Concours : assistez à un ciné-concert filmé en direct à l’Opéra Bastille, et mis en musique par Flavien Berger et Lou Rotzinger
Le concept peut paraître compliqué. Et essayer de tout expliquer dans un titre relève du domaine de l’impossible. Mais il vaut pourtant le détour : le vendredi 27 octobre prochain, un drôle de moyen-métrage, Adieu Bohème, sera tourné au 6ème sous-sol de l’Opéra Bastille à Paris. Le plan séquence sera retransmis en direct dans un des amphithéâtres de l’immense bâtiment, dans lequel se tiendront, prêts à dégainer machines, synthétiseurs et pianos, les musiciens Lou Rotzinger et Flavien Berger. Le duo aura travaillé autour de La Bohème de Puccini, et jouera en live la bande-originale du film. Et pendant ce temps-là, les internautes pourront suivre l’entreprise, toujours en direct, pour trois séances à 20, 21 et 22 heures – Adieu Bohème sera ainsi tourné trois fois. C’est en tout cas le concept du « metacinéma » de Jeanne Frenkel et Cosme Castro : fabriquer un film et le retransmettre en direct sur internet.
Ce n’est pas la première fois que ce duo de réalisateurs, elle par ailleurs graphiste et scénographe, lui comédien, s’essaye à l’exercice : un des clips de Flavien Berger, « Bleu Sous-Marin », a été tourné selon le même principe. Et cela a visiblement plu aux équipes de 3e Scène, la plateforme en ligne de l’Opéra de Paris, sorte d’opéra hors les murs où des créateurs sont invités à décloisonner ces lieux et disciplines artistiques souvent méconnus – c’est dans ce cadre, par exemple, que Vincent Dedienne et Nathalie Baye ont participé à leur poétique court-métrage Médée.
Bonne nouvelle ! Tsugi vous offre des places pour faire partie des quelques privilégiés assistant au ciné-concert de Flavien Berger et Lou Rotzinger. Pour participer, rien de plus simple : envoyez un gentil message à l’adresse [email protected], avec comme objet de mail « Concours Adieu Bohème ». Les gagnants seront tirés au sort. Mais en attendant, Tsugi a discuté avec Jeanne Frenkel et Cosme Castro de cette drôle d’idée mêlant cinéma, musique et technologie.
Comment est né le projet d’Adieu Bohème ?
Jeanne Frenkel : On a été contacté par Opéra de Paris, et on a le choix de travailler à Bastille ou à Garnier. Et après avoir visité ces deux lieux extraordinaires, on s’est plutôt tournés vers l’Opéra Bastille. On s’est inspiré du 6ème sous-sol du bâtiment, là où sont construits et assemblés tous les décors de l’opéra, pour imaginer une histoire.
Pourquoi Bastille plutôt que Garnier ?
Cosme Castro : On a trouvé ces deux endroits dingues, ce sont quand même des monuments historiques hallucinants. Mais on ne voyait pas trop ce qu’on pouvait faire avec l’Opéra Garnier, il existe déjà avec son histoire, avec une scène, un énorme plateau et une architecture sublime. On n’avait pas assez de recul sur le monde de l’opéra en le visitant. Mais on s’est rendu compte en visitant l’Opéra Bastille que c’est un village avec 1500 personnes qui y travaillent, des étages dans tous les sens, un pour les costumes, un autre pour les répétitions, un autre pour les décors… Et puis il y aussi tout un pan administratif, avec l’impression de débarquer dans le film Brazil de Terry Gilliam. On a eu la sensation d’entrer dans une fabrique à rêves, ce à quoi on est très sensible avec Jeanne. On a trouvé ça fou qu’il y ait un endroit à Paris, si énorme, avec autant de personnes qui y travaillent, et qui sont tous là pour créer du spectacle. Et plus particulièrement au 6ème sous-sol : c’est là où naît le rêve, avec les décors, et étape par étape le projet monte les étages pour arriver au spectacle final. On a adoré cet endroit.
A quoi ressemble ce 6ème sous-sol qu’on pourra voir dans Adieu Bohème ?
Jeanne Frenkel : C’est à l’opposé de l’image que l’on se fait de l’opéra. C’est comme un gigantesque hangar très haut de plafond, ultra technologique, avec tout un tas de machines pour faire monter et descendre les décors.
Cosme Castro : On aime bien montrer l’envers du décor justement, l’artifice, ce sont des petits moments de poésie.
Avec, pour la musique, Flavien Berger, qui est un artiste que nous aimons chez Tsugi – il s’est même retrouvé en couv’ de notre numéro 100 pour une interview croisée avec Etienne Daho.
Cosme Castro : Flavien Berger, c’est avec lui qu’on a démarré cette aventure de metacinema. C’est en faisant ce premier projet, le clip de « Bleu Sous-Marin », qui était un rêve depuis pas mal de temps, qu’on s’est rendu compte qu’on voulait faire ça de nos vies. Notre but ultime, c’est de faire une fiction avec de la musique jouée en direct. On a donc naturellement invité Flavien Berger et Lou Rotzinger, deux artistes avec qui on travaille beaucoup. Ce sont deux musiciens complètement différents, avec Flavien Berger d’un côté, qui vient de la scène électronique française, et Lou Rotzinger de l’autre qui est un pianiste et un mélomane, très talentueux. On avait besoin de ces deux forces artistiques, avec le côté électronique et nouvelle génération mélangé à la mélodie et au piano, un instrument qui est plus facilement associé à l’opéra. Ils ont travaillé sur le thème de « La Bohème » de Puccini, une valse, en se demandant ce que pourrait représenter l’opéra pour les gens de notre génération.
Pourquoi garantir trois séances, comme au ciné ?
Cosme Castro : Les « séances virtuelles » sont très importantes pour nous, on avait déjà procédé comme ça pour le clip de « Bleu Sous-Marin ». Ça nous tient à cœur car on garde tout de même les codes du cinéma, en proposant plusieurs séances, plusieurs horaires. On tourne trois fois la même prise du coup. Et, plus tard, on mettra en ligne la meilleure des prises – mais on ne sait pas encore quand, pour nous ça reste important que le film soit lié au direct, à l’éphémère. Aujourd’hui, de moins en moins de jeunes vont au cinéma, on regarde des films sur internet, on les regarde à moitié. Le metacinéma est une proposition parmi plein d’autres pour réponse à ce problème. On invite les spectateurs à regarder un film ensemble, où qu’ils soient sur la planète, mais qui partageront ce moment avec nous, en direct.
Toutes les infos sur Adieu Bohème sont à retrouver sur le site 3e scène de l’Opéra de Paris.