De l’importance du silence
A première vue, Sounds Of Silence ressemble à une énième réédition de l’album culte de Simon & Garfunkel. C’est sans compter le sticker d’avertissement jaune apposé sur la photo des deux folkeux américains : « Sounds Of Silence, les silences les plus intrigants de l’histoire du disque ». Intriguant, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce vinyle recense 30 tracks d’artistes et de musiciens cultes, de John Lennon à Yves Klein, en passant par Robert Wyatt et Andy Warhol. Leur point commun ? Rien, si ce n’est un silence. Assourdissant (et on dit merci à Albert Camus pour cet oxymore très à propos).
Sauf que derrière cette musique vide se cache foule d’histoires. « Composer » un silence en musique n’est pas un acte anodin. Revendication politique, blague anticonsumériste, hommage… La liste des motivations est longue. Par exemple, Barclay a sorti un titre silencieux pour jukebox : il servirait de pause pour les danseurs chevronnés de la fin des années 60. Moins joyeux, John Lennon et Yoko Ono ont intégré « Two Minutes Silence » après le morceau « Baby’s Heartbeat » sur Unfinished Music No.2: Life with the Lions. D’abord, les battements du cœur du bébé de Yoko. Puis, les deux minutes de silence, lourdes, pour exprimer la peine et l’absence causées par la fausse couche. On vous avait prévenu : pas de son, mais beaucoup d’intentions, et d’émotion.
Comme dirait les créateurs de l’album The Nothing Record, album 5 titres de silence complet, ce vinyle est parfait « pour tous ceux qui détestent le rock, la folk, le jazz, le classique, la country, l’electro ou le blues », « le cadeau idéal pour votre voisin ou votre colocataire bruyant ». A écouter bien fort. Ou pas. Enfin peu importe.
Sounds Of Silence, édité par Patrice Caillet, Adam David et Matthieu Saladin, sur Sound-Houses.