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2 avril 2021

D’après vous, combien de fois plus un artiste gagne grâce à Bandcamp que Spotify ?

par Antoine Barsacq

Après les manifestations organisées par le mouvement Justice At Spotify, la plateforme de streaming est sous le feu des critiques pour son modèle de rémunération des artistes. Après la lecture de ce dernier rapport sur l’alternative que représente Bandcamp, on a organisé un match pour savoir laquelle des deux plateformes est concrètement la plus avantageuse pour les artistes et s’il n’y aurait pas des leçons à tirer de ça.

Pour beaucoup, Spotify est le géant emblématique du streaming musical. Avec ses 155 millions d’utilisateurs, son catalogue tentaculaire et ses podcasts à la pelle, Spotify reste néanmoins un colosse aux pieds d’argile, puisque l’entreprise est toujours déficitaire. Pendant ce temps-là, Bandcamp se positionne comme une alternative crédible pour les artistes indépendants ; une startup qui génère du profit et ce depuis bientôt dix ans, si l’on en croit ce rapport publié par Components. Le modèle de la plateforme est très simple et pourtant rudement efficace : les artistes déposent eux-mêmes leur contenu sur la page qu’ils se sont créée, définissent leur propre modalités de vente et les fans viennent y acheter la musique, moyennant un pourcentage des ventes reversé à la plateforme. Spotify, en revanche, est sur un système de rémunération dit « market-centric » et reste axé sur un objectif d’expansion et de monopolisation du marché, d’investissements dépassant encore les bénéfices même 15 ans après sa création (d’où son statut déficitaire), par des deals avantageux pour les majors aux dépens d’une rémunération dérisoire des artistes indépendants.

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Les ventes de l’année 2020 sur Bandcamp

Petit rappel : le modèle de rémunération de Spotify est basé sur un grand pot commun qui est redistribué selon les parts de streams détenues par chaque artiste. Actuellement, le mouvement contestataire Justice at Spotify se bat pour des revenus par stream unique, comme SoundCloud le met maintenant en application. Pourtant, selon une étude, aucun des deux systèmes de rémunération ne serait véritablement viable pour faire vivre les artistes indépendants du streaming (on l’expliquait ici). Face à ce modèle, Bandcamp utilise un système des plus classiques : l’utilisateur achète la musique, qu’il possède ensuite en mp3 ou wav à vie pour l’écouter de manière illimitée. La différence avec iTunes ? Les artistes fixent le prix eux-mêmes, leur page de vente est personnalisable et surtout les fans peuvent faire des dons, s’ils le souhaitent.

Le match des chiffres

Selon une étude, la rémunération moyenne par stream de Spotify est de 0,00348$. En écoutant une chanson disons 300 fois, l’artiste touchera très exactement 1,044$. Sur Bandcamp, le prix moyen d’une chanson achetée en numérique est de 2,40$, sans compter les 15% de commission de la plateforme. En les prenant en compte, votre artiste favori touchera 2,04$, c’est à dire près de deux fois plus que sur Spotify. Plus encore si vous l’achetez lors d’un Bandcamp Friday chaque premier vendredi du mois, lorsque la plateforme cède entièrement sa part à l’artiste.

Bandcamp

Les points au-dessus de 300 000 sont les Bandcamp Fridays

Deux fois plus donc. L’étude de Components le montre : l’avantage de Bandcamp réside dans la flexibilité qu’il laisse aux utilisateurs, aussi bien les artistes que les fans. Ainsi Phoebe Bridgers, en mettant en vente un seul titre de manière limitée dans le temps, avait pu rapporter 178 000$ qu’elle avait reversé à une cause humanitaire. Spotify, au contraire, enferme tous ses utilisateurs dans un même moule qui ne laisse pas la possibilité aux fans d’être généreux et de financer les artistes, en véritables mécènes.

Il faut néanmoins reconnaître que le streaming a en partie résolu la crise de l’industrie musicale, en proposant une voie alternative au téléchargement illégal. Il est d’ailleurs probablement complémentaire de Bandcamp : nombreux sont ceux qui vont écouter un track sur YouTube pour ensuite l’acheter en bonne qualité sur Bandcamp. Le problème réside surtout dans le fait qu’il est devenu le modèle principal de distribution de la musique. Alors comment le rendre viable pour les artistes ?

 

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