De Daft Punk à Jacques : toute l’histoire de l’électronique française est dans le docu French Waves
French Waves, documentaire mais aussi projet transmédia sur l’histoire de la musique électronique en France, est diffusé gratuitement durant le confinement.
On ne doit jamais oublier d’où on vient. Et cela vaut aussi pour les courants musicaux. C’est la leçon que tirait le documentaire French Waves, réalisé par Julian Starke, en 2017. Le film retrace l’histoire de la musique électronique en France, partant de la naissance de la house à Chicago et Detroit et des premières raves hexagonales à l’aube des années 90 jusqu’au succès planétaire de la french touch, Daft Punk en tête. Il s’intéresse également à la suite, et l’arrivée d’une nouvelle scène, alors émergente, autour d’artistes comme Jacques, Rone, Superpoze ou le collectif ClekClekBoom (Bambounou, French Fries). À chaque fois, cette histoire est racontée par ceux qui la font : les artistes ou les programmateurs.
Ce projet ambitieux ne se résume pas à ce film : French Waves est avant tout un projet transmédia, se déclinant également sous la forme d’une websérie de dix épisodes (chacun dédié à un morceau culte raconté par son créateur), un site web chronologique revenant sur les moments marquants de l’électro française (réalisé avec l’aide de Tsugi), ainsi que des soirées et masterclasses organisées en France et autour du monde, de Mexico à Tel Aviv et Hong Kong. Le projet a ainsi démarré avec l’avant-première du film au Rex en février 2017, pour se conclure dans cette même salle en décembre 2019, dans une soirée réunissant Juan Atkins et Boombass.
Julian Starke est l’un des fondateurs de Pain Surprises en 2011, collectif devenu aujourd’hui le label de Jacques, Salut C’est Cool ou Petit Prince. Il démarre le travail sur French Waves en 2013, alors que Félix de Givry, membre de Pain Surprises, obtient un rôle dans le film Eden, de Mia Hansen-Løve, ce qui permet à Starke d’en lire le scénario. Ce film, sorti en 2014, suit un DJ durant les premières heures de la french touch dans les années 90. « En me renseignant d’avantage sur cette époque, je me suis reconnu dans cette démarche collective, assez libre, insouciante, très créative » nous explique le réalisateur. « J’avais envie d’explorer le comment de la création de ce truc-là, qui est devenu énorme alors que ce n’était quelques mecs de 20 ans dans leur home studios qui faisaient de la musique. » Peu à peu, le projet se structure, jusqu’à prendre cette forme transmédia, et amener son auteur dans le monde entier durant presque trois ans de tournage. « On a fait de belles découvertes. Par exemple, lors d’une tournée américaine avec Jacques, on est allés en Argentine et en Uruguay, où on s’est retrouvés à organiser des soirées du jour au lendemain dans des squats. J’ai limite trouvé ça plus excitant que de tourner dans les grandes villes, Paris, Detroit, etc. C’était génial aussi, mais il y avait un côté acquis, on savait qu’il y avait un public, tandis qu’aller défricher ailleurs était excitant. »
Concernant son film, il poursuit : « L’idée était d’explorer les liens qu’il pouvait y avoir entre les différentes générations, entre les artistes qui ont aujourd’hui entre 20 et 30 ans et ceux de la génération d’avant qui ont la quarantaine et plus, qui étaient les pionniers de la musique électronique en France. Je voulais comprendre ce lien de filiation qui existe ou non chez certains artistes, parfois conscient, parfois inconscient, et de voir comment les jeunes ouvrent des portes vers autre chose. Pour faire mes choix, je suis allé rencontrer uniquement des artistes que j’admire. J’ai essayé de les valoriser, de les mettre en avant, de mieux les comprendre et de partager un petit bout de leur démarche artistique. Je n’avais pas du tout envie de faire quelque chose d’historique, de global. C’était plus une démarche personnelle. J’ai voulu voir ce qui était déjà acquis, la presse, le public, les clubs, et comment les jeunes font pour trouver leur place dans tout ça ; mettre en avant les jeunes artistes en les posant sur un pied d’égalité avec des artistes confirmés comme Zdar ou Laurent Garnier. »