Comment produit-on la BO d’un film porno féministe, expliqué par JB Hanak
La BO signée JB Hanak du long-métrage pornographique Une dernière fois, réalisé par Olympe de G avec Brigitte Lahaie, est disponible en vinyle collector.
Jean-Baptiste Hanak est un artiste multi-casquettes : artiste plasticien, moitié du duo français dDamage (avec son frère), membre du groupe Cobra, instigateur du projet dDash, interprète pour l’ensemble de musique contemporaine Sleaze Art, et bien sûr, compositeur de musique de film. Quelle liste. Quelle carrière. Et celle-ci vient encore s’allonger avec la bande originale qu’il a composé pour le dernier long-métrage porno féministe d’Olympe de G Une dernière fois, sorti en juin dernier, et dans lequel l’actrice porno et icône 70’s de la libération sexuelle Brigitte Lahaie a accepté de tourner, une dernière fois. La BO du long-métrage est disponible en précommande sous la forme d’un vinyle collector. Tsugi est parti à la rencontre de cet artiste pluriel, humain et profondément engagé.
Olympe de G, disciple d’Erika Lust, toutes deux pionnières dans le porno féministe – un genre qui met en valeur les femmes et place leurs désirs au centre de l’acte sexuel tout en ayant les mêmes visées érotiques que la pornographie traditionnelle – aborde dans son film Une dernière fois le droit à mourir dans la dignité, avec Brigitte Lahaie dans le rôle de Salomé, une femme âgée de 69 ans qui va programmer sa mort et, en même temps, la dernière fois qu’elle fera l’amour.
« Pour moi, ce long-métrage, c’est un film d’auteur. Le scénario fait quatre-vingt pages, c’est pas un scénar’ classique de porno. »
Et pour JB Hanak, ce film n’est pas juste un porno : « Pour moi, ce long-métrage, c’est un film d’auteur. En France, on a le CSA qui classera ce film automatiquement pornographique parce qu’on y voit des scènes explicites mais c’est un film d’auteur ; le scénario fait quatre-vingt pages, c’est pas un scénar’ classique de porno : il y a des acteurs, des actrices, des personnages, une histoire, un discours qui est à la fois un discours narratif mais aussi un discours politique avec des prises de position qui vont, à mon sens, bien au-delà du féminisme ».
Et c’est justement bien au-delà du féminisme que se répandent les luttes qu’il mène depuis plusieurs années : « D’une manière globale, c’est un discours anti-exclusion, je suis inscrit dans beaucoup de luttes antidiscriminatoires et depuis très longtemps. De par mon statut de personne civile comme parfois aussi profitant de mon statut d’artiste avec ma petite renommée, l’un ou l’autre, tout est bon à prendre. Je travaille énormément depuis une petite dizaine d’années avec une asso qui s’appelle Goodfellas, qui est représentée par deux jeunes filles extraordinaires, avec qui on monte régulièrement des opérations pour diverses luttes antidiscriminatoires : aussi bien contre l’exclusion des enfants homosexuel.les renié.es par leur famille que contre l’esclavage moderne par le salariat et le patronat, la reconnaissance des personnes transgenres, énormément de choses… »
Avec, d’ailleurs, des initiatives très actuelles qui résonnent avec les événements de ces dernières semaines : « Le dernier truc qu’on a fait était une levée de fonds pour le développement d’une application pour smartphone qui te permet d’avoir accès à un cloud en urgence, automatisé, qui fait que si tu filmes, disons, des violences policières et que par « malchance » ton téléphone tombe par terre, qu’il se retrouve cassé, les images sont immédiatement hébergées sur un cloud bloqué et inaccessible à quiconque sauf à la personne naturellement propriétaire des images ». Bingo.
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Cette force d’engagement, il la partage également avec Olympe de G, la réalisatrice : « C’est une amie de très, très, très longue date, ça fait 20 ans que je la connais. » Une admiration et entente artistique se couplent avec une franche amitié : « Je me reconnais dans ses idées et dans ses combats, j’ai infiniment confiance en elle. On se ressemble elle et moi, on est fait pour bosser ensemble et ça se passe super bien ».
Et forcément, lorsqu’on parle d’entente artistique, on s’est demandé comment fait-on pour composer une bande originale pour un long-métrage porno, féministe, engagé et politique, en bref, pour un film d’une telle charge symbolique ? « Quand j’ai commencé à créer, je me suis retrouvé bien embêté parce que je n’avais pas de base ; enfin, autre que le débat intellectuel. Les points d’appui que j’ai réussi à trouver ont été ma première expérience pour la danse contemporaine, avec Kasper. Ensuite c’est Myriam Gourfink, ça fait 20 ou 25 ans qu’elle travaille sur la lenteur dans le mouvement du corps, puis c’est ce truc qui m’a sauté à la gueule en 2017 : les mouvements avec les ralentis et les macros du film expérimental d’Olympe en 2017. Alors j’y suis allé avec des glissés, de la guitare, de l’archet, de la base préparé ; tu vois, on ne va pas jouer des lignes de basse comme un joueur de rock de funk live, on est dans l’étirement du mouvement, il y a une question de suspense qu’il faut savoir dispenser ».
Le vinyle collector de la BO est disponible à la précommande ici.
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Tracklist :
FACE A
1. Une Premiere Fois – Jb Hanak & Zoé Wolf
2. Salome – Jb Hanak & Cedric Hanak
3. Salome et Jean-Baptiste – Jb Hanak & Cedric Hanak
4. Michael et Sandra – Jb Hanak & Cedric Hanak
5. Sandra et Mickael – Jb Hanak & Cedric Hanak
FACE B
1. Mickael – Jb Hanak
2. Salome et Jerome – Jb Hanak
3. Salome et Sandra – Jb Hanak
4. Fleur Et Max – Jb Hanak & Cedric Hanak