions de techno et a en restitué une vision toute personnelle. Voilà, la techno, c’est ça.
Parallel Behaviors (Skryptöm), sorti le 20 mai.