DJs astronautes et punks en culotte : on était au prix Ricard Live 2020
Beaucoup de pastis, et de la bonne musique. C’est comme ça que la Société Ricard Live Music imagine ses concerts gratuits à travers la France, avec toujours une sélection rigoureuse (d’artistes comme de pastis). Les 10 et 11 janvier, c’est à la Gaîté Lyrique que l’équipe a posé ses bagages, afin de présenter les dix finalistes de son prix annuel. Dix heureux survivants sur 1 600 candidats, meilleur score depuis la création du prix. Alors en 2020, qui sont les successeurs de la techno élégante de Dampa, de la poésie psychédélique de Météo Mirage, ou bien du rock romantique de Galo DC ?
Photos : Rod Maurice
Space pop
Entre un nouvel album de Grimes prévu pour février et une Charli XCX qui parcoure les festivals du monde entier — on se souvient de sa venue au Pitchfork en novembre dernier, un constat s’impose : la pop futuriste a le vent en poupe. Et parmi les finalistes du prix Société Ricard Live Music, Nelson Beer s’impose comme le digne héritier de cette génération d’artistes expérimentales. Usant et abusant de l’Auto-Tune comme personne, l’enfant terrible de la sélection provoque son public dès le premier soir avec un show qui ferait pâlir Britney Spears de jalousie. Mention spéciale à « I Am A Woman », son titre déjà iconique qui invite aux déhanchés les plus outranciers. On regrette seulement un concert un peu sage, pour avoir connu l’artiste bien plus déchaîné. Dans cette lignée de performances aussi brillantes que loufoques, chapeau bas à Ovhal44. Avec un show construit tout en progression, d’une distribution de space lunettes à des envolées rap, les hommes casqués ont transformé la Gaîté en véritable fusée.
Rock’n’roll is not dead
Malgré cette profusion d’ordinateurs et autres machines sur scène, un heureux constat s’impose : le rock n’est pas mort. Loin de là. Premier coup de cœur face à Elias Dris, son costume violet probablement piqué à David Bowie, sa guitare acoustique et son flegme inimitable. Mais ce sont Bandit Bandit et Periods qui enflamment la scène de la Gaîté Lyrique. Les premiers avec des riffs de guitare enragés qui essoufflent un public un poil trop calme. Periods, à la scène comme dans leur chambre (comprenez : en culotte), ouvrent le second soir de festivités avec des slogans comme « ça m’brise les ovaires » et une colère punk qui n’est pas sans rappeler les sœurs du groupe de rap Orties, dont on pleure encore la séparation. Un avant-goût de révolution plane dans les airs. De quoi rendre les accalmies encore plus savoureuses.
Pour finir, saluons les deux concerts 100% instrumentaux de cette édition. D’un côté, le duo Ko Shin Moon qui mêle groove oriental et acid house. On a des fourmis dans les jambes, mais on reste fascinés devant ce face à face romantique. Toutefois, notre préférence va au candidat le plus élégant de cette finale 2020. Chamberlain, en clôture du premier soir, a dérobé notre cœur, entre délicatesse et douceur. Il ne suffisait finalement que d’un piano.